29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    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Odile Cougoule, la simplicité de l’instant

par Marc Lawton
31.10.2025

Odile Cougoule est décédée dans la nuit du 23 au 24 octobre 2025. Elle était l’une de nos rédactrices, pour Cult, pour lequel elle a produit 35 critiques et reportages. Elle aura dédié sa vie à écrire la danse et à écrire sur la danse. Elle s’est éteinte à 75 ans en marquant l’histoire de la discipline. Elle sera enterrée le 4 novembre au Cimetière du Père Lachaise, à Paris.

« Suspendre le cours du temps pour aller vers l’inconnu »

« Suspendre le cours du temps pour aller vers l’inconnu » : c’était, selon Odile, ce qui se passait dans un espace de danse et d’improvisation du 15e arrondissement de Paris, le studio Chandon*. Elle s’y rendait pour voir des « escales », à savoir des présentations de danses et/ou d’improvisations. Elle-même y présenta des solos qu’elle chorégraphiait sur de jeunes danseuses.

Mais « aller vers l’inconnu », c’est aussi embarquer pour le grand voyage dont on ne revient pas, celui qu’elle a entrepris le 24 octobre lorsque la mort est venue la prendre dans son sommeil, chez elle rue de Belleville à Paris, âgée de 75 ans. Beaucoup ont été sous le choc, car nous l’avions croisée il y a un an lors du lancement de Cinédanse, bel ouvrage écrit à 80 mains s’intéressant aux liens entre danse et cinéma dans lequel elle avait écrit des textes sur deux films**. Nous l’avions revue déjà au printemps dans l’exposition photographique « La danse, une histoire de transmission » qu’elle avait organisée avec bonheur dans un petit lieu du 13e arrondissement, le Fil rouge, voisin du centre Mandapa. Hasard ou coïncidence ? Elle avait été invitée au Mandapa en 2005 à présenter Passion recluse, un solo proposé dans le cadre du festival « Solos sans frontières » créé par Éliane Béranger. 

Peu de temps avant sa disparition, elle était venue au Cnd (centre national de la danse) le 26 septembre pour le départ en retraite de son ami Laurent Sébillotte, responsable de la médiathèque et des fonds d’archives. Lors d’un déjeuner commun il y a deux mois chez son ami plus proche Nicolas Villodre (un ancien de la Cinémathèque de la danse qui écrit dans ces colonnes), elle semblait en forme et faisait plus jeune que son âge. La réalité était toute autre, mais elle restait très pudique sur sa santé. Elle souffrait en effet depuis trente ans d’une maladie dégénérative qui finit par l’emporter.

Une vie au service de la danse

Odile Cougoule a dédié sa vie à la danse. La danse sous toutes les formes : d’abord celle du plateau, du concours de Bagnolet où elle reçut un prix en 1976 (catégorie chorégraphie amateur) à ses nombreux solos des années 2000 et 2010, celle des nombreuses prestations qu’elle régla pour ses élèves jeunes ou moins jeunes, jusqu’au au ballet national tunisien qu’elle mit sur pied, missionnée officiellement de 1989 à 1991 et pour lequel elle chorégraphia Histoires d’elles au festival de Carthage. On peut également citer une autre mission au CCN de Haute-Normandie, dirigé à l’époque (1996-98) par François Raffinot, où elle fut chargée de développement et travailla avec les habitants du Havre ou encore mentionner deux opéras comiques pour enfants dont les livrets furent écrits par son amie et voisine Sugeeta Fribourg (décédée en 2016), qui assura aussi leur mise en scène***. 

