Le Flanders Festival de Gand (Gent), en Belgique, a annulé la prestation prévue du Philharmonique de Munich sous la direction de Lahav Shani, chef israélien destiné à devenir officiellement directeur artistique de l’orchestre.
Dans un communiqué, les organisateurs du festival de Gand expliquent qu’ils ont pris cette décision « sur la base de notre conviction profonde que la musique doit être une source de connexion et de réconciliation ». Ils affirment que Lahav Shani, bien qu’ayant « pris la parole à plusieurs reprises en faveur de la paix et de la réconciliation dans le passé », n’a pas clairement exprimé sa position vis-à-vis du gouvernement israélien, qualifié dans le communiqué d’« régime génocidaire ». Les organisateurs ajoutent qu’ils cherchent à répondre aux appels du secteur culturel local « à s’abstenir de collaborations avec des partenaires qui ne se sont pas distanciés de ce régime ».
La réaction du gouvernement allemand a été immédiate et virulente. Le ministère fédéral de la Culture a dénoncé une décision « inadmissible sur le plan éthique et politique », qualifiant l’annulation de « discrimination fondée sur la nationalité et sur une forme inacceptable d’assignation idéologique ». Plusieurs responsables culturels allemands y voient une rupture du principe de neutralité artistique. Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque un « retour inquiétant d’une logique de boycott ciblé, incompatible avec l’universalisme culturel européen ». Le président de l’orchestre, Paul Müller, a lui exprimé sa consternation dans un communiqué : « Nous refusons de considérer nos musiciens ou notre chef comme représentants de quelque gouvernement que ce soit. La musique que nous jouons est universelle, elle ne peut être réduite à une grille politique. » Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, s’est lui aussi désolidarisé de la décision : « Les principes fondamentaux de liberté artistique et d’expression doivent prévaloir, même, et surtout, dans des contextes sensibles. »
Le festival de Gand a justifié sa décision en évoquant « un devoir de cohérence morale » face à un « régime génocidaire ». Cette prise de position s’inscrit dans la lignée des appels au boycott culturel d’Israël lancés par des ONG et des collectifs militants. Cette affaire n’est pas isolée. D’autres annulations ou désinvitations ont eu lieu ces derniers mois à travers l’Europe. La multiplication de ces cas pourrait créer un précédent dangereux où les artistes se verraient évalués non plus pour leur art, mais pour leur alignement (ou absence d’alignement) idéologique. Cela poserait une sérieuse menace à la diversité des expressions artistiques en Europe. plus en plus floue. Pour le moment, Lahav Shani ne s’est pas publiquement exprimé sur cette affaire.