Pour la première fois dans le monde, oui dans le monde, un pays, en l’occurrence la Belgique a choisi d’encadrer le travail des prostituées pour les sécuriser. Cette avancée sociale qui permet une protection urgente des travailleurs et travailleuses du sexe relance évidemment la question de la marchandisation des corps, notamment ici en France.
En Belgique, La loi votée en mai est entrée en vigueur le 1er décembre, les travailleuses et travailleurs du sexe entrent enfin dans le cadre légal du salariat. Désormais, ils et elles bénéficient des mêmes droits que tout employé : assurance-maladie, mutuelle, chômage, cotisations retraite, congés payés ou maternité. Une avancée sociale qui reconnaît leur métier à part entière, tout en réaffirmant une règle fondamentale : le consentement. Côté employeurs, la loi impose des conditions minimales indispensables, comme la taille des chambres, l’installation d’un bouton d’urgence et des protections adaptées pour réduire les risques de MST. Une normalisation tardive mais essentielle, qui place ces professions dans la lumière, là où elles n’auraient jamais dû être invisibilisées. En ça, c’est une avancée considérable
En France, où les client.e.s des travailleuses et travailleurs du sexe sont pénalisés, la loi belge divise. Sur Public Sénat, Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes et initiatrice de la loi de 2016, dénonce ce qu’elle qualifie de « libéralisation du marché du sexe ». Pour elle, les premières victimes seront les personnes concernées elles-mêmes. « C’est un marché mafieux, soutenu par un faux compassionnel, dont le seul objectif est de transformer le sexe en un business comme un autre », martèle-t-elle. Une critique tranchée qui réactive un débat complexe et toujours brûlant en France. De son côté Médecins du Monde rappelle : « En France, du fait de la stigmatisation, de lois répressives sur le travail du sexe et sur la migration, les travailleurs et travailleuses du sexe cumulent souvent plusieurs facteurs de vulnérabilisation : accès au logement difficile, situation sociale et administrative souvent précaire, discriminations en raison de leur genre, origine, identité de genre, etc. La crainte d’être stigmatisé du fait de leur activité renforce encore les freins rencontrés dans leurs accès aux soins et aux droits.»