Mais il y eut aussi l’écriture, à travers d’innombrables articles critiques pour divers magazines spécialisés pendant près de quatre décennies (Pour la danse, Danser, Cult News, Strada, Les Arts de la piste…), résultat de sa formation en 1988-89 à l’école supérieure du journalisme. Cette nouvelle corde à son arc lui permit d’un peu mieux vivre (elle avait donné naissance à sa fille en 1979), mais témoigne surtout de son intérêt d’avoir une réflexion constante sur et autour du mouvement dansé, connaissant bien la frontière entre amateurs et professionnels mais ne les hiérarchisant pas. Passionnée de pédagogie, elle rédigea et dirigea deux ouvrages**** publiés par le Cnd en 2007 et 2022.

Sa curiosité pour les artistes était primordiale (elle militait encore ces dernières années au sein du syndicat Chorégraphes associés), et cela se vérifia également dans l’importante fonction qu’elle occupa de 2007 à 2015 au sein du ministère de la Culture, en tant qu’inspectrice de la création et des enseignements artistiques. Elle effectua des missions en Outremer (Guyane, Guadeloupe et Martinique), inspecta des CCN (par exemple celui de Belfort, dirigé à l’époque par Joanne Leighton) et siégea dans des commissions d’experts danse en DRAC (directions régionales des affaires culturelles) ainsi que dans des jurys de diplôme d’État (DE) au sein de centres habilités. De 2011 à 2015, année de son départ en retraite, elle encadra la captation des prestations de danseurs/danseuses pour la réalisation des dvd du ministère (les fameuses « épreuves de danse »), destinés aux conservatoires et aux centres habilités à la formation au DE de professeur de danse).

Transmission

Odile Cougoule s’impliqua tôt et avec ferveur dans la transmission en danse, tout au long de sa carrière : cours de danse, de composition chorégraphique, ateliers, répétitions, mise en valeur d’élèves, encadrements divers, travail avec le milieu scolaire… se formant même à la rythmique Dalcroze sur le tard. Issue d’une famille berrichonne, elle baigna dans un climat musical (mère institutrice et mélomane) et, par son père, dans les valeurs de Travail et culture (fervent d’éducation populaire, il animait des cours et organisait des camps d’été). Elle rejoignit les Semeuses berruyères, un groupe local de gymnastique artistique fondé en 1946, d’abord sous le nom de « Rayon sportif féminin de Bourges ». Elle s’y entraîna avec sa sœur dès l’âge de cinq ans et, adolescente, y prit des responsabilités de formatrice. Elle suivit également dans sa ville natale l’enseignement de Marie-France Babillot, une adepte de la « danse classique naturelle » de Janine Solane (1912-2006). 

Âgée de 14 ans, elle vit à la maison de la Culture de Bourges la compagnie Merce Cunningham en 1964, lors de sa première tournée en France. Cette structure, faisant partie des premières construites sous l’impulsion du ministre André Malraux, fut de première importance, puisque Odile y vit également les Ballets modernes de Paris de Françoise et Dominique Dupuy. Ces deux compagnies lui firent une très forte impression et la décidèrent de tenter de devenir chorégraphe.

En rébellion contre ses parents, au terme de sa scolarité passée dans le privé, elle monta sur Paris, après leur avoir demandé son émancipation, encore mineure (la majorité était alors fixée à 21 ans). Dans la capitale, vivant de petits boulots, elle découvrit la danse moderne aux RIDC**** tout en enrichissant cette expérience initiale par un cursus pédagogique auprès de Karin Waehner qui la forma de 1970 à 1974 au sein de la Schola Cantorum où elle enseignait la danse moderne. Parallèlement, elle se forma à l’ESEC (école supérieure d’études chorégraphiques, active de 1955 à 1986) dont elle sortit diplômée en chorégraphie et pédagogie en 1975. Mais fascinée par son langage et sa technique, c’est avec Cunningham qu’elle voulait étudier et, malgré sa grossesse, elle partit pour New York pour aller à la source de cet enseignement grâce à une bourse, en 1978-79. 

