Du 6 au 11 février 2025, Paris devient le centre névralgique de l’intelligence artificielle avec une série d’événements dédiés à cette révolution technologique. Entre colloques scientifiques, expositions artistiques et discussions stratégiques, cette semaine ambitionne d’affirmer la place de la France et de l’Europe dans un écosystème dominé par les États-Unis et la Chine.
Le Sommet mondial pour l’Action sur l’IA, organisé les 10 et 11 février au Grand Palais, constitue le point culminant de cette mobilisation. Emmanuel Macron, en partenariat avec le Premier ministre indien Narendra Modi, souhaite positionner la France comme un acteur clé dans la définition des normes internationales et la régulation de l’IA. L’Élysée prévoit d’y annoncer la création d’une Fondation pour l’IA destinée à soutenir une intelligence artificielle éthique et accessible. Un partenariat mondial regroupant près de 50 pays devrait également être instauré pour poser un cadre commun.
Parmi les invités de marque figurent Sam Altman (OpenAI), Sundar Pichai (Google), des représentants du gouvernement américain ainsi que des leaders chinois du secteur, démontrant l’ampleur des enjeux économiques et politiques de l’IA.
L’intelligence artificielle (IA) transforme le paysage culturel, suscitant autant d’enthousiasme que d’inquiétudes. Elle ouvre des perspectives inédites en matière de création, tout en soulevant des questions éthiques et professionnelles.
Un exemple marquant de son potentiel créatif est La vie quand t’ai mort de Raphaël Frydman, lauréat du grand prix de l’Artefact AI Film Festival en 2024. Cette comédie aux tons pastel, inspirée de l’univers de Wes Anderson, illustre comment l’IA générative peut enrichir la narration cinématographique.
De même, des projets comme Txikito, qui utilise l’IA et la réalité augmentée pour préserver les danses traditionnelles basques, montrent comment la technologie peut valoriser le patrimoine culturel. Des chatbots comme Ask Mona facilitent aussi l’accès aux œuvres et expositions en proposant des recommandations personnalisées.
Toutefois, l’essor de l’IA dans la culture suscite des préoccupations. Dans l’industrie musicale, certains artistes redoutent d’être remplacés par des outils d’IA générative, comme l’a souligné Emmanuel Legrand lors du MaMA 2024. En Pologne, une radio ayant remplacé ses animateurs par des avatars d’IA a dû faire marche arrière face aux critiques. Ces exemples montrent les tensions entre innovation et préservation des métiers artistiques.
La semaine s’ouvre les 6 et 7 février avec la conférence scientifique internationale AI, Science and Society : Connexions, Collectifs et Collaborations, organisée par l’Institut Polytechnique de Paris. Des chercheurs de renom, dont plusieurs lauréats du prix Nobel, échangeront sur l’impact de l’IA sur la recherche et nos sociétés.
Les 8 et 9 février, le Week-end culturel de l’IA permettra au grand public de découvrir les multiples facettes de cette technologie à travers des expositions, débats et ateliers.
À la Bibliothèque nationale de France, des conférences exploreront son influence sur les droits d’auteur, les musées, le journalisme et l’audiovisuel. Une attention particulière sera portée à l’IA générative et à son impact sur la création artistique.
À 16h30, l’accent sera mis sur l’IA dans les musées. Grâce à son immense capacité de traitement des données, elle facilite l’accès aux collections et rend les expositions plus interactives et accessibles à tous. Plusieurs experts, dont Marion Carré et Marcella Lista, évoqueront les nouvelles opportunités qu’offre cette technologie aux institutions culturelles.
En fin de journée, à 17h45, la mini-série « Prompt » diffusée sur Arte sera mise à l’honneur. Cette création originale, qui explore avec humour et questionnement les interactions entre humains et IA, a suscité de nombreuses réactions dans le milieu audiovisuel. Les créateurs de la série reviendront sur son élaboration et les débats qu’elle a provoqués.
Côté expositions, le public pourra découvrir « Deep Diving » de Ruben Fro, une œuvre numérique fascinante qui plonge au cœur de la circulation des savoirs à la BnF. Une borne conversationnelle développée par TV5Monde permettra d’échanger avec des figures historiques recréées grâce à l’IA. Enfin, l’exposition « Intelligence artificielle : une (R)évolution ? » présentera une sélection de dessins de presse issus du monde entier pour illustrer les débats que suscite l’IA.
Le 9 février, la Conciergerie accueillera Machina Sapiens, une exposition immersive interrogeant l’IA à travers le prisme de l’art contemporain.
Au-delà des discussions, ce sommet devrait déboucher sur des annonces majeures. La France souhaite mobiliser 2,5 milliards d’euros sur cinq ans pour soutenir l’innovation, dont 500 millions dès 2025. L’objectif est de favoriser l’émergence d’acteurs européens capables de rivaliser avec les géants américains et chinois. Les investissements porteront sur des infrastructures stratégiques comme les datacenters et la mise à disposition de bases de données en open source.
Alors que l’IA s’impose comme un levier incontournable dans des domaines aussi variés que la santé, la culture et l’industrie, cette semaine d’échanges pourrait bien façonner les politiques et orientations technologiques des prochaines années. Une occasion unique de définir un avenir où l’Europe joue un rôle central dans l’intelligence artificielle.
Visuel : © Angélina Zarader, assistée de ChatGPT