Le voyage astral et aérien du « Cabaret fièr·e·s ascendant queer »
par Luna Beaudouin-Goujon30.09.2025
Pour sa 18e édition, le festival Jerk off programmait vendredi 26 septembre un cabaret circassien interstellaire. Le Sample de Bagnolet accueillait cette performance toute en rêverie, aux côtés d’un marché de créateur·ices et d’un village astrologique.
Un long tapis rouge rejoint un chapiteau aux bandes violettes, rouges et blanches. Une créature à la longue traîne noire s’avance lentement vers la structure, plantée dans le jardin du Sample de Bagnolet. Y sont agglutiné·es une centaine de spectateur·ices curieux·ses de découvrir ce « Cabaret fièr·e·s ascendant queer » organisé dans le cadre du Festival LJBTQIA+ Jerk Off. Les plus chanceux·ses sont assis·es. Les autres, happé·es, observent la scène debout.
Boule de cristal violette dans les mains, l’être fantasmagorique, dans un discours empreint d’une dimension céleste, introduit le public dans une autre galaxie. Le public saura–t-il reconnaître les signes astrologiques représentés dans les douze performances aériennes des circassien·nes ? Chacun·e est muni·e d’une petite feuille pour se prêter au jeu de devinettes.
Devine-signe
Les basses d’une musique techno percutent cette tranquillité initiale. Posture combattive, regard vif, débardeur noir brillant, un artiste, Natrix, s’accroche à la sangle accrochée au sommet du chapiteau. Il entame une danse furieuse, défiant la gravité. Serait-ce le Lion ? Le collectif LGBTQIA+ et féministe intersectionnel Cirque Fier·e·s, créé en 2020, donne un indice. L’être « trace son chemin avec assurance ». Cela laisse alors plutôt penser au Taureau, signe au caractère réfléchi, qui a – ironiquement ici – les pieds sur Terre, ou bien au Bélier, frontal et audacieux.
Une silhouette s’immisce dans ce décor sombre. I’m a survivor retentit dans une version calme, en anglais. Cheveux longs blonds et costume blanc, Alys, la membre du Cirque Fier·e·s, s’élance sur un cadre suspendu.
Un show aérien entre ombre et lumière
Au fil du spectacle, on croise un arlequin rêveur et romantique aux épaules en tulle bouffantes. The dreams des Cranberries dans les oreilles, l’artiste, Alia, se meut sur un cerceau, rappelant peut-être le Cancer. Ce Cabaret, c’est aussi un ange qui transperce le ciel. Escaladant deux longs tissus blancs, Dany Tran impressionne avec un grand écart en l’air maîtrisé. Jouant avec ses chaînes et vêtu de noir, il réitère dans la deuxième partie du spectacle la même figure, rappelant le Scorpion, signe tenace et puissant.
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- Mathilde, l’une des acrobates du collectif, défie la gravité.
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- Dany Tran impressionne par sa maîtrise des figures aériennes.
Le spectacle oscille entre bleu de la mélancolie et couleurs chaudes de l’action. La tension monte ainsi avec le tango entrepris par Dany Tran et l’acrobate Mathilde. Dans un combat entre eau et feu, chaud et froid, Mathilde prend le dessus, entraînée par l’énergie de la chanteuse Aurora sur The blood and the wine. Elle tournoie follement et chute de manière contrôlée sur son tissu rouge accroché à la verticale.
Certains signes sont plus évidents à reconnaître. C’est le cas du Gémeaux avec ses innombrables masques suspendus aux cordes noires, et à l’artiste, Cyrielle Ettihal, habillée en arlequin, cette fois-ci en monochrome noir et blanc. Ces visages multiples représentent un « miroir, changeant et mouvant », indique le collectif.
Des prestations qui se renouvellent
Dans la deuxième partie du Cabaret, les mêmes artistes reviennent, mais sans se répéter. Dany Tran et Cyrielle Ettihal se cherchent et s’agrippent sur un cerceau, dans une ambiance sulfureuse, façon BDSM. Lunettes de vitesse sur le nez, débardeur et short moulants dorés, Natrix dompte cette fois-ci les deux cordes sur lesquelles il se tord et tranche l’air. La performance, que le franc S.L.U.T de la chanteuse électro-pop Nessa Barrett rend survitaminée, suggère la figure du Lion.
Si les spectateur·ices pouvaient gagner un prix en devinant chacun des signes, on préfère laisser planer le mystère. Car entre performances de haute voltige, discours inclusif et poésie gestuelle, le « Cabaret fièr·e·s ascendant queer » invente une parenthèse bienvenue, dont on ne veut pas percer tout de suite les secrets.
Le Cirque Fier·e·s présente sa nouvelle création « Cabaret Fier·e·s Ascendant queer ». Ici, l’acrobate Alia entame avec poésie des figures sur son cerceau aérien.