Devenue parisienne, elle fréquenta dès 1976 les cours (sans doute au centre américain) des postmodern Douglas Dunn, Andy de Groat et Lucinda Childs, tout en entamant des études en sciences de l’éducation (DEUG en 1976) et de psychologie à l’université Paris 8 Vincennes (maîtrise obtenue en 1982). Elle fonda sa propre association en 1980 et dansa dans diverses compagnies, principalement les ballets contemporains de K.Waehner et la compagnie Jean Pomarès, chorégraphe français très « cunninghamien ». Il serait intéressant d’analyser comment ces deux influences (allemande et américaine, issues de courants venus des deux pays ayant inventé la danse moderne et transmises par des figures essentielles) se sont conjuguées dans le travail de chorégraphe d’Odile Cougoule au fil des années. 

Elle devint l’assistante de K.Waehner de 1975 à 1979, tant à Paris qu’à La Rochelle, où Karin avait obtenu le premier poste de professeur de danse contemporaine dans un conservatoire de France. Ses postes (cours et ateliers) se multiplièrent ensuite dans divers établissements d’Ile-de-France et en régions, puis à partir de 1989 (année de la loi sur l’enseignement de la danse), dans des centres de formation habilités. Elle intervint aussi en CFMI (centre de formation de musiciens intervenants), dans les inspections académiques de divers départements ainsi qu’en milieu carcéral.

Nous l’avions rencontrée en 1988 au stage national Danse à l’école, une formation pilotée par Françoise Dupuy (à l’époque mandatée sur l’enseignement de la danse au ministère) et par Marcelle Bonjour, conseillère pédagogique de l’Éducation nationale et future directrice du pôle national Danse au cœur à Chartres. Je me souviens de notre enthousiasme pour cette rencontre de deux mondes : le milieu scolaire (surtout primaire) et la danse contemporaine professionnelle qui se développait si intensément en France dans cette décennie, porteuse de créativité, de projets et  de chantiers à ouvrir. Pendant  trois semaines de stage (un par trimestre, dans des CREPS), deux chorégraphes de renom et de grande qualité nous avaient accompagnés : Odile Duboc et Jackie Taffanel. Odile Cougoule put comme nous poursuivre ce qu’elle avait déjà entamé, à savoir un travail de longue haleine de projets initiés en maternelle ou en élémentaire, munie des outils proposés dans cette formation unique. Une amitié durable se noua entre nous.

 

Une carrière de chorégraphe discrète

Même si elle put ponctuellement se produire avec ses créations au centre Pompidou et au Café de la Danse à Paris, au festival Danse à Aix et aux Rendez-vous chorégraphiques de Sceaux, Odile Cougoule cessa vite de danser sur scène et ne fut pas une chorégraphe de premier plan, se limitant à de petites formes, manquant de moyens et passant dans des lieux moins repérés que ceux bien connus du public de danse, comme le centre Mandapa (Paris 13e, dédié aux arts et cultures du monde), le théâtre présent (Paris 19e, actif de 1972 à 1985) ou l’association culturelle franco-japonaise Tenri (Paris 1er). Préférait-elle ce « nomadisme » à une reconnaissance plus officielle ? C’est l’avis de sa fille Marie Gautier qui signale que sa mère se vit offrir de prendre la direction d’un CCN mais refusa pour rester libre et s’affranchir d’une fonction qu’elle voyait comme pesante et trop politique. 

Certains de ces lieux étaient même confidentiels à l’époque comme le Regard du Cygne (Paris 20e) ou le Studio Chandon, déjà signalé. Mais Odile s’engageait dans ce travail avec passion, ténacité et régularité, notamment quand, dans un souhait de partage et d’intérêt pour l’émergence, elle initia dans le 19e arrondissement la série des lundis de la danse au centre Darius Milhaud ou organisa plus en amont au Palais des Glaces (Paris 11e), là aussi le lundi et pendant une saison, des rendez-vous de danse, le théâtre faisant relâche ce jour-là. 

