Du 27 au 29 septembre 2025, la Grande Halle de La Villette vibre au rythme du Whisky Live Paris. Pour sa 21e édition, le plus grand événement mondial de dégustation de spiritueux fins célèbre un triomphe : plus de 22 500 visiteurs en 2024, et cette année, la France s’impose en vedette. Temps fort de cette édition : le lancement des French Drinks Awards 2026, nouvelle compétition destinée à célébrer neuf grandes familles de spiritueux français, et l’inauguration d’un pavillon national flambant neuf.
Sur 16 000 m², le Whisky Live Paris déploie son arsenal de séduction. Depuis 2004, La Maison du Whisky a su transformer ce rendez-vous en institution incontournable de la rentrée. L’édition 2025 structure l’expérience autour d’espaces thématiques qui composent un véritable parcours initiatique : le Plateau Dégustation au cœur de l’événement, où plusieurs centaines d’exposants dévoilent leurs nouveautés en exclusivité mondiale, la Rhum Gallery et ses 1 500 m² dédiés aux rhums des Caraïbes à l’Asie, le Patio des Agaves pour plonger dans l’univers du mezcal et de la tequila, le Saké District et ses 400 m² de brasseries japonaises, une Gin Lane entièrement repensée.
L’Espace VIP, agrandi pour l’occasion, offre l’accès aux éditions limitées et aux embouteillages d’indépendants. Le Forum des masterclasses et le nouvel Amphithéâtre Boris Vian complètent le dispositif avec conférences et tables rondes. Dehors, l’espace cocktails accueille le public international. Les armes pour l’ensemble du salon ? Une bouteille d’eau et un verre. Les crachoirs sont sur place.
Grande nouveauté 2025 : le Pavillon France fait son apparition et consacre l’émergence d’une véritable école française du whisky. Aux côtés des cognacs et armagnacs historiques, une nouvelle génération de distilleries hexagonales impose son style.
L’ancêtre breton reste Armorik, pionnier dès les années 1980. Son Yeun Elez, nommé d’après une tourbière chargée de légendes bretonnes, offre un vrai voyage en bouche avec ses 30 % d’orge bretonne vieillie en fûts de bourbon.
Le design charentais porte la signature du Domaine de Fontagard, près de Cognac. Quand Adrien Granchère revient à la distillerie familiale en 2010, il lance un whisky. Et la première cuvée arrive en 2021. L’orge est cultivée sur place, le vieillissement dure un an et demi en fûts de cognac puis quatre ans au total. La cuvée spéciale single cask ressuscite la folle blanche et arbore une bouteille rouge carmin irrésistible. Pas de finish ici, les fûts font leur œuvre sur un an. Résultat : hyper délicieux, très gourmand, et résolument moderne.
L’esprit lyonnais anime Ninkasi, qui s’appuie non pas sur le savoir-faire du cognac mais sur celui de la brasserie. Depuis 2015, la distillerie fait vieillir ses whiskies sous vins de la région : viognier, beaujolais (cuvée Inspiration), Pineau des Charentes (Manifesto). En juin, nouvelles bouteilles ultra graphiques, dans des fûts fraîchement vidés par les vignerons.
L’un des plus responsables se niche au cœur des Alpes. « L’idée est de boire de moins en mieux », résume la philosophie du Domaine des Hautes Glaces. Entre les falaises du Vercors et les sommets des Écrins, en Trièves, Frédéric Revol trace depuis 2009 le chemin du Domaine des Hautes-Glaces, autoproclamée plus ancienne distillerie de whisky biologique au monde. « Spirit », l’esprit dans l’alcool : la cuvée Epistèmé explore l’effet terroir dans le whisky, jusqu’au bouchon fabriqué avec des restes d’orge. Ici, on soigne la planète en se faisant plaisir, et le whisky se boit pendant un repas, avec des mets.
Dans la zone VIP, La Maison du Whisky met en avant depuis 2020 une sélection négoce baptisée Version Française, avec de l’orge de toutes les régions de France. Coup de cœur pour le Uberach 2005, alsacien et carrément épicé.
