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Laurence Haziza : « La musique m’a toujours accompagnée comme une respiration dans ma vie »

par Yaël Hirsch
14.05.2025

Le Sacré Sound Festival revient à Paris pour sa deuxième édition du 21 mai au 5 juin prochain. À cette occasion, nous avons rencontré sa fondatrice et directrice, Laurence Haziza – également directrice du Festival Jazz’n Klezmer – qui nous en dit plus long sur les liens entre le son et le sacré.

Quels sont les artistes qui vous ont marquée ?

 

C’était une vraie découverte et une révélation, mais le choc esthétique me viendra après. Quand, petite, j’écoutais Cat Stevens. Frank Zappa et Robert Wyatt m’ont fait un effet de… «Waouh, qu’est-ce que c’est ? ». Ces musiciens sont très différents, mais ils se situent toujours un peu à la marge. On a toujours l’impression qu’ils vont tomber dans le fossé et puis ils ne tombent pas. Chez  Zappa, chez Robert Wyatt, il y a un côté un peu dissonant et que j’ai toujours trouvé fascinant. Et quand mon père a acheté sa première chaîne hifi des violons et que j’ai entendu les Boney M. reprendre Sunny de Bobby Hebb et que j’ai entendu le son  passer d’une enceinte à l’autre. J’étais fascinée, j’étais vraiment petite et c’est le premier album que mon père a acheté. J’ai quelques références de grandes musiques classiques parce que j’ai fini par en écouter et que j’étais fascinée par les valses hongroises de Brahms. On avait quelques disques à la maison et je me les passais en boucle, comme Tchaikovsky.

 

Et quel est votre premiers souvenirs musical ?

 

J’avais 16 ans et j’étais monitrice dans une colonie juive en Suisse, chez Marinette Hartman, tout près de Montreux. Lorsque nous avons eu une journée de permanence, j’ai décidé de la passer à Montreux. Nous étions en plein mois de juillet, en plein festival de Jazz de Montreux. Je me suis posée sur les bords du lac Léman, et j’ai passé l’après-midi à lézarder au soleil de la Suisse et à me bercer de jazz, c’était sublime. Je ne sais absolument pas quel groupe passait là, mais je n’ai pas oublié la sensation de bien-être et de liberté qui m’a envahie ce jour-là.

 

Comment avez-vous réalisé que la musique accompagnait aussi la religion ?  

 

C’était à la maison. Ma révélation en musique, elle est arrivée dans ma famille juive algérienne par un grand-père qui jouait de la mandoline, mon père qui jouait de la darbouka, mon oncle qui jouait des cuillères qu’il cognait les unes aux autres, un autre oncle qui jouait du violon, le quatrième qui jouait du oud et on faisait des grandes fêtes. J’avais 4-5 ans, on rendait hommage à un Saint. La fête s’appelait la Hiloula et célébrait le saint juif Shimon Bar Yohaï. Mon père jouait de la sublime musique andalou-arabe avec des violons qui se rapprochaient de la musique classique. Toute ma famille était musicienne ; Mon grand-père jouait avec Renet Loranès, avec Maurice Médioni. J’ai grandi avec ces musiques. Ma petite enfance, c’était avec la musique arabo-andalouse. Farid El Atrache, Farid le sourd, qui s’appelait Farid El Atrache, mais qui était juif.Pour la Hiloula il y avait donc cette musique arabo-andalouse et on faisait venir d’Algérie un chanteur qui s’appelait Nouri Koufi qui était un chanteur musulman. Il venait chanter pour la Hiloula de ce saint juif.

 

 

Dans votre famille, c’est plutôt les hommes qui jouaient de la musique ? Quelle était la place des femmes ? 

 

Les femmes chantaient, elles ne jouaient pas de musique. Elles chantaient très bien même. Ma mère a une très belle voix, elle faisait le henné dans les mariages et tout le monde l’écoutait. Ma grand-mère paternelle chantait, mais c’est les hommes qui faisaient de la musique. Tous les Shabbat chez ma grand-mère paternelle, les parents de mon père, mes oncles, prenaient les guitares et on jouait Cat Stevens, on jouait les chansons d’Enrico Macias. C’était des chansons qu’ils reprenaient et il y a toujours eu de la musique. Je constate par votre question que la musique est liée à des moments de religion, de Shabbat, de fête de famille parce qu’on se réunissait le vendredi. Ça jouait tout le temps.  

 

En choisissant le théâtre au début, pensiez-vous vous échapper de la musique ou, au contraire, pensiez-vous toujours vous en emparer et l’utiliser sur scène ? 

 

Je n’ai jamais pensé m’emparer de la musique, elle m’a toujours accompagnée.  Elle m’a toujours accompagnée comme une respiration dans ma vie. Je n’ai jamais pensé que j’allais en faire mon métier. Le théâtre, je l’ai fait parce qu’à 15 ou 16 ans, je l’avais découvert à l’Hashomer Hatzair, qui est un mouvement de jeunesse sioniste de gauche où les jeunes juives et juifs de mon âge se retrouvaient. On faisait des ateliers théâtre et c’était incroyable ! Nous avons même fait des sketches et des  chorégraphies avec Elie Kakou. Il était beaucoup plus âge que nous, il était absolument inconnu à l’époque, et on rigolait beaucoup. 

