Le Musée de l’Homme se penche sur le wax comme objet de transaction et d’identification

Attention, ceci n’est pas une exposition de mode. C’est comme objet de transaction et comme vecteur d’identité, et aussi dans le prolongement de son exposition actuelle sur les migrations qui se termine et s’ouvre sur la question de la culture qu’on apporte avec soi, que le Musée de l’Homme interroge 120 ans de wax.

Le wax, un produit colonial indonésien qui trouve le succès en Afrique de l’Ouest

Au deuxième étage, sur le Balcon des Sciences, c’est l’histoire de ce tissu de coton teinté de cire (wax en anglais) des deux cotés, mais aussi l’économie de ses échanges qui sont montrés et interrogés. Le wax est généralement perçu comme un tissu « africain » et est même devenu l’étendard d’une certaine fierté identitaitre. Néanmoins l’histoire coloniale est plus complexe. Il s’agit d’un imprimé indonésien, développé par les colons néerlandais pour du commerce local, qui trouve un écho et un succès au Ghana. Dès lors, c’est en Afrique de l’Ouest que le wax sera produit notamment par un réseau de commerçantes puissantes au Togo, les Nana Benz. La force du wax (qui veut aussi dire parler en wolof), c’est de s’inspirer de la faune et de la flore locale, mais aussi de la vie politique ou des préoccupations du quotidien avec des motifs célèbres (la fleur de mariage, Robinet, le sac de Michelle Obama… ) qui peuvent changer de nom selon le pays. Dans les photos des années 1960 Malick Sidibé et Seydou Keita, on voit bien quel succès populaire ce tissu rencontre. Même si le statut d’objet transactionnel et colonial du wax est également posé par des artistes et des penseurs.

Un objet identitaire aussi flamboyant que complexe

En effet, de Java à Abidjan puis retour à la Chine où des « faux » sont produits, teintés sur une seule face du tissus, le Wax est bien un objet de consommation issu de la colonisation et de la mondialisation. Ce tissu reflète donc parfaitement les questions d’identité et d’appropriations culturelles que pose l’exposition sur les Migrations. Décrié par certains, utilisé avec ses motifs engagés par d’autres jusqu’à devenir un outil de revendication identitaire, notamment pour les artistes afrodescendants de la diaspora : le wax est au carrefour de différents questionnements et intérêts. Au premier étage du Musée, dans le Foyer Germaine Tillon, on nous incite à rencontrer des œuvres de Thandiwe Muriu, Omar Victor Diop, Krissina Poba, ou des artistes Gombo, Romuald Hazoumé, Lamine ou Mosengo Shila, Selly Raby Kane, Hilary Balu, ainsi que des création des stylistes Lamine Badian Kouyaté (Xuly Bët), Alexis Temomanin, Adina Ntankeu et des questionnement sur les mode de production de ces imprimés qui font désormais partie de notre quotidien à toutes et tous. Nombre d’entre nous verrons différemment les motifs et les couleurs de ces imprimés qu’on renvoyait trop simplement et directement à l’identité ouest-africaine.