Dans leur édito de la semaine, Yaël et Amélie s’interrogent sur un phénomène qui traverse aussi bien la littérature que le cinéma : la solitude choisie. De Lauren Bastide à Valeria Bruni Tedeschi, de Vimala Pons à Alain Souchon, la culture célèbre celles et ceux qui se retirent pour mieux se retrouver.
« Quand je suis seule, je suis soulagée de ne pas devoir être belle, et ça m’enlève un peu de la peur de mourir » écrit Lauren Bastide dans son livre très justement intitulé Enfin seule ! (Allary). Tandis qu’Ovidie milite pour la fin du rapport hétérosexuel, que les applis de dating se cassent la gueule, la podcasteuse de La Poudre raconte et documente la solitude choisie.
Ne plus être invité.e par les couples d’amis quand on est seul.e divorcé.e ou même veuve comme Bridget Jones ? Même pas peur !
Valeria Bruni Tedeschi dans L’Attachement correspond bien à ce nouveau type de personnage qu’on nous propose en modèle : là pour les autres, à condition d’être là pour soi-même, avec une chambre à soi et l’espace de faire face à ce qu’on traverse.
Vimala Pons va plus loin encore dans Honda Romance. Elle nous dit : il y a un temps brutal et essentiel, une urgence à se confronter à soi-même, seul.e, même quand les vents soufflent fort au point de nous faire chuter. Ce n’est pas nouveau, Souchon chantait déjà en 1988 «Dans la fourmilière, c’est l’ultra-moderne solitude».
Loin d’une vision romantique, le retour à soi est un repli qui semble inéluctable, au moins depuis Rousseau, qui, contraint par la censure de ses Confessions, se planque à la campagne pour écrire ses Rêveries d’un promeneur solitaire. Alors, « de tout temps les hommes (et les femmes) se cassent une heure, deux jours ou un reste de vie pour faire le point avec leur âme et leur conscience ». Sûrement. Ce qui est drôle, c’est d’examiner cela à l’aune de notre époque ultra-connectée. Dans certains pays, comme en Belgique, la déconnexion est désormais un droit. Tu te rends compte, Virginia ? Dorénavant, tout couper, et aller écrire tranquillement dans son antre, c’est légal.
Nous vous souhaitons, ensemble et toutes les deux, une belle semaine, profitez de vous-mêmes !
Amélie et Yaël
©Vimala Pons