Polars, essais, romances, règlements de comptes familiaux… Cette année, la rédaction Livres de Cult a parcouru tous les styles d’écriture, découvrez leur sélection.

Une fois n’est pas coutume, le livre que je vais célébrer est un livre primé : s’il est une récompense méritée, c’est bien l’attribution du Grand Prix de l’Académie française à Passagères de nuit, de Yanick Lahens, qui entrelace avec subtilité le destin de trois femmes haïtiennes confrontées à la violence que le monde peut vous réserver quand vous êtes à la fois noire et femme dans un monde patriarcal, colonial et esclavagiste. La douceur de la langue, mais aussi la recherche d’espoir ont fait de cette lecture un moment longuement mémorable.
Côté essais, la somme des éditions La Découverte Multinationales. Une histoire du monde contemporain, dirigé par Olivier Petitjean et Ivan du Roy, reste un incontournable, destiné à durer comme référence.

Je retiendrai le roman de Camille Kouchner, Immortels, ou l’éloge de la fraternité, une fraternité malgré les séparations, les épreuves, les trahisons. J’ai été ému par ce roman, très bien construit, mêlant le tragique et l’espoir , qui magnifie l’enfance et qui mise sur la mémoire car nos souvenirs, eux, sont immortels.
Et puis Le Jardinier et la mort de l’écrivain bulgare Gueorgui Gospodinov. J’ai été saisi par la beauté du texte, par sa poésie. C’est un magnifique hommage d’un fils pour son père, un homme tout simple mais qui en son jardin devenait un artiste.
Explosive modernité d’Eva Illouz est un essai à mettre entre toutes les mains! D’emblée elle inverse le propos: notre malaise intérieur n’est pas de notre seule responsabilité mais découle aussi des bouleversements sociétaux. J’ai apprécié ce début déculpabilisant, presque thérapeutique. Alors elle convoque la littérature et la sociologie pour décrypter nos émotions dans cet essai qui pourrait nous rendre » plus intelligents…

Cette année a été sous le signe de la bande-dessinée de mon côté ! J’y ai trouvé beaucoup de douceur, de tremplins vers l’imaginaire et de chemins d’apprentissage. Les essais et romans n’ont pas été en reste.
Je retiens Le Chevalier imberbe de Tamos le Thermos dont l’humour de sa plume et la richesse de ses dessins ne me déçoivent jamais. Son univers moyenâgeux/moderne est à mourir de rire, mais c’est surtout la profondeur et la subtilité de son discours qui restent dans les têtes et les cœurs.
Mention spéciale pour Sainte-Marie-des-Haines-Infinies de Louise Mey qui est un véritable espace d’expression, de découverte et d’expiation de la colère adolescente. Ce texte et sa prose sont de vrais coups de poing qui demeurent longtemps, et pour le mieux, en tête.

Encore une année riche en découvertes ! La mienne fut notamment marquée par deux pavés : les deux premiers tomes de la trilogie de Benjamin Dierstein, Bleus, Blancs, Rouges et L’Etendard sanglant est levé, consacrée à la fin des années 1970 – début des années 1980. Un polar passionnant et foisonnant, dont on attend le troisième tome pour la rentrée littéraire de janvier.
Noyé dans la rentrée littéraire, j’ai été très ému par le livre de David Thomas sur son frère schizophrène, Un frère.
J’ai aussi été happé par cet auteur de science-fiction/fantastique dont je ne cesse de découvrir les bizarreries, Brian Evenson. Sous forme de polar, La Confrérie des mutilés déroule une intrigue à 100 à l’heure.
Côté BD, j’ai été ébloui par chaque planche de Silent Jenny de Mathieu Bablet, par la création de L’Enfant et les sortilèges de Ravel sous la plume de Dorothée de Monfreid ou encore par les délires horrifiques de Junji Ito (Black Paradox).

