Entre départs stratégiques, arrivées spectaculaires et créations de nouveaux formats, la rentrée 2025 s’annonce comme mouvementées pour le paysage audiovisuel. Du JT de France 2 au rachat de RMC-BFM par Rodolphe Saadé, le mercato des médias illustre une recomposition en profondeur, dans le sillage de la récente loi audiovisuelle.
Comme chaque été, le mercato audiovisuel redessine le visage du paysage médiatique français. Mais cette rentrée 2025 se distingue par l’ampleur des mouvements, tant à la télévision qu’à la radio, sur fond de rachats, de nouveaux formats et de rivalités croissantes entre groupes privés et service public.
Le transfert le plus commenté est sans doute celui de Léa Salamé, qui quitte Quelle époque pour prendre les rênes du JT de 20 h de France 2, succédant à Anne-Sophie Lapix. Cette dernière rebondit chez M6, où elle animera de nouveaux magazines d’information, et sur RTL pour des rendez-vous politiques.
La rentrée voit aussi le retour en force du divertissement : Jarry revient sur TF1 avec le quiz The Imposter et une série (Maison de retraite), tandis que Olivier Minne rejoint M6 pour relancer Le Maillon faible et présenter deux nouveaux formats (Pandore et Quel est l’âge de votre cerveau ?).
Sur W9, l’arrivée de Cyril Hanouna fait déjà beaucoup parler : l’animateur controversé de TPMP animera Tout beau tout neuf en access prime time, tout en reprenant le micro sur Fun Radio.
Côté matinales, Télématin se réinvente : Maya Lauqué et Damien Thévenot prennent les commandes en semaine, tandis que Mélanie Tarravant (ex-France 5) rejoint Samuel Ollivier le week-end.
Enfin, l’arrivée de la nouvelle chaîne Novo 19 sur la TNT, avec Claire Arnoux et Claude Askolovitch, promet de bousculer le jeu en installant un talk quotidien dans un paysage déjà saturé.
À France Inter, la rentrée s’annonce comme un big bang. La station met en place une Grande Matinale de quatre heures (7–11 h). Nicolas Demorand assure toujours la première partie, mais laisse plus de place à Sonia Devillers pour un 9–11 h axé sur la société et la culture. Autour d’eux, plusieurs nouvelles têtes : Benjamin Duhamel (interviews politiques), Bertrand Chameroy (chronique humour), Daphné Bürki (rubrique « Nouvelles têtes ») et Nora Hamdani (revue de presse).
France Inter mise aussi sur la musique avec Camille Diao, qui lance Tapage, émission consacrée à la jeune scène française.
France Culture accueille Ariel Wizman pour Une histoire truculente, tandis que Stéphane Bern quitte Europe 1 pour rejoindre le réseau ICI de Radio France avec une chronique quotidienne d’histoire.
Du côté du privé, l’actualité est dominée par le rachat de RMC et BFM par Rodolphe Saadé. Le patron de CMA-CGM confie la direction du groupe à Ramon Fernandez, succédant à Nicolas de Tavernost. Dans la foulée, les grilles ont été largement remodelées :
Sur BFMTV, Dominique Tenza et Perrine Storme reprennent la matinale, pendant que Christophe Delay bascule à la tranche 12–15 h.
Julien Arnaud, ex-Télématin, arrive avec un nouveau rendez-vous d’info de 10 à 12 h.
Nicolas Poincaré prend les commandes de Ligne rouge, un magazine de reportages longs formats.
Paola Puerari rejoint la chaîne pour animer les fins d’après-midi du vendredi et les soirées du samedi.
Côté radio, Pascale de la Tour du Pin signe son retour sur RMC et RMC Story avec une pré-matinale dès 5 h.
Entre transferts d’animateurs, réorganisation des matinales et créations de nouvelles émissions, cette rentrée 2025 confirme une tendance : le marché des visages médiatiques est plus fluide que jamais.
Ces mouvements de visages et de directions ne se résument pas à des choix éditoriaux. Ils interviennent dans un contexte marqué par la récente loi audiovisuelle, qui rebat les cartes entre service public et groupes privés. D’un côté, France Télévisions et Radio France cherchent à renforcer leur attractivité avec des matinales plus longues, plus de culture et de nouveaux formats. De l’autre, les groupes privés, dynamisés par des rachats spectaculaires comme celui de RMC-BFM par Rodolphe Saadé, réorganisent leurs antennes et attirent des figures médiatiques de premier plan.
La question posée par la loi reste la même : comment préserver une pluralité d’offres et garantir une indépendance éditoriale dans un paysage de plus en plus concentré ? Les transferts de cette rentrée sont donc autant de symptômes d’un secteur en mutation, où les équilibres entre information, divertissement et puissance économique se redessinent.
Un jeu de chaises musicales qui ne doit rien au hasard : à deux ans de la présidentielle de 2027, les médias savent que chaque visage compte.
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