Le mardi 4 octobre, à 13 heures, les jurés du Prix Nobel ont annoncé le nom du 115ᵉ lauréat du prix Nobel de littérature. Ils ont couronné, à 64 ans, le poète et dramaturge norvégien Jon Fosse pour « ses pièces de théâtre et sa prose novatrices qui ont donné une voix à l’indicible ».
Jon Fosse est né sur la côte ouest de la Norvège. Il débute avec son premier roman Rouge, noir en 1983. Il publie une quinzaine d’écrits avant de venir au théâtre. Sa première pièce, Et jamais, nous ne serons séparés, est montée et publiée en 1994. Il reçoit le prix international Ibsen en 2010 pour Quelqu’un va venir. En 2011, l’État norvégien lui offre d’occuper la résidence « La Grotte » située à Oslo. Ses écrits (romans, nouvelles, poésie, essais et pièces de théâtre) ont été traduits dans plus de quarante langues, et ses pièces ont été montées par de grands metteurs en scène européens. Il est considéré comme l’un des plus grands auteurs contemporains et a été décoré de l’Ordre national du Mérite français en 2003. Le 21 novembre 2009, le pape Benoît XVI lui remet une médaille à l’occasion d’une rencontre avec des artistes dans la Chapelle Sixtine. Jon Fosse s’est converti au catholicisme en 2013.
Auteur d’une trentaine de pièces de théâtre, Jon Fosse, a commencé à écrire à l’âge de 24 ans après des études littéraires. Il accède à la notoriété en Europe à partir de 1999. Cette année-là, Claude Régy met en scène Quelqu’un va venir au théâtre des Amandiers. En 2003, Isabelle Carré joue dans Et la nuit chante au Théâtre du Rond-Point. En 2010, Patrice Chéreau met en scène Rêve d’automne au Louvre, dans le salon Denain. Plus récemment, en 2019, au théâtre de l’Aquarium du précieux Francis Rancillac, Antoine Caubet monte le roman Matin et Soir.
Les pièces de théâtre de Jon Fosse ont cette particularité de ne comporter aucun point, contrairement à la plupart de ses romans pour lesquels la ponctuation est toutefois jugée imprévisible. Chez Fosse, chaque mot est soupesé, calibré afin que jamais l’atermoiement ne nous saisisse et avec lui la crasseuse dette de l’empathie. Sans l’artifice de l’apitoiement et par une partition psychique, ses personnages se profèrent et s’articulent. Le geste fait penser à Samuel Beckett, un Beckett néanmoins nettoyé du peu de scories de cabotinage qu’il se concède parfois. Il fait penser aussi et surtout à l’autre dramaturge norvégien Arne Lygre, que le public français a la chance de connaitre grâce au travail de Stéphane Brauschweig.
Attribuer le prix Nobel à Jon Fosse revient à honorer l’ensemble du théâtre contemporain européen, pour son dynamisme, son inventivité et sa singularité. Ainsi, après la controversée nomination délicieusement politiquement correcte d’Annie Ernaux, un immense auteur reçoit cette année son Nobel et avec lui le monde du théâtre.
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