Une séance qui a déclenché les fou-rires à l’occasion de la 12ᵉ édition du Festival du film franco-arabe du 12 au 28 novembre. Le film a été projeté en présence de l’une des actrices principales qui a profité de l’échange avec les spectateurs pour rappeler le climat de tension préoccupant au Moyen-Orient.
Après plusieurs années d’éloignement, quatre sœurs sont réunies dans la maison familiale pour retrouver leur père qui a disparu. Les retrouvailles sont explosives, surtout dans le petit quartier de Jordanie où chacun épie son voisin et plus encore sa voisine, puisque le patriarcat gouverne les destinées et érige les valeurs virginales de cette société en code d’honneur.
Le cinéaste s’appuie sur sa propre histoire familiale pour livrer sa version romanesque de la victoire des femmes sur les violences banales qui entravent leur existence à chaque instant. À partir des souvenirs de ses tantes et de leur oppression dont il a été témoin, il a construit une galerie de personnages stéréotypés. Bimbo botoxée, bobo-intello exilée à Dubaï, religieuse radicale ou vieille fille, chacune à sa manière, a tenté d’échapper à ce joug social, implacable avec les velléités féminines.
Pour cela, il a reconstitué comme un petit théâtre composé de maisons entrelacées dans un quartier où la promiscuité régit les relations sociales. Chacun montre du doigt le voisin pour détourner l’attention de son propre mensonge. La tentation des mauvaises langues et la violence des non-dits donnent l’occasion rêvée de renverser les humiliations à coups d’empoignade.
Effusions de sentiments, règlements de comptes, et tapages nocturnes explosent dans des dialogues croustillants pas toujours fleuris, mais très drôles. Leur sororité permettra-t-elle de dépasser les clivages pour unir leurs révoltes ? Au-delà des différences de parcours, le cinéaste donne à réfléchir sur la douleur d’être une femme et le sacrifice consenti pour survivre dans une société rétrograde.