Avec près de 9 millions de visiteurs par an, le Louvre, fleuron du patrimoine français, est aujourd’hui victime de son succès. Dans une note confidentielle adressée à la ministre de la Culture, Rachida Dati, et révélée par Le Parisien, Laurence des Cars, présidente-directrice du musée, tire la sonnette d’alarme. Elle décrit un lieu vieillissant, insuffisamment équipé pour accueillir un tel afflux de visiteurs, et pointe du doigt des problématiques structurelles graves.
« Visiter le Louvre constitue une épreuve physique », déplore Laurence des Cars. Manque d’espaces de restauration et de toilettes, signalétique obsolète, régulation thermique défaillante : l’expérience des visiteurs se heurte à des conditions bien en deçà des standards internationaux. La pyramide de verre, icône du musée, devient un piège en période de chaleur, transformant le hall d’entrée en serre étouffante pour les visiteurs et le personnel.
Des syndicats comme SUD Culture dénoncent depuis des années l’état des lieux, notamment des infiltrations d’eau et une régulation climatique insuffisante pour la conservation des œuvres. En réponse, Emmanuel Macron s’est récemment rendu au Louvre pour constater l’ampleur des dégradations. Selon RTL, le président envisage un « grand chantier présidentiel » pour moderniser le musée, il s’exprimera à ce sujet le 28 janvier…
Parmi les points les plus critiques figure l’accueil de la Joconde. La salle des États, où le tableau est exposé, devient un lieu de frustration pour les quelque 20 000 visiteurs quotidiens. Une enquête menée en 2024 par le site CouponBirds a révélé l’ampleur de la déception des visiteurs face à ce chef-d’œuvre mondialement connu. En analysant 18 176 critiques portant sur 100 des œuvres d’art les plus célèbres du monde, le site a montré que Paris arrive en tête des villes où les touristes ont été les plus déçus (27,6 %).
La Joconde détient tristement le record des critiques négatives avec 37,1 % de mentions défavorables, bien au-dessus de la moyenne de 19,2 % pour les 100 œuvres étudiées. Parmi les remarques les plus fréquentes, le mot « foule » revient 127 fois, illustrant la difficulté d’approcher le tableau dans une salle constamment bondée.
Au-delà de l’œuvre elle-même, c’est l’organisation autour du musée qui est aussi mise en cause. Des critiques comme « mal organisé » ou « bondé » traduisent la frustration des visiteurs, déplorant des conditions peu propices à l’admiration de ce patrimoine mondial.
Face à ce constat, Laurence des Cars propose de déplacer l’œuvre dans une salle dédiée, un projet pharaonique nécessitant un budget de 500 millions d’euros. Mais dans un contexte où les finances publiques sont sous pression, ce chantier ambitieux semble difficilement réalisable à court terme.
Le budget 2025 du musée reflète cette crise financière. Malgré un total de 321,9 millions d’euros alloués aux dépenses, incluant 144,6 millions pour les salaires et 54,7 millions pour les investissements, le Louvre accuse un déficit de 28,6 millions d’euros. Cette situation compromet les rénovations nécessaires, déjà insuffisamment financées, et souligne l’urgence d’un soutien accru.
Face à cette situation critique, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé des mesures pour soutenir le Louvre : « J’ai souhaité une politique tarifaire différenciée qui sera mise en œuvre à partir du 1er janvier 2026 et qui permettra notamment de financer ce nouveau projet muséal. » Pour Rachida Dati, « le Louvre, c’est comme Notre-Dame, c’est notre patrimoine », bien qu’elle regrette que « les conditions de visite et de travail ne soient pas à la hauteur de ce plus grand musée du monde ».
La dernière rénovation majeure du musée date de 2016 et s’avère aujourd’hui insuffisante. Laurence des Cars appelle donc à un soutien financier d’urgence pour préserver le plus grand musée du monde. Le Louvre va devoir relever ces défis pour concilier son rayonnement mondial et l’accueil de millions de visiteurs.
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