C’est un voyage intime et touchant que nous offre le duo de ces deux artistes, Lubaina Himid et Magda Stawarska, accompagnées par le commissaire d’exposition, Omar Kholeif. Ce dialogue qui s’est d’abord créé en duo, puis en trio, s’ouvre au public et résonne dès lors en chacun.e d’entre nous. Au travers de fragments de leurs imaginaires, de voyages, de bateaux ou encore de charrettes, cet entre-deux artistique s’harmonise parfaitement avec l’emplacement et la structure du MUDAM.
Entre compositions sonores, peintures, jeux avec l’extérieur du MUDAM, cette nouvelle exposition qui se tient du 7 mars 2025 au 24 août 2025, est un échange profond entre les deux femmes. Organisée dans une déambulation au rez-de-chaussée du musée, l’exposition propose trois mouvements distincts pour nous faire découvrir ces œuvres.
La première étape nous projette dans un espace épuré où neuf œuvres de Himid sont suspendues et complétées par un système sonore de Stawarska durant de près de 40 minutes : pluies, voies, opéras… cette pièce de prime abord épurée se remplit rapidement d’émotions face à la chorégraphie intime entre les sons et les peintures.
En traversant un peu le bâtiment, on plonge dans la deuxième salle où les figurations de navires mettent tous les imaginaires en mouvement. Les travaux sont mis en valeur et intégrés à une membrane bleue qui parcourt les murs. Ce papier sérigraphié bleu sert de toile de fond à la rencontre des œuvres des deux artistes qui, pour la première fois, se trouvent côte à côte. La métaphore de l’eau parcourt ainsi toute l’exposition et nous transporte vers la lumière finale.
Pour clore cette visite, les artistes ont collaboré avec le MUDAM pour un montage in situ : des chariots repeints et des vidéos de trajets en train nous invitent alors à voyager nous-mêmes.
Le choix du lieu pour cette exposition européenne couplée n’est pas anodin. Le Musée d’Art Contemporain du Luxembourg, perché sur les hauteurs de la deuxième ville de l’Union européenne, offre une vue à couper le souffle qui nous laisse entre terre et ciel. La temporalité s’arrête dans ce musée qui voyage entre ciel et terre.
Ce lieu, à la fois l’origine et la poursuite de l’entre-deux artistique de l’exposition, est à lui-même un navire dans lequel embarquer : structure verrière renforcée par de la pierre, le musée est également une part de ce projet.
Lors de l’installation des œuvres, les artistes ont voulu découvrir au maximum les fenêtres. De fait, depuis l’extérieur ouest du bâtiment, nous pouvons apercevoir un des neuf diptyques de la série Zanzibar : ainsi, la conversation intime entre les œuvres et l’extérieur ne cesse de s’établir et de se compléter.
Pour le grand final, le temps, les espaces et les dialogues s’entremêlent, se diffusent et s’élèvent : les dernières œuvres sont sublimées par la lumière de la verrière et du ciel qui surplombent l’installation. La sortie vers le ciel et vers ce voyage avec nos intérieurs et nos extérieurs est plus que jamais possible grâce à cette capsule temporelle.
La lumière naturelle éclaire ainsi des charrettes, dans lesquelles sont peints des objets sonores (luths, flutes, radios…) qui créent un orchestre indépendant et mobile.
Déjà sur le départ, la médiation nous interroge alors : que vas-tu emporter avec toi ?
visuel : © Camille Zingraff