Elle prit comme thématique récurrente dans ses solos des figures féminines telle Phoolan Devi (intouchable indienne surnommée la « reine des bandits » et incarnée dans le solo Passion recluse, 2005, déjà cité), Arlette Laguiller, Janis Joplin (L’ombre de soi en 2024, vraisemblablement sa dernière pièce), Karen Blixen, Florence Aubenas (Une infinie solitude en 2017), Thérèse de Lisieux (La première extase, 2018), sans oublier des personnages de romans telle Gervaise (tirée de L’assommoir de Zola et dansée dans Gervaise en 2005) et Thérèse Desqueyroux dans le roman éponyme de Mauriac (solo Thérèse ou l’envie d’autre chose en 2017). Quatre d’entre eux furent repris en 2019 dans une série intitulée Solos Vies et dansés à la galerie Mercier (Paris 20e). Odile recrutait des danseuses se lançant tout juste dans une carrière professionnelle ou pédagogique et les repérait notamment dans des jurys de DE dans lesquels elle siégeait ou dans les cours de danse où elle s’entraînait.

Cet éclectisme, cette curiosité constante et cette volonté de faire et de rendre compte est rare, précieuse et, la concernant, peu documentée. Qui sait par exemple qu’elle alla en Inde se former à la danse bharata natyam à New Delhi pendant six mois en 1987-88 et y collabora à deux documentaires pour l’émission de télévision « Faut pas rêver »? Ou qu’elle donnait des conférences à l’université de Nice Sophia Antipolis (aujourd’hui Nice Côte d’Azur), des stages à l’Aria de Robin Renucci en Corse ou organisait encore récemment avec la Chine un colloque sur la pédagogie de la danse ? Elle collabora aussi à la rédaction de plusieurs guides entre 1998 et 2003 et se chargea de plusieurs missions pour des conseils généraux, des DRAC et la DMDTS (aujourd’hui DGCA) au ministère de la Culture. Sa fille envisage de déposer prochainement dans une institution ses archives, ce qui permettra de mieux la connaître. Odile Cougoule elle-même avait prévu un tel dépôt, tout comme de faire réimprimer l’ouvrage Outillage chorégraphique de K.Waehner auquel elle avait anonymement travaillé en amont de sa sortie en 1993 chez Vigot. Le temps lui a hélas manqué.

Quand en 1997, nous entreprîmes, Sylvia Ghibaudo (vidéaste) et nous-mêmes, de coréaliser le film documentaire Karin Waehner, l’empreinte du sensible, elle répondit à notre appel face au décès soudain de la chorégraphe survenu en 1999 et sut attendre que la production ait réuni un budget suffisant pour y participer. On l’y voit interviewer Angelin Preljocaj, Jean Pomarès et la regrettée Lise Brunel (1922-2011), critique de danse. Le film, sorti en 2004 sur la chaîne Mezzo, a permis de laisser une trace de cette grande pionnière souvent ignorée du grand public et des jeunes danseurs. Au tout début, on peut nous y voir brièvement, Odile et nous-mêmes, suivant un cours de Karin à la Schola Cantorum, sans doute en 1997.

À en croire sa fille, la notion de « retraite » agaçait Odile Cougoule, qui œuvrait constamment, même si sa santé l’obligea sur la fin à ralentir ses nombreuses activités. Elle nous confiait regretter d’être quelque peu oubliée, mais préférait être considérée vintage plutôt que has been !

L’été dernier, elle participa comme figurante au tournage de la série télé La Famille, qui se déroulait dans la cour de son immeuble et relatait l’histoire d’une secte à Paris. Elle prit d’évidence un grand plaisir à ce moment, s’impliquant autant dans son organisation qu’en jouant la comédie.

 

Une réspiration

Exigeante dans son regard comme dans ses avis, qu’elle avait parfois très tranchés, Odile Cougoule n’avait pas que des amis, Mais, pour ses ami.e.s qui surent l’apprécier, elle nous manquera. Active dans Cult News dès les débuts de notre journal d’information et de critique fin 2023, elle écrivit plus de 30 articles et participa aux comités de rédaction.

