Du 6 au 9 juin prochain, les citoyen.ne.s de l’Union européenne éliront leurs député.e.s.
Tous et toutes uni.e.s, libéré.e.s (si et quand c’est possible!) des frontières.
Post-Brexit, en 2019, aux dernières élections, la participation avait augmenté, dépassant enfin les 50 %. Est-ce que ce sera le cas pour cette élection, alors que la guerre se poursuit à nos frontières en Ukraine et que l’UE s’est montrée unie et réactive face à la pandémie qui semble néanmoins loin derrière nous ? Et en quoi la culture permet-elle de se préparer à élargir nos horizons à l’ensemble du continent ? À la rédaction, nous avouons avec joie que c’est en fait notre quotidien. Cela se passe pour nous à la fois de manière naturelle et aussi de manière militante. En réalité, dans nos pages, nous débordons en permanence nos frontières, aussi bien que les cadres posés par les accords de Schengen. Nous allons en Belgique, par exemple, voir ce que l’écriture brutale de Wim Vandekeybus (qui offre une nouvelle version de PUUR au Ballet de Flandres) a à nous dire aujourd’hui, ou à Berlin pour voir couronner le courageux film de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop. Et sans quitter Paris, nous sommes sans cesse confrontées aux grandes questions que posent nos territoires. Le sculpteur Constantin Brancusi est à l’honneur comme jamais au Centre Pompidou, la jeune photographie européenne circule à nouveau au CENTQUATRE et l’on célèbre à la fin du mois au Théâtre de la Ville, par un concert, les 50 ans de la révolution des œillets. Chaque vendredi, au théâtre La Flèche, deux comédiennes et metteuses en scène nées en France d’une mère française et d’un père roumain questionnent la transmission du silence propre à l’exil, à quelques kilomètres de Paris.
Mais si l’on y réfléchit bien, nous-mêmes enfants de Maastricht et de Schengen, nous nous posons rarement la question de la provenance d’une œuvre ou d’un artiste.
On va à Venise pour les biennales, on retrouve le monde entier à Cannes, on peut aller à Zagreb pour une conférence. Aujourd’hui, deux Européens sont à la tête de deux des plus grandes institutions de spectacle vivant françaises ; Tiago Rodrigues à Avignon et Tiago Guedes à Lyon, cela donne dans les deux cas un regard autre sur les programmations, plus ouvertes, prenant différentes formes.
Il y a quelques jours, le Théâtre 14 proposait de regarder la culture sous l’angle européen et force était de constater à la fin de la journée que les conditions de création et de circulation n’étaient plus réunies aujourd’hui pour cause de crise politique et écologique. Néanmoins, nous, les journalistes, nous pouvons, comme les programmateurices, aller voir ce qui se passe au-delà de notre pré carré. C’est comme cela que cet automne, la performance se conjuguait en polonais et en lituanien pour le meilleur des formes contemporaines.
Du point de vue des professionnelles que nous sommes, l’Europe est une puissance qui permet aux artistes et aux œuvres d’être décloisonnés en permanence. L’annonce du programme du 78e Festival d’Avignon l’a prouvé en un symbole : trois artistes européens présenteront chacun.e une création dans la Cour d’honneur du Palais des papes.
Bonne semaine, uni.e.s dans la diversité !
Amélie et Yaël
©Affiche du festival