Appelez la Madame le rabbin ou Madame la rabbine, comme vous le souhaitez ! Léa (Elsa Guedj) est la nouvelle officiante de la communauté progressiste de Strasbourg. Présentée à Séries Mania, la série Le Sens des Choses (Reformed en anglais) de Noé Debré et Benjamin Charbit fait le portrait d’une jeune femme qui sait poser des questions dans un Strasbourg radieux. Alors que le 8e et dernier épisode passe cette semaine sur la plateforme Max, c’est l’occasion de parler d’humanisme, de finesse psychologique et d’ouverture.
À l’orée de la trentaine, Léa revient dans sa ville natale de Strasbourg où elle retrouve son frère un peu déphasé, son père vieux psy solitaire et son vélo. Mais au grand dam de son daron, juif absolument laïc, voir laïcard, mais aussi de son ancien enseignant, rabbin orthodoxe influent de la ville, Léa emménage dans la petite synagogue libérale que tiennent une souriante intendante (Noémie Lvovsky) et un Président plus homme d’affaires que de Dieu (Manu Payet). En effet, appelez la comme vous voulez : Madame la rabbin ou la rabbin, Léa est une juive moderne et une femme rabbin….
Incarnée par la radieuse Elsa Guedj, l’héroïne qui commence son nouveau travail se pose bien des questions, librement inspirées par celles qu’a partagées Delphine Horvilleur dans Vivre avec nos morts (Grasset, 2021). Que faire d’un meuble spolié ? Comment réconcilier des parents et un fils quand ce dernier devient orthodoxe et ne dîne plus chez eux ?… Chaque épisode présente une situation humaine différente et l’on découvre mieux le trio familial que Léa forme avec son père incarné par un Eric Elmosnino bouleversant et son attachant frère (Solal Bouloudnine). Elle est d’ailleurs peut-être bien plus psy et soignante que son irrésistible papa vieillissant, madame la rabbine avec son écoute attentive et son esprit alerte.
Noé Debré – qui avait réussi le pari d’humaniser les rouages de L’UE avec la jolie série Parlement sur France Télévisions – a un talent pour proposer des scénarios et des dialogues justes et pleins de vitalité. Dans un Strasbourg que caresse sa caméra, la série Le Sens des Choses sait respecter les proportions, les échelles, les douleurs et les doutes. Elle transmet ainsi avec délicatesse l’ouverture et la détermination d’une héroïne très attachante.
Le Sens des Choses, de Noé Debré et Benjamin Charbit , avec Elsa Guedj, Eric Elmosnino, Noémie Lvovsky, Manu Payet, Solal Bouloudnine, 8 épisodes de 30 minutes, Max (également disponible à l’achat sur Canal +)
© affiche de la série