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« L’Univers concentrationnaire » de David Rousset : Ensemble de tout ce qui existe de pire

par Julien Coquet
13.12.2024

Les Editions de Minuit sortent en poche l’un des classiques de la littérature des camps, L’Univers concentrationnaire, publié dès 1946 et récipiendaire du prix Renaudot.

La lecture de L’Univers concentrationnaire apporte finalement bien peu d’informations pour comprendre le parcours et la vie même de David Rousset dans les différents camps qu’il a connus, de son arrestation le 12 octobre 1943 à la libération du camp de rassemblement de Wöbbelin le 2 mai 1945. Très éclairante, la préface de l’historienne Annette Wieviorka remet du contexte dans ce texte publié en 1946 aux éditions du Pavois après avoir été écrit en trois semaines.

 

Le texte remporte rapidement un réel succès public, obtenant le Prix Renaudot et se vendant à 160 000 exemplaires. En 1965, le récit rejoint les Éditions de Minuit aux côtés d’autres œuvres sur les camps : Un camp très ordinaire (1959) de Micheline Maurel ou encore Le Convoi du 24 janvier (1965) de Charlotte Delbo. « Le bref essai de David Rousset est en rupture avec tous les autres témoignages, fussent-ils ceux de militants politiques attentifs au système des camps. Son titre d’abord, avec l’invention de l’adjectif « concentrationnaire » qui deviendra un substantif. Il permet de distinguer les camps qui font systèmes, différents d’autres camps comme ceux de prisonniers de guerre, de réfugiés ou d’internement et avance l’idée qu’ils forment un « univers à part, totalement clos, étrange royaume d’une fatalité singulière ». » (A. Wieviorka)

 

« Les camps sont d’inspiration ubuesque. »

Et en ouvrant le livre, on se retrouve soudain pris à la gorge par une langue âpre, parfois difficile à cerner. Comme si la langue des camps ne représentait en réalité qu’une langue propre, per se, un langage parfois incompréhensible pour les non-initiés. Il y a ainsi cette succession de noms propres : Buchenwald, Weser, Porta Westphalica, Neuengamme, etc. ; et cette accumulation de mots en allemand, non traduits et encore moins expliqués : « les Häftlinge », « les Vorarbeiter », « le Revier », etc.

 

Il existe un « univers concentrationnaire » mais chaque camp a ses propres règles et son propre langage. Ce qui lie les quatre camps que connaît l’auteur, c’est avant tout le côté ubuesque et kafkaïen de la chose (« Buchenwald vit sous le signe d’un énorme humour, d’une bouffonnerie tragique. »). L’Univers concentrationnaire cherche à « en saisir les règles et en pénétrer le sens ». De là, une étude presque sociologique de la géographie, des relations de pouvoir (cf. chapitre XIII) entre les SS et les prisonniers, entre les prisonniers, de la violence qui s’abat continuellement, comme une pluie sans fin. Une analyse des règles qui existent, et comment chacun essaye d’en jouer. Très peu d’anecdotes ressortent finalement, et aucun fil narratif (de l’internement à la libération par exemple) ne se dégage.

« Dresser le bilan positif de l’expérience concentrationnaire »

En quelques mots souvent, David Rousset arrive à capter la lumière, comme lorsqu’il fait le portrait de Benjamin Crémieux, au chapitre VIII, qui « passait des heures assis à son banc, le dernier près de la table, les mains jointes derrière la tête, luttant de toute son obstination pour vivre ». Et puis il y a cette fin lumineuse aux accents de leçons de vie spinozistes, « prise de conscience dynamique de la puissance et de la beauté du fait de vivre, en soi, brutal, entièrement dépouillé de toutes les superstructures, de vivre même au travers des pires effondrements ou des plus graves reculs. » Au-delà du tableau des camps, L’Univers concentrationnaire constitue un réel objet littéraire.

L’Univers concentrationnaire, David ROUSSET, Editions de Minuit, 162 pages, 8,50 €

 

Visuel : © Couverture du livre