Les Français vont-ils encore au théâtre ? l’ASTP et Médiamétrie répondent

La presse était réunie ce mercredi 18 juin pour la présentation de la quatrième édition du baromètre de l’ASTP (Association pour le Soutien du Théâtre Privé) et de Médiamétrie sur les Français et le théâtre. Dans le petit salon du théâtre des Bouffes Parisiens, c’est avec un grand sourire aux lèvres que David Roussel et Anne-Claire Gourbier, respectivement président et directrice générale de l’association, nous annoncent les résultats de leur enquête : le théâtre français va bien !

Le chiffre clé : 22% des Français de 15 à 80 ans se sont rendus au théâtre au moins une fois au cours des douze derniers mois. Cela fait du théâtre la deuxième sortie culturelle en France, après les concerts et festivals. En plus de cela, le public des théâtres se montre assidu : on compte 6,3 représentations vues en moyenne par les spectateurs de théâtre au cours des 12 derniers mois.

Un public qui tend à se rajeunir

Ce nombre de représentations vues en moyenne par les spectateurs de théâtre au cours des 12 derniers mois augmente pour les 15-34 ans, atteignant 7,8 représentations visionnées. Une statistique relativement étonnante, mais fort réconfortante ! L’âge moyen des spectateurs est de 40,5 ans (contre un âge moyen des Français de 15 à 80 ans de 47 ans), et 47% des spectateurs ont en dessous de 35 ans. Des statistiques que David Roussel explique en partie avec la montée de jeunes créateurs qui touchent plus facilement un public de leur génération, notamment grâce à l’exploitation sans gêne ni peur de sujets d’actualité parfois sensibles tels les migrations ou les guerres. Le président de l’association va même jusqu’à parler d’une « prise de pouvoir » d’une jeune génération, tant sur les sujets abordés que sur les manières de construire les spectacles, voire même sur les façons d’en faire la publicité. On voit en effet dans l’étude que pour la première fois, les réseaux sociaux sont la manière la plus populaire de prendre connaissance des spectacles à l’affiche (37% des sondés), or ils représentent un média efficace pour une communication de jeune à jeune – de jeune créateur à jeune spectateur. Une autre explication avancée par David Roussel pour ce succès du théâtre auprès des jeunes est le dispositif des places jeunes à 10€ mis en place récemment avec l’aide de la Ville de Paris et qui a permis à plus de 110 000 places d’être commercialisées dans les théâtres adhérents de l’ASTP.

Un public qui reste relativement parisien et bourgeois

On trouve tout de même dans les profils des spectateurs de théâtre une surreprésentation des CSP+ (43% contre 32% dans la population française) et des parisiens (28% issus de l’agglomération parisienne contre 17% dans la population française). Notons tout de même que leur surreprésentation est en légère baisse par rapport à l’année précédente : 29% des CSP+ ont été des spectateurs de théâtre au cours des douze derniers mois contre 33% en 2024, et 47% des Parisiens ont assisté à une représentation théâtrale dans l’année contre 55% en 2024. De quoi laisser un peu plus de place dans les salles aux franciliens et aux habitants de banlieue dont le pourcentage, cette fois, augmente : 38% de franciliens et 32% d’habitants de banlieue ont assisté à une pièce de théâtre au cours des douze derniers mois (respectivement + 6 points et +5 points par rapport à 2023).

Quelles suites pour les théâtres ?

Une des missions de l’ASTP, en plus de proposer des aides économiques aux théâtres privés, est d’accorder un accompagnement transversal aux salles, notamment grâce aux différentes études que l’association mène chaque année. Cette étude-ci donne donc plusieurs indications sur les incitations et les freins à la sortie au théâtre, sur les manières dont les gens s’informent sur le théâtre et sur le regard plus général que portent les Français sur l’art dramatique, afin d’aider les théâtres à s’adapter à leur public.

On apprend notamment que les raisons motrices de la sortie au théâtre sont le goût des représentations en salle, la volonté de découvrir de nouvelles pièces, ou encore l’envie de profiter d’un moment avec un⋅e proche. À l’inverse, les freins les plus cités sont le prix trop élevé des places, la perte d’habitude, le manque de temps ou encore le fait de ne pas vouloir s’y rendre seul⋅e. Cette question de l’accompagnement se révèle cruciale : 93% des sondés disent aller au théâtre accompagnés. Les salles ont donc entre autre comme enjeu de faire venir les gens à plusieurs, car la solitude décourage facilement de la sortie au théâtre.

On découvre également que les manières dont les gens s’informent sur le théâtre ont évolué. Nous avons mentionné que les réseaux sociaux étaient arrivés pour la première fois en tête – relativement bonne nouvelle pour les théâtres, estime David Roussel, puisque cela est un moyen économique de communication, même pour les plus petites salles. Le bouche-à-oreille se trouve en deuxième place (33%), et la télévision prend la dernière marche du podium (31%). Les modes de communication les moins populaires, quant à eux, sont les CSE et les newsletters. Ces chiffres peuvent être liés au rajeunissement du public dans les salles : les jeunes passent plus de temps sur les réseaux sociaux, et en revanche ont moins l’habitude de consulter les médias traditionnels, tous en baisse dans les moyens de prendre connaissance des spectacles à l’affiche (13 points de moins qu’en 2023 pour la télévision, 7 points de moins qu’en 2023 pour la radio et 8 points de moins qu’en 2023 pour la presse écrite).

L’étude nous montre donc que les théâtres français connaissent globalement une très bonne fréquentation depuis le covid-19 : avec la ré-ouverture des salles, de plus en plus de personnes se rendent au spectacle. En plus de cela, 61% des sondés disent vouloir aller au théâtre davantage – de quoi nous laisser espérer des résultats d’autant plus positifs l’année prochaine, au moment de la parution de la 5ème édition de cette enquête annuelle.