C’est en plein Artgeneve (24-28 janvier) qu’ouvre la quatrième exposition « XL » du Musée d’Art et d’Histoire de Genève (MAH). Le sulfureux plasticien belge Wim Delvoye profite de la carte blanche qui lui a été livrée pour faire des additions démesurées qui disruptent nos certitudes installées sur les collections, les musées et la valeur de l’art. À voir jusqu’au 16 juin.
Représenté par Perrotin, sulfureux depuis le scandale de ses « cloaca » (machines à caca), l’artiste flamand, né en 1965, a adoré se plonger dans les collections du MAH. Très grand connaisseur d’art classique comme d’art moderne, Delvoye est lui-même un collectionneur patenté : d’art, de numismatique comme d’étiquettes de fromage (on dit « tyrosémiophyle ») et de tableaux de faussaires. Ainsi, c’est avec ces obsessions qu’il investit une vingtaine de salles de l’immense bâtiment principal du musée… et y additionne. Le résultat est une grande addition ou tout se mêle visuellement : les collections du musée mises en scène (par exemple, les estampes carcérales de Piranesi), des œuvres de Delvoye – classiques comme l’une de ses magnifiques cathédrales d’acier tissé comme de la dentelle ou créées « ad hoc » et enfin des œuvres qu’il a choisies (signées Fichli & Weiss ou Gordon Matta-Clark …) ou trahies (Delvoye fait des trous à Warhol !).
Interrogeant sans cesse l’usage des choses par leur détournement (l’étiquette de vache qui rit sur le mur, la voiture ou une pelle tatouée sur chaque millimètre avec une horreur du vide angoissante), Wim Delvoye interroge, par son addition faramineuse, la valeur même des choses quand il crée des étuis farfelus et notamment à instruments anciens. Or, ces étuis peuvent finir par valoir plus que les violons ! La fin de parcours est absolument dingue : dans un grand fracas de circuit, Wim Delvoye propose l’accrochage de son panthéon et troue les œuvres pour y inscrire un circuit de billes.
Game over pour le marché et chapeau bas à l’artiste qui parvient à nous surprendre, à nous proposer de jouer avec l’idée d’ordre pour mieux nous interroger sur nos valeurs.
Visuel (c) Wim Delvoye et Marc-Olivier Wahler, directeur du MAH. DR