La compagnie Les Filles de Simone présente leur cinquième projet, Les Subversives, et invite son public à aller à la rencontre de trois collectifs non-mixtes à travers l’histoire. Forme particulièrement pédagogique, ce spectacle d’une heure, présenté au théâtre 11, présente un intérêt éducatif certain, que l’on ait 7 ou 77 ans.
« Forme itinéraire pour lieux non dédiés », ce spectacle cherche des espaces pour faire émerger celles qui ont dû s’en créer pour exister : la communauté WomanShare collective composée de femmes lesbiennes dans l’Oregon des années 1970, la maison des Babayagas – cet habitat collectif autogéré pour femmes âgées à Montreuil fondée par Thérèse Clerc -, ou encore les Béguines au Moyen-Âge.
Complices et malicieuses, les deux comédiennes (Tiphaine Gentilleau et Cécile Guérin) réussissent à créer ces différents espaces et à insuffler au public un esprit de communion, au moins pour l’heure qui les réunit. Vêtues de salopettes, elles enfilent des chemises à carreaux et nous voilà transporté·es dans les États-Unis des seventies.
Installé·es en cercle, comme dans une assemblée collective, les spectateurices sont comme les nouvelles venues de cette communauté de lesbiennes à qui elles distribuent des badges, expliquent le fonctionnement et les aspects de cette vie en cercle choisi. Sortant parfois de leurs personnages, elles nous montrent des photos, des documents d’archives, des plans. Elles exposent la modernité de ces femmes qui, en profond accord avec la nature, ont su fonder un monde à elles, pour elles.
On découvre ces oubliées à travers des histoires triviales – d’un clou à une tronçonneuse en passant par une soupe de courges – mais qui disent tout de la singularité de ces frondeuses. Une singularité que l’on retrouve à l’origine de la maison des Babayagas (et dans le discours de Thérèse Clerc qu’elles nous font le plaisir de prononcer), et enfin chez les Béguines du Moyen-Âge.
D’utilité publique, Les Subversives est néanmoins peut-être un peu trop didactique. Au point d’oublier d’exposer dans sa forme la subversion qu’elle prône, proposant une alternance de saynètes et d’explications, d’expositions d’archives ou de quizz un peu sages. Cela relève peut-être de son adresse majoritaire pour les scolaires. On espère que ces trois communautés seront un jour plus fouillées dans des formes plus fleuves pour appuyer l’ampleur politique révolutionnaire de ces femmes, car cette compagnie a mis le doigt sur un trésor qu’il faut ériger en pierre fondamentale de notre société.
(c) Nicolas Hennette