Le Festival d’Annecy 2025 célèbre l’animation française mais alerte sur ses fragilités

Pendant une semaine, la ville d’Annecy a été le cœur battant de l’animation mondiale. Pour sa 49e édition, le festival a rassemblé les plus grands noms du domaine, offrant une vitrine exceptionnelle à la diversité des styles, des techniques et des visions artistiques de l’animation contemporaine. Un rendez-vous majeur, à un moment où l’animation gagne du terrain dans l’industrie cinématographique, tout en se heurtant à des enjeux de taille.

Des créations françaises au sommet

Cette année encore, la France s’est distinguée par la richesse de sa production. Le Cristal du long métrage, plus haute distinction du festival, a été attribué à Arco d’Ugo Bienvenu. Ce film, à la fois écologique et fantastique, entraîne les spectateur·ices dans un univers onirique et engagé, confirmant le talent singulier de son auteur.

Côté courts métrages, Les Bottes de la nuit de Pierre-Luc Granjon a séduit doublement : il repart avec le Cristal du court métrage et le prix du public. Son univers sombre, animé en écran d’épingles, nous plonge dans la forêt aux côtés d’un enfant croisant d’étranges créatures, mêlant poésie et inquiétude.

Autre film remarqué : Planètes de Momoko Seto, une odyssée post-apocalyptique où des pissenlits, seuls rescapés d’un monde détruit par les bombes nucléaires, cherchent une terre d’accueil dans le cosmos. Une fable écologique et visuelle, saluée par la critique.

L’animation, entre reconnaissance et menaces

Mais au-delà de la célébration, le festival a aussi été le théâtre d’alertes lancées par les professionnel·les du secteur. Lors d’une conférence de presse, le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) a tiré la sonnette d’alarme :

« C’est avant tout une crise de l’emploi, qui met en péril l’écosystème français, touche durement les technicien·nes et les nouveaux entrants, l’emploi de demain et la formation », a déclaré le SPI, relayé par le journaliste Clément Colliaux dans Libération.

Le secteur subit une baisse des investissements, et doit désormais composer avec deux concurrents majeurs : les films en prise de vue réelle, souvent produits par les grands studios américains, et l’usage croissant de l’intelligence artificielle dans la création.

La tendance des live actions inquiète : les remakes en prises de vue réelles de Disney – comme Lilo & Stitch – ou de DreamWorks avec Dragons, envahissent les écrans et grignotent l’espace dédié à l’animation originale.

L’intelligence artificielle, une menace idéologique ?

Autre sujet brûlant : l’intelligence artificielle. Une polémique récente a enflammé la toile lorsqu’un visuel inspiré de l’esthétique du studio Ghibli – généré par IA – a été récupéré à des fins de communication politique par des partis d’extrême droite, notamment Marine Le Pen. Une récupération dénoncée, car contraire aux valeurs humanistes et pacifistes portées par le studio japonais.

Face à ces dérives, le rôle des festivals comme Annecy devient d’autant plus crucial : ils mettent en lumière des œuvres originales, défendent la création indépendante et rappellent que l’animation est bien plus qu’un genre – c’est un langage artistique à part entière.

Le palmarès complet des lauréat·es est disponible sur le site officiel du Festival d’Annecy.