La journée du 18 septembre est présentée par les syndicats et des sources policières comme une mobilisation plus importante que celle du 10 septembre, portée par le mouvement « Bloquons tout ». Ce jeudi, le secteur culturel souhaite davantage faire converger ses revendications avec les autres secteurs professionnels en grève.
Par Lou Valette et Luna Beaudouin-Goujon
Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 18 septembre pour protester contre les mesures d’économies prévues par le gouvernement sortant de François Bayrou. La CGT-spectacle, comme les syndicats des autres secteurs professionnels, voit dans ses dernières annonces « l’austérité budgétaire et sociale » et « la casse des services publics ». Selon les syndicats et des sources policières interrogées par France Info, le double de manifestants est prévu pour cette journée de grève interprofessionnelle.
Le 10 septembre, un peu plus d’une trentaine de musées, monuments et services publics du ministère de la culture à Paris et en région étaient totalement fermés et d’autres, partiellement. À Aix-en-Provence, les visites aux Archives nationales étaient aussi perturbées. Le mouvement « Bloquons tout » a, selon la CGT, rassemblé 250 000 personnes, et 175 000 selon le ministère de l’Intérieur.
Le secteur culturel s’inquiète de la réduction du budget du ministère de la Culture de 200 millions d’euros en 2024, et de 50 millions en 2025. De plus, quasiment la moitié des collectivités territoriales a réduit le budget culturel entre 2024 et 2025 selon l’Observatoire des politiques culturelles (OPC). SUD Culture Solidaires réclame dans ce contexte « la fin des contrats et statuts précaires, une Sécurité sociale de la culture » et veut accentuer «la lutte contre la mainmise grandissante de l’extrême droite sur sur des pans entiers de la culture ».
Plusieurs centaines de personnes avaient occupé, le 10 septembre, l’ancien Pavillon Villette à Paris, actuellement en travaux. À partir d’automne 2025, il doit accueillir la « Maison des cultures urbaines » voulue par Rachida Dati. La ministre démissionnaire est accusée depuis juin par la CGT-spectacle de « multiplier les mensonges pour justifier la réforme de l’audiovisuel public et nier l’existence des coupes budgétaires dans tout le secteur culturel ». Les forces de l’ordre ont expulsé le jour-même ceux qui tentaient d’occuper le lieu jusqu’à nouvel ordre.
Les appels à faire converger les luttes de tous les secteurs professionnels ont été réaffirmés. Dans un communiqué publié sur Facebook, la CGT Paris-Musée revendique le « retrait du plan Macron-Bayrou, qui prévoyait 44 milliards de coupes budgétaires », et ne se satisfait pas de la nomination comme premier ministre de Sébastien Lecornu. Selon le syndicat, celle-ci présage « de nouvelles attaques contre les travailleurs et notamment contre les services publics et la Sécurité sociale ». « Même si Lecornu renonce à supprimer deux jours fériés, les régressions sociales restent à l’ordre du jour », ajoute-t-il.
La CGT Paris-Musée appelle donc à la grève et « à défiler ensemble à la manifestation » intersyndicale Place de la Bastille. Une assemblée générale des musées est aussi prévue à 10h à la Bourse du travail. Le compte Instagram Culture en lutte Ile-de-France a également programmé une AG ce soir du 17 septembre à 18h30 au même endroit.
D’autres assemblées générales sont prévues en région, notamment à Nantes. Le collectif Culture en lutte a invité sur Instagram les intéressé·es à se regrouper lors d’une assemblée générale au Lieu unique, après la manifestation.
Le 16 septembre devait avoir lieu la première de Ariodante, la pièce mise en scène par Robert Carsen qui devait lancer la rentrée de cette saison 2025/2026. Cette annulation symbolique décrit un malaise profond.
Le directeur de l’Opéra, Alexander Neef, déplore cette situation qui entraîne des pertes financières conséquentes : « Cela représente plus de 250.000 euros de pertes de recettes ». Il craint aussi une rupture avec le public. Une grève qui risquerait d’entraîner « une immense déception pour notre public et nos partenaires ». Les salarié.es eux réclament à l’Etat « un niveau de cadrage salarial cohérent ».
La semaine dernière déjà, plusieurs employés de l’Opéra, dont de nombreux·ses technicien·nes, avaient suivi le mouvement de grève du 10 septembre.
En 2024, les artistes avaient, eux aussi, participé à cet acte de résistance. L’établissement avait dû annuler plusieurs représentations de ballet. Les danseuses et danseurs réclamaient « notamment une meilleure prise en compte financière de leur temps de préparation ». Cette année, ils s’insèrent dans un mouvement plus global de protestation commune à tous les secteurs.
Pour cette deuxième journée de mobilisation, le syndicat SUD Culture Solidaires réclame notamment « la fin des contrats et statuts précaires »./ Ici à Avignon le 8 juillet dans un concert contre les coupes budgétaires. ©Fédération du spectacle