Hier soir, la cérémonie des Molières animée par Caroline Vigneaux, a célébrer les meilleurs spectacles de théâtre présentés en France sur l’année 2024. Dans un contexte tendu pour le monde culturel, marqué par de multiples coupes budgétaires à l’échelle locale comme nationale, la soirée a pris des accents de résistance.
Le verdict du collège électoral, composé de professionnels du milieu théâtral, a salué le théâtre français à la cérémonie des Molières. Deux grands noms de la mise en scène se sont particulièrement distingués cette année : Eric Ruf et Jean-Philippe Daguerre, chacun ayant reçu cinq prix pour leurs pièces.
Dans les catégories du théâtre public, Eric Ruf, metteur en scène et directeur de la Comédie Française, a été largement récompensé pour Le Soulier de satin. La pièce a remporté les Molières du Théâtre public, de la mise en scène dans cette même catégorie, ainsi que ceux de la comédienne attribué à Marina Hands et du comédien dans un second rôle attribué à Laurent Stocker.
Côté théâtre privé, Jean-Philippe Daguerre qui a reçu autant de prix pour Du charbon dans les veines. Le spectacle a reçu les Molières du théâtre privé, de la mise en scène dans un spectacle de théâtre privé, de la comédienne dans un second rôle attribué à Raphaëlle Cambray et de la révélation féminine attribué à Juliette Béhar.
Le lauréat de La Révélation masculine a lui été attribué au jeune comédien Vassili Schneider pour sa prestation dans La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot. De son côté, l’humoriste Paul Mirabel -déjà bien ancré dans le cœur du public- a remporté le Molière de l’Humour pour son spectacle Par Amour.
Le Molière d’honneur a été remis au metteur en scène Thomas Jolly, pour sa direction artistique des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Une distinction qui a suscité des réactions contrastées, notamment du côté des milieux conservateurs, encore marqués par la polémique estivale autour de la scène perçue comme une parodie de la Cène. Mais cette fois, la cérémonie a tranché.
Dans son discours, Thomas Jolly a lancé un appel à la mobilisation : « Aux techniciens, […], aux spectateurs […] qui viennent en nombre, aux politiques qui croient au spectacle vivant comme outil pour faire société, organisons-nous, soyons prêts à en découdre mais surtout, comme ces cérémonies l’ont montré, à recoudre nous recoudre ! ». Un message plus que nécessaire, prononcé à la suite aux appels de la CGT-spectacle ou à l’Appel de Montreuil à la solidarité face aux coupes budgétaires touchant le secteur culturel.
L’humoriste Caroline Vigneaux a également interpellé la ministre de la culture Rachida Dati sur les coupes budgétaires. Sur l’air de Résiste de France Gall, habillée d’une robe blanche, coiffée d’un bonnet phrygien et un sein dénudé : le message est clair. À l’instar de La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix, elle invite chacun et chacune à la résistance : « Bats-toi », « résistez, prenez modèle sur le spectacle vivant », « toujours là », malgré « les coupes budgétaires ».
Invitée dans l’émission C à Vous elle avait auparavant défendu la cérémonie, invitant à la fêter : « Je ne trouve pas ça hyper productif d’attaquer la seule soirée qui met à l’honneur notre art. Beaucoup de gens travaillent malgré tout, même dans les difficultés, même avec les coupes budgétaires […]. Je pense qu’au lieu de la boycotter, il faut au contraire la fêter ».
Visuel : ©J. -L. Fernandez, coll. Comédie-Française (Le Soulier de satin d’Eric Ruf)