Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans

Né en 1941 à Waco, au Texas, dans une famille très conservatrice, il déménage en 1963 à Brooklyn pour étudier l’art et l’architecture. Il y développe une passion pour la danse et le théâtre et tisse des relations fortes, notamment avec le danseur et chorégraphe Andy de Groat avec qui il monte ses premiers spectacles à New York : The King of Spain, The Life and Times of Sigmund Freud. Sa carrière internationale est lancée en 1970 avec Deafman Glance (Le Regard du Sourd), qui après sa création à Iowa City est joué en France au Festival de Nancy et à la Brooklyn Academy of Music, avant d’être produit à Paris où il est notamment défendu par le styliste Pierre Cardin et le poète surréaliste Louis Aragon.

En 1976, Bob Wilson poursuit sa carrière avec l’opéra Einstein on the Beach qu’il crée en collaboration avec Philip Glass et Lucinda Childs, et à la suite duquel il collabore avec les plus grands théâtres et opéras européens.  Ce spectacle reste le chef d’oeuvre du maitre américain. Comme la communauté d’explorateurs dans le vaisseau spatial de la dernière partie, les spectateurices sont amené.e.s à déchiffrer l’indéchiffrable, à se plonger dans l’univers inventif et singulièrement déroutant réalisé par Robert Wilson dans cette forme à la fois classique et révolutionnaire, qui porte bien-sûr la trace des années 70 et paraît toujours aussi neuve et radicale. Elle fut remise en scène dans son jus initiale en 2014 au Chatelet.

Sa dernière mise en scène remonte à 2024 avec le spectacle Pessoa. Since I’ve been me créé au Teatro della Pergola, à Florence puis présenté au Théâtre de la Ville à Paris.

Bob Wilson est également reconnu pour son travail en arts visuels et en design. Il a créé nombre de sculptures, designs et meubles et a même remporté le Lion d’or à la Biennale de Venise de 1993 pour une installation sculpturale. Ses aventures en arts visuels l’amènent même à collaborer avec la chanteuse Lady Gaga en 2013, puisqu’il conçoit le décor de son spectacle aux MTV Video Music Awards cette année-là.

Il a réussi à maîtriser la réalisation de mises en scène d’oeuvres originales tout comme d’ouvrages du répertoire traditionnel dans le monde entier, et intègre dans son travail scénique une panoplie de moyens artistiques, puisant aussi bien dans ses connaissances en sculpture que dans l’étude approfondie des textes et de la langue – tout comme du silence et des bruits -, et jouant également avec le mouvement et la lumière qu’il estime comme étant « la partie la plus importante du théâtre ».

Son œuvre est reconnue dans le monde entier. Il a été élu à l’Académie des Arts et Lettres aux États-Unis et à l’Académie des Arts en Allemagne ; la France l’a élevé au grade de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres (2003) et Officier de la Légion d’honneur (2014), et il est Officier de la Croix fédérale du mérite d’Allemagne.

L’oeuvre de cet artiste restera avec nous, grâce aux reprises communes de ses mises en scène dans le monde entier mais également grâce au Watermill Center, un « laboratoire de performance » qu’il créa à New York en 1991 et qui encore aujourd’hui propose nombre de résidences, bourses et opportunités pour jeunes artistes.

Ses mises en scène pourront déjà être retrouvées la saison prochaine dans le monde entier, par exemple avec Dorian au Düsseldorfer Schauspielhaus en septembre 2025 puis sa mise en scène de Moby Dick au même théâtre en novembre, Turandot à l’Opéra de Vilnius en octobre, Mary Said What She Said au Tokyo Metropolitan Theater le même mois, sa dernière création Pessoa. Since I’ve been me au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg en janvier 2026, sa mise en scène de Tristan et Isolde à l’opéra de Ljubljana en février, ou encore The Messiah de Haendel au Houston Grand Opera en avril/mai 2026.