Depuis plus d’un mois, une nouvelle fonctionnalité de ChatGPT saisit les internautes du monde entier. Grâce à l’IA, ils génèrent et partagent à une vitesse folle des images au style du célèbre studio d’animation japonais Ghibli. Et ce, sans aucun droit d’auteur ni respect environnemental.
Le phénomène soulève bien des problématiques. Alors que l’IA générative s’empare de l’identité créative de Ghibli au point de surchauffer ses centrales, le studio n’a pas été consulté ni rémunéré. Face à ce manque d’encadrement juridique, les artistes ne peuvent que s’indigner. Quel est donc l’avenir de leur métier ? Vont-ils se faire remplacer par l’IA ? Que vaut leur travail ?
« Je ne vois pas l’intelligence artificielle comme une menace », nous avoue Laetitia Larralde, illustratrice. Pour elle, les logiciels dotés d’IA peuvent être des outils de travail, sans pour autant remplacer l’artiste et son imagination. « C’est une révolution technologique », mais qui reste très dépendante de l’humain. Pour le moment, l’IA n’est pas capable de proposer une identité créative qui lui est propre, elle utilise sa base de données composée de travaux déjà existants. Si elle arrive à reproduire certains styles avec précision, son imagination, elle, n’existe pas (encore).
Ainsi, avec les prouesses technologiques actuelles, le métier de dessinateur ne risque pas de disparaitre. Selon Laetitia Larralde, « il va évoluer, changer de forme » et « les illustrateurs vont s’adapter ».
En revanche, la principale problématique de ce genre de fonctionnalité générative est le manque d’encadrement juridique. Sans prévenir l’artiste, l’IA contourne les droits d’auteur pour subvenir à la demande de l’utilisateur. Le phénomène Ghibli en est un parfait exemple. Si Hayao Miyazaki, cofondateur du studio Ghibli, n’a pas réagi publiquement, il est tout de même question de vol d’identité créative et de propriété intellectuelle. Laetitia Larralde nous a, elle, partagé son point de vue : « si les gens considèrent que le travail des autres est du bien public, ce n’est pas normal ». Des initiatives de protection sont donc à mettre en place de la part d’OpenAI.
Et comment ne pas parler du cataclysme écologique qui en découle ? Plutôt que de redouter le jour où l’IA s’attaquera aux humains, alarmez-vous sur le sort de notre planète ! Le scénario dans lequel les centrales d’OpenAI détruisent notre environnement est bien plus vraisemblable.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, une requête sur ChatGPT équivaut à 10 recherches Google, sachant qu’un milliard de requêtes sont envoyées chaque jour. « La demande mondiale pour l’IA pourrait entraîner un prélèvement de 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau d’ici à 2027, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 4 à 6 fois celle du Danemark ou de la moitié du Royaume-Uni », souligne l’Institut Supérieur de l’Environnement.
Les chiffres parlent pour eux-mêmes, et ils sont affolants. Alors plutôt que de générer des images que l’on oubliera après cinq minutes, faisons plutôt appel aux dessinateurs. Imaginatifs et talentueux pour la plupart, ils sauront faire ce que l’IA ne maîtrise pas encore. Et ce, sans gaspiller des centaines de milliers de litres d’eau. Un crayon suffit, et la planète nous dira merci.
Visuel : © Greenpeace