Ce vendredi 30 mai, l’inédite CBGB Party rassemblera les fans de rock au Point Éphémère. À cette occasion, nous avons rencontré son organisateur, Nicolas Ullmann.
CBGB, un club ouvert par Hilly Cristal, à ne pas confondre avec Billy Cristal. Leur point commun : New York. Un homme qui a ouvert ce club qui s’appelle CBGB, qui veut dire Country, Bluegrass et Blues. Et en fait, il a tout eu sauf ça, car c’est devenu le club Punk, Underground, Rock, en raison des groupes qui se sont proposés pour jouer là-bas, à l’époque dans East Village, qui n’était encore pas très bien famé, en 1973. Du coup, le tout premier groupe qui a joué là-bas, c’était Television, qui est devenu un groupe culte. On dit aussi des Ramones, avec le CBGB, que c’est un peu l’équivalent des Beatles. Ils sont au CBGB ce que les Ramones sont aux cavernes des Beatles, où ils jouaient tous les soirs dans des caves quand ils étaient en Allemagne. Les Ramones ont dû jouer 76 fois là-bas. C’est pour ça que c’est le groupe qui est le plus relié au CBGB. Évidemment Blondie, Talking Heads aussi, très fidèle au lieu. Willie DeVille, très fidèle au lieu. Et après, comme ça a duré 30 ans, ça a fermé en 2006, les Guns N’ Roses ont joué, les Strokes y ont fait leurs premiers concerts, avant même que le premier album sorte.
Dans l’East Village, ce n’était pas très grand, mais c’était bourré à craquer. Une petite scène et les toilettes derrière. C’est-à-dire qu’on parle autant du lieu, de sa légende et de ses toilettes.
C’est-à-dire que pour aller aux toilettes, c’était derrière la scène. Pendant le concert, on ne pouvait pas y aller. Elles étaient crasseuses, il y avait pleins de graffitis. Il n’y avait pas de verrou.
Je n’ai jamais été malheureusement. J’ai été maintenant à New York, vivre un mois là-bas. J’ai tout de suite voulu aller voir le CBGB. C’est devenu un magasin de vêtements de rockers de luxe, avec des t-shirts à 500 dollars.
Je tente de faire ça, parce qu’à chaque fois, j’aime bien faire des hommages, des tributes, ou célébrer les grandes disparitions comme Bowie, Prince. J’avais mis le CBGB dans ma to-do list, parce que je suis loin d’avoir fait le tour de ce que je voulais célébrer.
Il y a un groupe norvégien qui est assez culte, mais pas connu, qui s’appelle Cavebones. C’est un groupe qui est un peu déguisé. Le chanteur est habillé avec des slips léopard, il est à moitié nu. Son bassiste est habillé en pierre à feu, avec des fausses fourrures. Sa guitariste est habillée un peu comme Emma Peel, un chapeau melon, bottes de cuir, avec une combinaison latex moulante, plutôt que de cuir. Son batteur a une tenue sadomasochiste, avec une cagoule, une fermeture éclaire, on ne voit jamais son visage. Son bassiste est aussi un peu en panthère.
Je me suis dit que j’adorais ce groupe. Je les ai bookés une fois, mais ils ne vont pas ramener le monde, ils ne sont pas connus.
Ils ressemblent un peu aux Cramps, qui étaient un peu déguisés aussi, avec le même genre de musique. Je me suis dit, les Cramps ayant joué au CBGB, je vais faire la soirée autour du CBGB plutôt que du Cavebones. Donc, il y a deux groupes en première partie. Les Cavebones, qui sont ce groupe de norvégiens cultes. La soirée CBGB, où j’ai un backing band, un power trio, une fille, un batteur, un guitariste que j’aime, qui ne se connaissent pas. Ils vont jouer ensemble pour la première fois. On fait une répétition avant, dans un studio toute la journée. Et il y a Yarol Poupaud, Celia Marie Chéri, un groupe qui commence à marcher, qui s’appelle Chéri Chéri, Son Brutal Pop, qui est un artiste aussi qui marche bien, qui fait les premières parties de Shaka Ponk. Il y a Raoul Chichin, guitariste de minuit et fils de Catherine Ringer. Il joue avec sa mère en ce moment. Il y a Victor Mécanique, super artiste. Nathalie Loriot, qui est une super artiste, qui a un groupe qui s’appelle La Fayette.
Les portes s’ouvrent à 19h30. Le live dure jusqu’à 23h avec les trois concerts. Et après, on passe dans la salle d’à côté et on passe des disques, on est cinq DJs. Moi et quatre autres personnes, et on va broder autour du CBGB.
Ça s’appelle CBGB Party.
Non, une seule. Je fais un thème à chaque fois. Et là, c’est au Point éphémère, c’est le nouveau lieu que j’ai pris d’assaut pour faire des soirées une fois par mois.
Il y a un autre invité que je suis fier d’avoir. En ce moment, il est complètement dans l’actualité, parce que Lucas Fox vient d’écrire un livre dont on parle partout. Il a été le fondateur de Motörhead avec Lemmy Kilmister. Et il n’est resté même pas un an dans le groupe, il s’est fait virer parce qu’il devait prendre trop de drogue. Et après, il a monté la première équipe qu’on connaît. Mais il a quand même écrit sa biographie, dont tous les rockers parlent en ce moment, tous les journalistes, parce que c’est quand même le début. Ce sont les années à l’époque, la drogue, les rockers, les rencontres.
Donc, je l’ai invité pour mettre en avant son livre. On pourra peut-être vendre le livre d’ailleurs au merchandising. Et du coup, il vient faire un morceau de batterie avec nous. Il y a aussi Bruno Hadjadj qui a écrit un livre en 2006, le jour de la fermeture du CBGB. Il y raconte la dernière nuit. Il a dit qu’il lui restait quelques exemplaires et qu’il allait les vendre et les signer à la soirée.
Pour moi, c’est très symbolique. J’ai vécu dix ans au Buzz Stadium qui était ma maison. Et le monsieur du CBGB, 30 ans. Déjà, dix ans, c’était intense. Et le jour où ça a fermé, j’ai organisé deux dernières soirées de clôture. J’ai voulu faire le record du plus long live qu’on ait jamais fait. On a fait sept heures de live. Avec plein de guests, plein de musiciens. Et de rencontrer un homme qui me raconte la déchirante dernière nuit du CBGB avec Patti Smith, qui était une des égéries du lieu aussi, qui a été la dernière des chanteuses là-bas, cette connexion avec quelqu’un qui a rencontré un autre lieu culte de New York et nous un lieu culte de Paris. On pleure parce qu’il était là depuis les années 60 quand même. Encore plus longtemps. En fait, c’est pour fêter le rock’n’roll qui est un peu moins à la mode en ce moment, qui commence un peu à fermer parce qu’il y a moins de live. Mais on sera toujours là pour le défendre. Il y aura toujours des fans de rock qui achèteront des vinyles et des cassettes.