À La Filature le 19 juin, la chanteuse Noëmi Waysfeld a livré une interprétation incarnée, fidèle et vibrante des chansons de Barbara, portée par les arrangements orchestraux sensibles de Fabien Cali avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Un hommage passionné et maîtrisé, couronné par une standing ovation.
À l’automne dernier, Noëmi Waysfeld et Fabien Cali sortaient chez Sony Music un album d’hommage à Barbara avec un focus sur ses chansons d’amoureuse et une orchestration symphonique que le public a pu entendre notamment à Avignon. Ce 19 juin, c’est avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse, auprès duquel Fabien Cali est en résidence, que Noëmi Waysfeld a su retrouver les accents et les intonations qui font que nous avons chacun.e l’impression que Barbara a composé ses titres spécialement pour nous. Dans sa voix si belle et si différente de l’originale, l’interprète a su transmettre les fragilités, les tensions et aussi les excès de l’âme de Barbara, en lui insufflant son propre timbre, à la fois brûlant et contenu. Les liaisons entre les titres consistaient pratiquement toutes en des partages de citations de Barbara elle-même. Aux côtés de la chanteuse entièrement happée par son rôle, le chef d’orchestre, complice jusqu’à reprendre en duo « La Dame brune », a donné à cette relecture symphonique du fameux piano dont Barbara est la gardienne éternelle, un bouquet de cordes et une utilisation lyrique et poétique de la harpe.
La sélection de chansons revisitées contient pas mal de « tubes » de Barbara, de « Une petite cantate » à « Ma première histoire d’amour » en passant par «L’Aigle noir» et avec, en bis, « Dis, quand reviendras-tu ? ». Mais pas seulement. Le tour de chant proposé par l’orchestre et la cantatrice explore aussi avec subtilité les zones sensibles de l’œuvre de Barbara : la mort de sa mère dans « Mon enfance », la légèreté avec « Au bois de Saint-Amand », le théâtre amoureux avec « Vienne »… Autant de morceaux souvent interprétés a cappella ou dans un dialogue délicat entre la voix et quelques instruments choisis (violoncelle, lyre, xylophone, cordes boisées). Si la soliste et l’orchestre mettent un tout petit temps à s’adapter, dès la deuxième chanson, l’arrangement orchestral épouse la matière vocale sans la dominer, laisse place aux silences, aux failles, à une tension qui ne lâche jamais. « L’Aigle noir » est ainsi d’abord déclamé, puis chanté à voix presque nue…
La soirée s’est conclue sous l’ovation debout d’une salle complètement pleine, signe de la grande émotion du public qui a retrouvé « sa » Barbara dans l’interprétation précautionneuse et si sensible de Noëmi Waysfeld.