Dans le cadre de la saison France-Brésil qui commence ce mois d’avril, les Franciscaines de Deauville permettent de revisiter 50 ans de travail du photographe Sebastião Salgado, à travers les collections de la Maison Européenne de la Photographie.
Placée sous le commissariat de Pascal Hoël, responsable des collections de la Maison Européenne de la Photographie qui soutient le photographe depuis les années 1980 et scénographiée selon un grand cheminement qui traverse les temps, l’exposition permet littéralement d’entrer dans l’œuvre de Sebastião Salgado. Sous les lumières douces et dans les pierres anciennes d’un lieu qui a été tour à tour orphelinat, théâtre, école et puis couvent et qui est désormais l’épicentre de la vie culturelle deauvillaise, les visiteurs et les visiteuses remontent aux années 1970 et à la série Autres Amériques, avant de faire face aux clichés des années 1980 dédiés à la famine et aux exils africains.
Dans l’argentique somptueux de Salgado, dans des formats grands mais à taille humaine et qui nous saisissent juste à notre hauteur, nous faisons deux fois le tour du monde avec Sebastião – et Lélia Wanick – Salgado. D’abord pour en embrasser la route des exilés et des déplacés ou faire face aux portraits de travailleurs-marturs, dans les mines d’or de la Serra Palada, auprès des puits de pétrole du Koweit ou bien dans des trains dangereusement débordés en Inde. Et puis ensuite avec Genesis, pour embrasser les paysages les plus somptueux qu’on a envie de chérir et protéger, à l’image de l’Insituto Terra que le couple a créé pour reboiser la Forêt Atlantique.
A sillonner le parcours de cette exposition si riche et néanmoins tellement à notre portée, l’on comprend mieux comment une partie de l’œuvre répond -quasiment de manière musicale- à l’autre. On s’immerge aussi bien que dans le film Le Sel de la terre de Wim Wenders (qui a été projeté le 30 mars) dans une œuvre totale et où néanmoins chaque visage mais aussi chaque paysage nous touche intimement.
Une exposition à voir jusqu’au premier juin, donc, sans manquer les nombreux évènements qu’organisent Les Franciscaines, notamment une conférence sur Levi-Strauss par sa fille du 22 au 25 juin et un Bal Brésilien (Baile Bom) dans l’après-midi du Samedi 17 mai.
Visuels :
Visuel in situ.
Sebastião Salgado – Mine d’or de Serra Pelada, État de Pará, Brésil, 1986Collection MEP, Paris. © Sebastião Salgado
Sebastião Salgado – Manchots à jugulaire sur un iceberg, Îles Sandwich du Sud, 2009Collection MEP, Paris. Don de Sebastião Salgado et Lélia Wanick Salgado en 2018 © Sebastião Salgado
Sebastião Salgado – Les femmes zo’é se teignent le corps avec un fruit rouge, l’urucum ou roucou, village de Towari Ypy, État de Pará, Brésil, 2009 Collection MEP, Paris. Don de Sebastião Salgado et Lélia Wanick Salgado en 2018 © Sebastião Salgado