Pour la première fois, l’industrie du jeu vidéo en France est en grève ce jeudi 13 février 2025. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV) appelle à la mobilisation pour dénoncer les licenciements massifs, les conditions de travail précaires et le manque de transparence financière dans un secteur en pleine crise.
Le 13 février 2025 marque un tournant pour l’industrie française du jeu vidéo. Pour la première fois de son histoire, le secteur appuie sur pause le temps d’une grève nationale. À l’initiative du Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV), la mobilisation vise à dénoncer des conditions de travail jugées inacceptables et des vagues de licenciements qui fragilisent le secteur.
Des rassemblements sont prévus dans près d’une dizaine de villes françaises, notamment à Paris, Bordeaux, Rennes, Lyon, Montpellier, Annecy, Angoulême, Lille et Nantes. Vincent Cambedouzou, délégué du STJV chez Ubisoft Paris, prévoit une mobilisation significative : « On s’attend à une mobilisation plutôt importante », espérant rassembler plusieurs milliers de manifestants.
Les revendications des grévistes sont multiples : arrêt des licenciements, amélioration des conditions de travail, transparence sur les finances des entreprises et participation directe des travailleurs aux décisions stratégiques. « Il y a des gens qui prennent les pires décisions et mettent notre industrie dans l’état où elle est. Ensuite, on nous demande de payer l’addition », déplore Vincent Cambedouzou.
Cette grève survient alors que le secteur traverse une période de crise profonde. Après des années fastes pendant les confinements, où les ventes de jeux vidéo avaient explosé, l’industrie connaît un recul important depuis près de deux ans. Les fermetures de studios et les licenciements se multiplient.
En octobre dernier, près d’un millier de salariés d’Ubisoft ont protesté contre un changement de politique sur le télétravail. Le groupe a également reporté la sortie de son jeu phare « Assassin’s Creed Shadows » et fermé plusieurs studios dans le monde. De son côté, le studio parisien Don’t Nod a annoncé un plan de licenciements touchant 69 employés sur les 250 que compte le studio, entraînant plusieurs jours de grève.
Longtemps perçue comme une industrie créative et innovante, l’industrie du jeu vidéo est désormais confrontée à des réalités économiques brutales. Julien Pillot, économiste spécialiste des industries culturelles, constate : « Des centaines, voire des milliers de salariés se réveillent avec la gueule de bois car ils se rendent compte qu’ils sont devenus des ouvriers comme les autres. »
En parallèle des enjeux économiques, le STJV dénonce des dérives sociales. Ces dernières semaines, le syndicat a partagé des témoignages anonymes illustrant un climat de travail toxique et du sexisme dans certaines entreprises du secteur. Face à cette situation, le nombre d’adhérents du syndicat a connu une hausse exponentielle, atteignant bientôt le millier.
Cette mobilisation sans précédent pourrait bien marquer un tournant pour l’industrie du jeu vidéo en France. Le STJV appelle à une réorganisation en profondeur du secteur, afin d’améliorer les conditions de travail et de garantir une meilleure transparence financière. « C’est un métier que nous sommes dans la plupart du temps contents de faire. En revanche, c’est terriblement mal organisé, on pourrait faire beaucoup mieux, avec de meilleures conditions de travail », conclut Vincent Cambedouzou.
Face à cette crise, la journée du 13 février 2025 pourrait bien devenir un symbole de lutte pour la reconnaissance des droits des travailleurs et une prise de conscience collective sur la réalité des conditions de travail dans l’industrie du jeu vidéo en France.
Visuel : Angélina Zarader assistée de ChatGpt