Nouveau départ pour les Cahiers du cinéma : la numérisation de l’entièreté de leurs archives

Un renouveau pour la revue cinématographique

Projet faramineux pour les Cahiers du Cinéma, dont Julie Lethiphu a pris la direction générale il y a cinq ans : 820 numéros, une cinquantaine de hors-série et près de 75 000 images ont été numérisés et sont désormais accessibles sur leur site internet flambant neuf. Alors que la revue a failli disparaître il y a cinq ans, la voilà qui a renoué avec l’équilibre financier et qui cherche à « offrir une seconde vie à ces textes et à cette parole qui constituent le plus grand livre de cinéma du monde », confie Julie Lethiphu dans une interview sur France Culture. Pour accéder à plus de 70 ans d’articles, de couvertures iconiques, d’images ou encore d’interviews des Cahiers, un abonnement est disponible en plus de l’abonnement classique, au prix de 95€ pour 6 mois et 174€ pour un an.

La raison principale de cette numérisation : une volonté affichée d’élargir le lectorat des Cahiers. Julie Lethiphu explique en effet chercher à toucher un public plus jeune, grâce à des archives disponibles directement depuis n’importe quel ordinateur ou smartphone, mais espère également aller vers un public international. De fait, sur la page dédiée aux Cahiers du Cinéma sur le site de Google Arts & Culture, leur partenaire dans cette numérisation, on peut retrouver une série de vidéos intitulée « Cahiers intimes » où des réalisateurs tels que Wes Anderson ou Jonas Trueba se prêtent au jeu de présentation des Cahiers. Ainsi, on peut voir le réalisateur d’Asteroid City tout de blanc vêtu, se filmant « authentiquement » au simple moyen d’un téléphone posé devant un miroir, présentant en anglais un numéro des Cahiers du Cinéma pour « soutenir la nouvelle numérisation des archives des Cahiers du Cinéma » et finissant sa vidéo de 2 minutes 20 en disant « voici donc ma publicité pour cette immense revue ». Le réalisateur espagnol, quant à lui, présente en 2 minutes 28 ses quelques numéros favoris de la revue et finit en mentionnant tous ces autres numéros qu’il a « très envie de découvrir grâce à la numérisation en cours, donc merci les Cahiers. Merci, merci merci. ».

Un partenariat ambitieux avec Google Arts & Culture

Pour s’attaquer à ce travail titanesque, les Cahiers du Cinéma ont dû s’associer à Google Arts & Culture, présenté comme un « partenaire solide » par Julie Lethiphu dans une interview à France Info. Elle en parle comme d’un « laboratoire qui soutient aujourd’hui plus de 3000 institutions culturelles dans le monde dans plus de 80 pays » et qui a « proposé les moyens et la technologie » pour s’attaquer à cette numérisation des archives. En effet, cette plateforme, lancée en 2011, permet notamment de faire la visite virtuelle de nombreux musées ou projets à caractère culturel et patrimonial à travers le monde, de visualiser des images liées au monde de l’art en haute définition ou encore de lire de courts articles sur différentes thématiques culturelles. La directrice générale des Cahiers du Cinéma s’empresse d’ajouter que Google Arts & Culture ce « n’est pas Google », mais un laboratoire qui se donne pour mission de « préserver le patrimoine culturel mondial ». « Donc en fait, on était vraiment sur les mêmes objectifs » complète-t-elle, avant de préciser également que « les archives restent la pleine et entière propriété des Cahiers ». En plus de moyens et de technologies pour numériser les archives, Google Arts & Culture a également fourni à la revue une intelligence artificielle les ayant aidé à, toujours d’après les mots de Julie Lethiphu, créer « des résumés automatiques pour chaque numéro, ce qui a permis de générer une sorte de quatrième de couverture pour les archives et pour faciliter leur exploration par les lecteurs ». Ces résumés de chaque numéro sont accessibles gratuitement sur le site des Cahiers du Cinéma ou bien sur celui de l’entreprise américaine.

Sur ce même site internet de Google Arts & Culture, une page entière est dédiée aux Cahiers. Celle-ci est présentée par Julie Lethiphu dans son interview à France Info comme « une vitrine, un petit musée des Cahiers pour nous permettre de faire une première exposition digitale des Cahiers ». Elle mentionne également la présence sur le site d’« une trentaine de petites histoires qui sont autant de portes d’entrées dans l’histoire de la revue et qui permettent à un public qui est peut-être moins cinéphile et plus éloigné du cinéma de découvrir les Cahiers autrement ». En effet, on retrouve un site très complet, paraissant un peu fouillis par moment mais dans lequel on est heureux de se perdre : chaque clic peut nous mener à découvrir une nouvelle couverture des Cahiers, une nouvelle interview, une nouvelle série de petits textes sur les figures pionnières des Cahiers, sur les coulisses des tournages ou encore sur telle ou telle star de cinéma. Sans nécessairement comprendre comment, on peut se retrouver à lire un court article sur les coulisses du film Nouvelle vague de Richard Linklater sorti en 2025 ou bien à lire une interview de Carole Bellaïche, photographe pour les Cahiers depuis 1992.

D’autre part, sur le site internet des Cahiers, on retrouve une exposition numérique très complète également réalisée avec l’aide de Google Arts & Culture et de leur technologie Google Street View. L’exploration de l’exposition peut nous mener à la découverte de plus de mille images dont l’ensemble des couvertures des Cahiers du Cinéma, ainsi qu’une galerie immersive virtuelle traversant les 74 ans d’histoire de la revue.

« L’ambition de ce projet était avant tout de moderniser un titre iconique et le préserver en l’inscrivant définitivement dans l’univers du digital » raconte Julie Lethiphu dans son interview sur France Culture. Mission qui semble en effet réussie.