Laissons-lui le mot de la fin. Dans l’ouvrage Le livre d’or – 50 ans de danse et d’arts de l’improvisation au Studio Chandon (2023), on trouve un texte de sa main intitulé : « Escale, faire Escale… Suspendre le cours du temps pour aller vers l’inconnu » :

Les sens en éveil dans cet espace offert à la fois ouvert et protecteur, le Studio Chandon. Découvrir des formes, des pensées, des expressions, se laisser traverser par le monde de l’autre : un luxe. La règle de la rencontre est simple : proposer ou regarder et surtout répondre, moment pour le public nourri de la proposition de l’artiste de s’emparer de l’espace et de témoigner de ce qu’on lui a donné. – de ce qu’il a reçu. Voir et donner à voir se fondent dans cette « réponse » kinesthésique et sensorielle, élabore loin des concepts, surgie dans la simplicité de l’instant. Pour l’artiste, la réponse peut être un instant inquiétant autant que gratifiant. Pour le public, il s’agit juste d’être là, disponible, et de s’abandonner au principe de l’échange.

On grandit sous le regard de l’autre, l’artiste le sait et l’autre est là, face à nous, avec nous dans sa capacité à nous définir par sa propre créativité. Lors de mes passages, les réponses m’ont bousculée. Comment une petite chose élaborée dans le studio du centre social peut résonner avec autant de force ? La force du partage, le collectif… La confiance aussi, car l’humilité traverse ces escales, dépassant le mythe de l’artiste et de son œuvre.

La danse, l’autre, le partage.

Une respiration.

 

Les obsèques d’Odile Cougoule auront lieu mardi 4 novembre au cimetière du Père Lachaise, avec une cérémonie à 13h30 à la coupole du crématorium et l’inhumation à 15h30.

 

Merci pour leur aide à Jean-Marc Adolphe, Éliane Béranger, Amélie Blaustein-Niddam, Élisabeth Disdier, Isabelle Fuchs, Marie Gautier, Pascale Laborie, Micheline Lelièvre, Claude Sorin, Amy Swanson et Nicolas Villodre.

 

Deux articles, contenant des détails sur le parcours d’Odile Cougoule ainsi que la liste de ses pièces, ont précédé celui-ci : 

https://dansercanalhistorique.fr/?q=content/odile-cougoule-1950-2025

https://www.leshumanites-media.com/post/odile-cougoule-visage-de-la-danse

 

Notes : 

*Studio Chandon : espace de danse et de création fondé par Jean-François Lefort en 1973 et situé rue Lecourbe (Paris 15e). Le texte d’O.Cougoule qui clôt notre article provient du livre d’or de ce lieu.

**Ces deux textes figurent dans l’article de J-M Adolphe cité ci-dessus.

***Il s’agit de La chouette enrhumée (d’après Oscar Wilde, créé à la Péniche-Opéra en 1997 (commande d’État) et de  L’esprit de la forêt (reprise de 1993 en 1998 à la Pépinière Opéra). La chorégraphie était d’O.Cougoule et les musiques respectivement de Gérard Condé et Pascal Diez.

****Ces deux ouvrages sont : Enseigner la danse jazz (O.Cougoule dir., Cnd, 2007) avec les contributions de Daniel Housset et Patricia Karagozian et une introduction d’Eliane Seguin, et Pratiquer et enseigner la danse hip-hop (Cnd 2022).

**** Rencontres internationales de danse contemporaine (RIDC) : école réputée créée par F. et D. Dupuy en 1969, toujours active aujourd’hui et longtemps sise au 104 bd de Clichy (Paris 18e). De nombreux danseurs et professeurs de danse moderne y furent formés.

 

Visuels : Portaits :Page instagram d’Odile

Galerie ©Marc Lawton

Archive de danse :©Jean Luc Dugied