Grèves et manifestations dans toute la France : le 10 septembre s’annonce comme une journée noire. La CGT Spectacle appelle à défendre la culture face aux coupes budgétaires et à la précarité grandissante dans le secteur.
Par Rafaela Velasco et Lou Valette
Alors que le mois de septembre s’annonce tumultueux sur le plan politique, avec un vote de confiance prévu par le premier ministre le 8 et une potentielle chute du gouvernement Bayrou envisagée par la suite, le secteur culturel est également en première ligne de cette rentrée placée sous le signe de la contestation.
Le mercredi 10 septembre se profile déjà comme une journée de mobilisation sans précédent qui pourrait bien cristalliser les différentes colères. En l’espace de quelques semaines, cette date est devenue un objet politique incertain que personne ne parvient encore à définir mais qui, dans différents secteurs, compte porter des revendications variées.
Ce n’est pas une première pour le secteur culturel qui s’est déjà mobilisé à plusieurs reprises cette année. Travailleur·euse de la culture se mobilisent depuis plusieurs mois contre les coupes budgétaires et plus largement l’austérité imposée par le gouvernement, qui impact directement le secteur. (ex : coupes dans les collectivités avec une baisse totale de 65 millions d’euros).
Pour 2026, le gouvernement cherche encore à faire 40 milliards d’euros d’économie (d’après CGT Culture), ce qui soulève de nombreuses craintes de suppression de postes ou encore de fusion d’établissements culturels. Des baisses de budget qui laissent présager des conséquences directes dictées par la contrainte de trouver des fonds pour subsister : augmentations des billets d’entrée, privatisation d’espaces, l’usage de marques, le développement de filiales, de partenariats public-privé au travers de fondations. Autant d’éléments allant vers une marchandisation du secteur culturel pour subvenir à ses besoins, au détriment de sa mission première de service public ainsi que des travailleur·euse de la culture et ses usagers.
Le 23 mai 2025 avait lieu sur la place de la République un rassemblement organisé par différentes organisations du spectacle vivant. Le journal Le Parisien rapportait les paroles de Ghislain Gautier, le secrétaire adjoint de la CGT spectacle, qui en disent long sur l’état actuel du monde de la culture : « Les coupes budgétaires nous asphyxient, aucun territoire n’est épargné […] ».
Alors que la CGT appelait cet été à la mobilisation au festival d’Avignon si la ministre de la culture, Rachida Dati, venait à s’y présenter, et réclamait sa démission, le syndicat appel une nouvelle fois les acteurs de la culture à se mobiliser, le 10 septembre, contre la précarité grandissante dans le secteur culturel : « Depuis des mois nous alertons sur la situation sociale dramatique subie par l’ensemble des salarié·es dans le secteur culturel où la précarité tend déjà à être la norme. » Une nouvelle mobilisation avec pour revendications principales la fin de l’austérité budgétaire et sociale, contre la casse des services publics, pour l’augmentation des salaires ainsi que pour une protection sociale efficiente. La CGT spectacle appelle les professionnel·les du spectacle vivant […]à la grève dès le 10 septembre […] et à rejoindre les manifestations sur tout le territoire.
Plusieurs professionnels du spectacle vivant avaient déjà appelé à faire front contre les coupes budgétaires imposées par le gouvernement. Le mouvement « Debout pour la culture » émergeait au début de l’année 2025, invitant les spectateurs à se lever à l’issue des représentations pour soutenir le secteur culturel menacé par les restrictions budgétaires. C’était notamment le cas au Théâtre de l’Odéon lors des représentations de Grand-Peur et misère du III° Reich mise en scène par Julie Duclos.
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Sur Instagram, Julie Duclos publiait cette photo lors de la dernière de Grand-Peur et Misère du III° Reich invitant le secteur de la culture à se mobiliser : « Un mouvement est né, Debout pour la culture !, que nous vous invitons à rejoindre, si comme nous vous êtes convaincus que l’Art n’est pas un luxe mais une nécessité. »Une pétition de soutien avait récolté 40 000 signataires parmi lesquels des personnalités influentes du monde de la culture.En prévision de la mobilisation du 10 septembre certains lieux culturels ont déjà adapté leur calendrier comme la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis qui choisit de décaler au 9 septembre la première de la pièce Avant toute chose en collaboration avec la Fondation Hermès.
Une rentrée sous le signe de la contestation donc avec cette date clé, mais qui ne s’arrête pas là. La CGT spectacle le sait, le 10 septembre n’est qu’une « étape » et a déjà prévu une autre mobilisation, le 18 septembre, qu’elle veut encore plus importante. Avec une mobilisation de masse, regroupant différents secteurs, les professionnels de la culture entendent marquer le coup et espèrent faire bouger les lignes politiques.
Visuel: © Fédération du spectacle