Les classiques écossais restent des références absolues. Laphroaig nous a fait goûter son 10 ans d’âge mais surtout son Quarter Cask, lancé en 2004 : vieillissement en partie dans de petits fûts de 50 à 80 litres ayant contenu du bourbon, version sans âge, non filtrée à froid, embouteillée à 48°. La tourbe se fait grasse, les agrumes (orange bigarade confite) apportent de la fraîcheur et la longueur n’en finit pas de durer.
Sur Islay, Bruichladdich réinvente la tradition de l’île avec un triple visage : le seul non tourbé de l’île, extrêmement délicat ; Port Charlotte, tourbé moderne, absolument parfait pour les amateurs ; et le 40 ppm qui marque le retour à une tourbe franche mais parfaitement équilibrée, combinant puissance fumée et belle rondeur grâce à un vieillissement en fûts de bourbon et de vin. Alternative plus élégante aux profils ultra tourbés d’Islay. Au-dessus plane la légende Octomore, le whisky le plus tourbé du monde – séché au feu de tourbe.
Nous avons adoré notre passage chez Glenglassaugh, distillerie au bord de la baie de Sandend, restée silencieuse pendant plus de deux décennies avant de redémarrer en 2008. Fondée en 1875 par le colonel James Moir, elle porte un nom gaélique signifiant « vallée du lieu gris-vert ». Sa devise : Per Mare Per Terras, « Par la Mer et par la Terre ». Aujourd’hui dirigée par Rachel Barrie, première master blender écossaise et première femme du Whisky Hall of Fame, Glenglassaugh connaît une véritable renaissance. Le Sandend, embouteillé à 50,5°, rend hommage à la baie éponyme avec son élevage en fûts de bourbon, de xérès et de manzanilla. Une plongée sous-marine d’une délicatesse infinie.
Au rayon des légendes, nous avons pu goûter dans la zone VIP, où La Maison du Whisky avait implanté un comptoir « négoce » avec la volonté de réunir les whiskies du monde, un single malt Old Parr 2014. Absolument divin.
Le Japon continue d’impressionner au-delà du très central «Saké District». Nikka célébrait les 40 ans de son From the Barrel extra marriage avec son emblématique bouteille rectangulaire. Mars Whisky nous offre une belle découverte nippone avec le sel de son Komagatake, mais aussi le fumé de son excellent Mars The Y.A., un blended malt japonais composé exclusivement de single malts provenant des distilleries Shinshu et Tsunuki, vieillis en fûts de bourbon sur l’île de Yakushima.
L’Amérique était elle aussi présente, avec du Bourbon, mais pas seulement. En zone VIP nous avons déguster du Willett friandise venue tout droit du Kentucky. Fondée en 1936 par Thompson Willett, la distillerie a relancé en 2012 un héritage familial qui remonte bien avant.
L’Australie surprend avec les accords subtils du Sullivans.
La Finlande fait sensation avec Kyrö, dont la belle humeur et l’équipe en peignoir de sauna ne passe pas inaperçue.
La Roumanie s’invite à la fête avec un Whisky des Carpates. Le Carpathian Single Malt Whisky roumain illustre la richesse et la pureté de ce terroir : un climat idéal, une orge de qualité supérieure et une eau pure provenant des montagnes des Carpates. Ces whiskies single malt sont principalement vieillis dans des fûts de vin, y compris des fûts utilisés pour un cépage local renommé : le Fetească Neagră.
Les habitués le savent au-delà du whisky, c’est tout l’univers des spiritueux qui se donne rendez-vous à La Villette. Le lancement des French Drinks Awards 2026, sous l’égide de Whisky Magazine, élargit considérablement les horizons : neuf catégories récompensées contre deux en 2024. Absinthe, armagnac, calvados, cognac, gin, liqueur, rhum, vodka et whiskies composent désormais cette nouvelle distinction destinée à devenir annuelle et à intégrer les World Drinks Awards. Quant au parvis de la Grande Halle, il invitait à mixer les spiritueux avec gourmandise (et précision) à Cocktail Street !
Visuel : affiche