Il y a-t-il un lien entre la Rose de Jéricho, qui mettait le deuil sur l’autel de la vie et BALATATA?
Absolument !
Emilie Peluchon, directrice du CDCN La Maison danse est à l’origine de
BALATATA : elle m’a fait la commande d’un bal (conjointement avec Erika Hess, du CCN de Nantes) au sortir de
La rose de Jéricho, avec l’intuition qu’il faillait y retrouver deux personnages et poursuivre la recherche autour d’eux : la maîtresse de cérémonie – que j’incarne – et le musicien / dj, incarné par Gaspard Guilbert.
La rencontre artistique avec Gaspard a été très puissante et la place de sa musique dans La rose de Jéricho est essentielle. Nous travaillons très bien ensemble. L’envie a été immédiate de lui commander des « tubes » sur lesquels danser dans le bal, des « hits » à nous – qui seraient la pâte de la compagnie : notre musique traditionnelle (baptisée Gasparistan), un slow chanté par lui, et l’instrumentale du manifeste du bal.
Aussi, d’un point de vue dramaturgique, je pourrais presque imaginer que La rose de Jéricho se termine là où BALATATA commence. À la fin de La rose de Jéricho, nous convions les spectateurs/rices à nous rejoindre sur le plateau, et à poursuivre la fête de la scène initiale. La fête d’après la tristesse, d’après le deuil, une fête vitale. Avec BALATATA, nous célébrons la joie pure et inouïe de danser toutes et tous ensemble, sans limite d’âge, de corps, de culture, nous faisons de cette fête un objet d’art et d’exutoire.
Que va-t-il se passer à Uzes ? Je crois que le spectacle va déborder un peu de son cadre, n’est-ce pas ?
La fête va se poursuive avec un dj-set jusqu’au bout de la nuit !
Le 3 juin, vous proposez un « Atelier de préparation au bal ». Comment se prépare-t-on à un bal ?
Pour BALATATA, nous travaillons avec un groupe de complices rencontrés en amont sur chacun des lieux. L’idée est de leur transmettre le déroulé du bal, qu’elles et ils en connaissent toutes les étapes et les moments clés afin qu’iels soient des moteurs pendant le jeu, des guides pour tous les autres danseuses/danseurs – spectatrices/spectateurs. Par étape, j’entends certaines danses, états de corps, dynamiques de mouvements.
Qu’est-ce qu’un bal populaire selon vous ?
Un espace de communauté – au sens de société, où l’on célèbre la joie, la puissance, la beauté d’être si nombreux.ses et si différent.e.s. Un lieu où il n’est plus question de « savoir » danser, mais de s’abandonner dans le mouvement avec délectation, porté.e par l’énergie du collectif et la curiosité de rencontrer des cultures différentes. Un moment où nous nous sentons ultra vivant.e.s parce que
lié.es.
Quelles sont les danses qui vous inspirent ?
Toutes les danses m’inspirent : c’est un peu comme les langues, je voudrais les parler toutes ! Comme c’est impossible, et que la maîtrise technique des danses – comme des langues – n’est pas mon fort, je les aborde comme une amatrice au sens propre, noble, du terme : qui aime à, qui cultive, qui recherche. C’est précisément par ce biais que nous proposons de plonger dans les danses dans BALATATA, avec des états de corps plutôt qu’avec des chorégraphies, même si nous guidons aussi du mouvement. J’ai vraiment à cœur que le bal s’adresse à tout le monde, y compris aux personnes qui pensent qu’elles ne savent pas danser. On aborde pleins de styles différents : on commence le bal par une java – l’anti-valse : une danse où il suffit de s’attraper et de se dandiner ! Et on navigue – en situant toujours les ressources : raggaeton, bal trad revisité, kuduro, slow, bouyon, rock, dance… J’en passe, et je garde des surprises 😉
Quel est votre lien avec festival la Maison danse d’Uzes ?
J’ai un lien très fort avec le festival grâce à Emilie Peluchon, qui a commencé à suivre et accompagner mon travail lorsqu’elle était encore à la direction de Danse dense.
Marion Carriau, l’artiste associée à La Maison Danse est l’une de mes collaboratrices les plus importantes, et nous travaillons ensemble depuis des années. Nous avons cocréé et co-interprété
Chêne Centenaire, programmé au festival en 2023. L’année dernière, j’étais présente au festival pour la création
L’Amiral Sénès de Marion Carriau, pour laquelle j’ai conçu la lumière en binôme avec Juliette Romens. Cette année, je participe aussi au Cabaret des Vignerons en tant que performeuse, en plus de la joie de proposer
BALATATA le samedi 7 juin. Bref… une grande histoire <3