L’historien Ivan Jablonka dédie 400 pages au phénomène JJG. C’est l’un des grands essais de la rentrée, alors que l’icône est entrée dans le silence. Mais faute d’archives et de sources nouvelles, ça ronronne un peu, même si la musique est bonne…
« Pour exister, Goldman a dû composer avec les règles de son temps, mais il a fini par composer lui-même l’air du temps. » Pourquoi JJG s’est-il ainsi effacé ? L’historien Ivan Jablonka enquête et déploie sa théorie, envers et contre tout. La famille ne l’a pas laissé accéder aux archives ? Point d’entretien avec Goldman lui-même qui s’est exilé et a même jeté l’éponge pour les Restos du Cœur ? Qu’importe ! L’auteur de l’Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus se plonge dans les numéros de Salut les copains de l’époque pour dévorer systématiquement les couv, les classements et les interviews. Il fait des listes de tops et d’occurrences, pour nous convaincre que JJG n’est pas que la personnalité préférée des Français. C’est aussi un musicien qui a caracolé en tête des ventes de disques, à titre personnel et au travers des tubes écrits pour Johnny, Céline Dion ou encore Khaled, pendant plus de 25 ans.
Assez passionné, très pop, et, sans hésitation, parfois très personnel (on découvre en fin de parcours que l’auteur a séduit sa femme avec sa théorie sur JJG), cet essai nous faire revivre l’épopée de ce boy-scout laïc fan de guitare et de rock anglo-saxon converti à la chanson. Et il y a même quelques moments d’exégèse juive des textes des chansons, notamment avec l’aide de Delphine Horvilleur, de « Je marche seul ». Seul hic de cette somme sur la pop star : ça manque un peu de données et de perspectives nouvelles. Une approche réellement sociologique avec des entretiens sur la réception aurait peut-être gonflé un peu les muscles de l’ouvrage.
Ivan Jablonka, Goldman, Editions du Seuil, 440 p. 21,90 euros. Sortie le 18/08/2023
Visuel (c) couverture du livre