Ce dimanche 2 novembre, le musée de la Mode d’Anvers a annoncé le décès de la créatrice belge à l’âge de 67 ans, des suites d’un cancer. Membre des Six d’Anvers, collectif qui a contribué à métamorphoser la mode dans le courant des années 80, elle laisse derrière elle une trace immense.
Ce n’est pas un nom qui parle à tout le monde, il faut bien l’admettre. Parmi ceux de ses illustres camarades, force est de constater qu’il sonne un peu comme un mystère pour le grand public. On peut dire de Marina Yee qu’elle était une femme discrète, certes. Évanescente, surtout.
Elle fait partie de ces pionniers, de cette légende. Celle des Six d’Anvers, celle de ce groupe d’étudiants de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers en Belgique, celle d’une avant-garde partie à l’assaut d’une capitale. C’est en 1986 qu’elle s’en va avec ses camarades, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Dirk Bikkembergs, Dirk Van Saene et Walter Van Beirendonck, pour présenter des créations au British Designer Show de Londres. Ils y imposeront un style, petit à petit, sobre, déstructuré et brut, à contre-fil des tendances européennes chamarrées de l’époque. Vers 1990, le groupe se divise, néanmoins, et chacun de ses jeunes gens poursuit son chemin, pour influer, chacun à leur façon, sur la mode de demain.
Au milieu de tout ce beau monde, Marina Yee, née en 1958 à Anvers, a un parcours spécial. Diplômée en 1981, elle fait ses premiers pas professionnels dans le monde de la mode pour des marques belges comme Gruno & Chardin et Bassetti. Mais c’est en 1986 qu’elle se fait vraiment connaître en lançant sa propre maison de mode, Marie. Puis, forte de cette aventure qu’elle choisit d’arrêter en 1990, elle se tourne vers l’enseignement de la mode : d’abord à l’institut Saint-Luc à Tournai, puis aux beaux-arts à Gand et à La Haye. C’est alors que se dessine le destin de cette femme libre qui souhaite se détacher, au moins un peu, de l’industrie de la mode.
Elle continue de créer cependant, comme styliste pour le compte d’autres marques ou dans son atelier, où elle conçoit notamment des costumes pour le théâtre, fait de la peinture, des collages et des réalisations graphiques en tout genre. Plusieurs années plus tard, elle se décide à revenir, en 2018, moment où elle présente à Tokyo 5 nouveaux designs pour une enseigne de haute couture. Dans la foulée, en 2021, elle lance même une nouvelle marque, intitulée M. Y COLLECTION. Perpétuant encore un peu plus son héritage.En mars 2026, dans un peu moins d’un an, le musée de la Mode d’Anvers consacrera une exposition aux Six d’Anvers pour célébrer les 40 ans de leur histoire. Une manière de mettre en lumière le parcours remarquable de ces créateurs et maintenant, sans doute, une belle excuse pour lui rendre hommage.
Visuel Principal : Marina Yee, Photo : Alex Conu ©
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