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Les méthodes controversées d’Hélène Zidi au Laboratoire de l’acteur : entre humiliations et violences

par Sarah Lakhal
10.07.2025

Au Laboratoire de l’acteur, prestigieuse école de théâtre parisienne, plusieurs anciens et anciennes élèves dénoncent une méthode pédagogique brutale mêlant humiliations, violences sexistes et stéréotypes racistes. Témoignages accablants et blessures profondes d’une formation qui laisse des traces durables.

La parole s’est libérée — et elle accuse lourdement Hélène Zidi, actuellement en représentation avec sa fille Lola au Festival Off d’Avignon. Ce lundi 7 juillet, Libération publie une enquête sur le Laboratoire de l’acteur, école de théâtre réputée et fondée par la metteuse en scène, fille du cinéaste Claude Zidi. Une école de prestige, censée ouvrir les portes du théâtre ou du cinéma — mais à quel prix ? Une vingtaine de témoignages sont réunis, dénonçant plusieurs formes de violences psychologiques subies entre racisme, misogynie et grossophobie.

 

Jouer vrai… quitte à briser

 

Le Laboratoire de l’acteur a vu défiler plusieurs étoiles montantes du cinéma français : Tahar Rahim, Doria Tillier, Aïssa Maïga, Raphaël Quenard ou encore Alexis Manenti. Ce palmarès a de quoi faire rêver, et pousse de nombreux jeunes comédiens à suivre le même chemin. « Ils vendaient un peu du rêve sur leur site » explique Elise (nom d’emprunt), une ex-élève de 2019 à 2022 aujourd’hui âgée de 25 ans que nous avons rencontré.

 

Mais derrière cet éclat, plusieurs anciens élèves décrivent une méthode pédagogique brutale, orchestrée par Hélène Zidi, qu’ils considéraient d’abord comme une figure de confiance.

 

Pour faire émerger ce qu’elle appelle des « émotions vraies », Hélène Zidi encourage — ou plutôt pousse — ses élèves à puiser dans leurs histoires personnelles les plus intimes, avant de les exposer devant toute la classe. Une rupture amoureuse, une agression, un deuil : tout peut devenir « matière de jeu » une fois confié… puis rejoué. Une méthode qu’Olga (nom d’emprunt) décrit à Libération comme « un moyen de s’immiscer dans l’intime de l’autre pour créer un lien et une forme de domination ». Certaines scènes font ressurgir de véritables traumatismes. Lors d’un exercice imposé, une élève est incapable de poursuivre une séquence au cours de laquelle son camarade doit lui toucher la poitrine. Elle fond en larmes lorsque Hélène Zidi lui demande si elle a déjà été victime d’une agression. Une actrice de 30 ans, interrogée dans le cadre de l’enquête, confie : « Elle ne nous questionne pas sur notre consentement, mais on le fait parce qu’elle est comme notre gourou, on est dans la peur. ».

 

Dans son témoignage à Cult.News, Elise évoque une scène marquante : « Elle se moquait de moi devant les autres, disait que je ne comprenais rien, que ça faisait deux ans que j’étais là pour rien. Elle a continué comme ça pendant dix minutes. Et quand j’ai craqué, quand j’ai pleuré, elle a dit : “Voilà, une vraie émotion. Maintenant tu peux jouer.” » Une méthode fondée sur l’humiliation, où la douleur devient matière première.

 

Le sexisme, banal et omniprésent

 

Parmi les témoignages recueillis par Libération, beaucoup pointent un traitement plus dur à l’égard des comédiennes, quand leurs homologues masculins sont, eux, souvent valorisés. Le corps des femmes devient un véritable instrument de jeu, souvent exposé de manière intime, voire sexualisé. Une élève incarne une mère prostituée contrainte d’effectuer une fellation. Une autre doit se présenter à la caméra en se grattant les parties intimes. Dans une scène de violences conjugales, une comédienne se fait réellement gifler par son partenaire, sous les yeux de la classe. Tout semble prétexte à humilier les femmes sur scène.

 

En dehors des exercices, les remarques sexistes se multiplient, souvent sous couvert d’humour : des commentaires sur le physique, sur le poids, sur l’allure. Pour certaines, ces mots s’accumulent et renforcent un profond malaise. « J’étais en shorty pour une scène, elle m’a regardée et a dit devant toute la classe : “T’as un très beau cul.” » nous confie Elise. Cela ne se limite pas aux scènes : plusieurs actrices racontent avoir essuyé des remarques sur leur poids. À l’une d’elles, Hélène Zidi aurait lancé : « Il faut que tu te ressaisisses, tu ne veux quand même pas jouer des rôles de grosse ».

 

Dans un enregistrement audio — mentionné dans l’enquête de nos confrères — que nous avons pu consulter, Hélène Zidi exprime une certaine « confusion » à l’égard du mouvement #MeToo : « On est dans une période où, avec les hashtags machin… il faut faire attention. On peut vite condamner des gens, […] devenir le bourreau de quelqu’un qui, finalement, n’a rien fait de mal, sinon d’être maladroit. »

 

Pour contexte, une ancienne élève raconte son malaise à devoir jouer une scène devant un photographe d’une quarantaine d’années, décrit comme un ancien élève qui, bien qu’ayant été écarté, serait revenu à l’école sans que les élèves en soient informés. Elle relate également une attitude déplacée de cet homme envers elle pendant ses années au Laboratoire, notamment des demandes d’affection non souhaitées. Hélène Zidi, quant à elle, tient des propos alimentant la culture du viol : « Moi, à l’époque, quand on parlait d’attouchement, c’était un doigt dans le vagin. »

 

Quand le rêve devient cauchemar

 

Les violences psychologiques perpétrées au sein de l’école ne se limitent pas au sexisme ou à la grossophobie, elles prennent aussi la forme d’un racisme décomplexé, où les élèves racisés sont souvent cantonnés à des rôles stéréotypés et réduits à des clichés. Ainsi, certains se retrouvent à incarner une nourrice immigrée insultée par une bourgeoise riche, une sans-papier, des personnages arrêtés par la police, ou encore un jeune arabe joué en poseur de bombe dans le métro.

 

Derrière l’image d’une école de prestige censée former les talents de demain, nombreux sont ceux qui repartent avec des blessures profondes. Plusieurs élèves n’ont pas pu aller au bout du cycle de trois ans, épuisés, brisés, ou dégoûtés par les méthodes imposées. À la place d’une progression artistique, certains disent n’avoir retenu que l’humiliation, la peur, et parfois même un sentiment de dévalorisation durable. « Aujourd’hui, je ne fais plus du tout de théâtre. Après cette expérience, j’ai fait une dépression, j’ai pris des antidépresseurs… Je pense que je suis incapable de remonter sur scène », livre Elise. Pour elle, cette école a marqué un point de rupture, autant personnel qu’artistique. Plus loin, elle ajoute : « J’aimerais que cette école ferme, qu’il n’y ait plus d’autres jeunes comédiennes pleines de rêves qui perdent espoir à cause d’écoles comme ça. »

 

Si Hélène Zidi reste au cœur des critiques, certains témoignages pointent aussi des propos jugés problématiques de la part de sa fille, Lola Zidi, ancienne élève devenue coach au sein de l’école. Toutes deux sont actuellement à l’affiche du festival Off d’Avignon, avec leur spectacle Anatomie d’une actrice.

 

Sollicitée par Libération, Hélène Zidi n’a à ce jour pas donné suite et ne s’est pas exprimée sur le sujet.

Visuel : © Wikipedia