Ça y est, voila le disque de l’été ! Il est parfait pour bronzer sur la plage ou dans son jardin, avec ou sans polar, et vous transporte sur la côte ouest américaine, quelque part entre Diana Ross et les Beach Boys. Natalie Bergman nous offre un disque pop/R&B qui évoque immédiatement Carole King, période Goffin-King, sans pour autant verser dans le rétro. Et puis il y a cette voix, à la fois acidulée et douce. Écoutons donc de plus près.
Pourtant, Natalie porte un lourd fardeau : la perte de sa mère à 16 ans des suites d’un cancer, celle de son père et de sa belle-mère, tués par un conducteur en état d’ivresse en 2019, et celle de sa tante maternelle, l’actrice Anne Heche, décédée des suites de ses blessures dans un accident de voiture. Elle a été sauvée par une foi profonde en Jésus-Christ et par son frère Eliot, de cinq ans son aîné. Musicien dans l’âme, il l’a entraînée avec lui dans son groupe Nemo, avant qu’ils ne créent ensemble le duo Wild Belle, qui connaît un certain succès. Après un premier album solo, « Mercy », réalisé chez Third Man Records – le label indépendant de Jack White – qui l’a fait connaître, voici « My Home Is Not In This World », réalisé quelques mois après la naissance de son fils.
« Je voulais faire quelque chose d’optimiste tout en remettant en question notre place en tant qu’artistes sur cette planète. Quand nous n’avons pas l’impression d’appartenir, cela fait partie de notre travail de faire de la musique qui invite les gens à entrer », explique-t-elle.
Dès « Lonely Road », on est frappé par la qualité sonore. Les instruments sonnent avec une clarté étonnante et la voix de Natalie, bien qu’intégrée dans l’orchestration, ressort magnifiquement. Le disque a été produit par son frère Eliot et entièrement enregistré en analogique. En fait, il n’y a rien de numérique, et cela s’entend. Elle assure elle-même les secondes voix, enregistrées sur une bande séparée puis ajoutées. Par la composition et les vocaux, on pourrait croire à une production Motown, mais l’orchestration avec violons donne une amplitude supplémentaire au morceau, tandis que la basse sonne comme celle de Carol Kaye pour les Beach Boys.
« Gunslinger » est un savant mélange entre un couplet country-rock et un refrain R&B, et cela fonctionne parfaitement, donnant immanquablement l’envie de danser. On peut poursuivre avec « Dance » et sa basse prédominante à la « Black is Black » des Los Bravos.
« Tu peux avoir un œil vagabond
Et tu peux m’abattre avec ton sourire
Je suis fatiguée de jouer au joker maintenant
Je serai tout pour toi si tu ne me laisses pas tomber » Gunslinger
Les compositions sont ciselées, sans la moindre concession à la facilité. C’est le cas notamment de « Looking for You » qui nous entraîne dans un monde où Otis Redding serait toujours là pour susurrer à notre oreille. C’est magique !
Certes, « Changes » nous fait penser à Lana Del Rey, mais en version réveillée, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Petite mention pour « Song for Arthur », tendre ballade folk et chanson d’amour dédiée à son fils.
Ce disque nous révèle une grande auteure-compositrice-interprète. Même si les textes parlent d’amour et de séparation, ils s’accordent parfaitement avec le côté aérien des compositions et de l’orchestration. Natalie confie : « C’est la musique que j’aime écouter, donc c’est ce que je veux faire entendre. »
Face à la numérisation effrénée dont nous sommes témoins, un mouvement de résistance émerge. Le retour en grâce du disque vinyle – dont les ventes ont dépassé en 2023, en Grande Bretagne, celles de 1990 – alors même que le streaming musical a colonisé notre quotidien, ne s’explique pas uniquement par une qualité sonore supérieure. Nous aspirons à posséder un bel objet tangible, riche en informations, et sommes disposés à débourser 30 euros pour cette expérience. Le phénomène s’étend aux cassettes VHS et aux DVD, tandis que les plateformes de streaming vidéo exercent une emprise croissante sur nos écrans. De même, les ventes d’appareils photo argentiques et de pellicules connaissent un regain, en réaction à la prolifération d’images générées par intelligence artificielle.
Dans l’univers de la création musicale, The Velvet Sundown, formation entièrement conçue par IA, est suivi par plus d’un million de fans sur Spotify. C’est dans ce contexte que Natalie Bergman nous démontre, avec cet album, qu’il demeure possible de créer une musique d’exception, au son irréprochable, sans recourir le moins du monde aux technologies numériques. Le résultat parle de lui-même : cet album respire l’authenticité et la quête d’un autre monde.
Cerise sur le gâteau : elle sera en France au mois de septembre prochain, dont le 30 à La Maroquinerie, pour défendre son nouvel album et vous serez sans doute nombreux à l’applaudir, et ce ne sera pas son hologramme.
Natalie Bergman Lille Tickets, Conservatoire de Lille Sep 26, 2025 | Bandsintown
Natalie Bergman Le Havre Tickets, Le Tetris Sep 27, 2025 | Bandsintown
Natalie Bergman La Roche-sur-Yon Tickets, QUAI M Sep 28, 2025 | Bandsintown
Natalie Bergman Billets | 22,66 € | 30 sept. @ La Maroquinerie, Paris | DICE
Natalie Bergman Lyon Tickets, Le Marché Gare Oct 01, 2025 | Bandsintown
Photos fournies par le service communication de l’artiste