Comment la musique vous a-t-elle «rattrapée» ?

Le théâtre m’a plu très jeune. Mais enfant, je n’allais pas au théâtre. C’était un autre métier, quelque chose qui était loin de moi. En revanche, pour la musique, je ne me suis jamais posé la question. Le fait de travailler dans la musique est venu par la musique klezmer, par la rencontre avec Bruno Nahum et Claude Zwimmer et le renouveau des musiques juives. J’ai trouvé que c’était quelque chose d’exceptionnel, parce que j’avais dans l’idée que la musique klezmer était très ancienne et figée. Je trouvais que l’idée de mêle musique si traditionnelle avec des sons très actuels était puissante. Je trouvais que c’était important pour les jeunes générations, la transmission d’une ancienne génération à une nouvelle. Et ça passe par une musique plus actuelle, par un mélange de ces musiques avec d’autres musiques plus actuelles. C’est en réalité le cœur de ce que je fais.

 

Qu’est-ce que ça donne dans les années 1980 ? Où naissent les grandes difficultés sociales, les questions d’intégration de différentes cultures ? Quel rôle joue la musique à ce moment-là ? À quel moment vous dites-vous que la musique peut être très humaine, et donc très politique ?

 

Dans les années 1980, c’était là où il y avait ces grandes fêtes de hiloula et où on faisait venir un chanteur musulman d’Algérie qui avait une petite cote à Nedroma, de là où venaient mes parents, et qui par ailleurs est un berceau de la musique judéo-arabe. J’ai grandi à un endroit de la société où à l’étage du dessous il y avait une famille française de souche, au-dessus il y avait deux familles musulmanes et une famille du Congo, encore au-dessus il y avait deux familles juives et une famille française, etc… donc, dans cet immeuble qui était ma petite société, enfant, il y avait toutes les communautés. Il y avait aussi des Yougoslaves avant la guerre. On était dans une catégorie sociale assez populaire et tout le monde s’est toujours accordé, et a toujours dialogué, Pas toujours autour de la musique, d’ailleurs, mais le spectre sociologique était très uni. Chacun avait ses coutumes,  ses croyances, ses amis. On n’était pas tous des amis, mais tout circulait avec une grande fluidité, sans problème.

 

Comment vous vient l’idée de créer un festival le premier printemps après le 7 octobre 2023 ?

L’idée m’est venue avant le premier printemps du 7 octobre, c’est ça la folie. Tout est arrivé avant.  L’idée a maturé avant le 7 octobre. Le 7 octobre est arrivé comme une explosion de croyances, de dialogues, d’unité, de communion. Ça a scindé. Le 7 octobre nous a stupéfiés. Aujourd’hui, on a les conséquences du 7 octobre, on a l’injonction de choisir son camp, on a l’injonction d’aimer l’un ou l’autre. J’ai l’impression que le 7 octobre même et les quelques mois qui ont suivi, il y avait une envie de maintenir ce dialogue et cette fluidité. On avait l’espoir que les otages allaient être libérés, on avait l’espoir que la guerre de Gaza allait durer quelques semaines et pas deux ans. On n’est pas dans le même état quelques mois après le 7 octobre et aujourd’hui. On n’était pas encore si scindés.

 

La première édition a commencé avec une chanteuse iranienne et une chanteuse israélienne qui chantaient toutes deux en perse. Émotionnellement, c’était déjà très fort. 

 

C’est très fort, et surtout j’ai eu très peur. Par exemple, Walid Ben Selim qui est à l’affiche du festival cette année le 4 juin, était déjà programmé en 2024 à la synagogue Copernic depuis le mois de septembre. Arrive le 7 octobre, et là j’ai peur. Je me dis que plus rien ne va tenir de ce festival. Et tout a tenu. Walid musulman et marocain est venu jouer à la synagogue de Copernic et donc tout ce qui avait déjà du sens est devenu décuplé avec le 7 octobre. Mais aujourd’hui, c’est plus lourd. Le monde a changé. Je pense que le 7 octobre a changé le monde et a scindé l’Occident. Et on est au début de ce changement. Je ne suis pas très optimiste. 

 

Pensez-vous qu’on peut tenir ?

 

On est obligé. Avant, c’était un acte politique de mettre en parole et en lien les musiques de ces trois religions monothéistes, et des autres croyances. C’était un peu une envie de poser un acte politique au sens d’un engagement où on continue à se parler tous et on continue à dialoguer. Aujourd’hui, c’est un acte de résistance parce qu’en faisant une chose comme ça, je rencontre sans arrêt des limites et j’essaie de les dépasser. La musique est univers de gauche aujourd’hui très mobilisé contre Israël. Et moi, je demeure une juive de gauche et je continue à vouloir créer du lien. Je ne veux pas créer du lien à n’importe quel prix, je ne veux pas tomber sur des gens qui ont un discours extrêmement haineux, extrêmement antisémite. D’un autre côté, je ne peux pas non plus entendre « Qu’est-ce que tu fais à défendre la langue arabe ? » C’est très compliqué, et c’est plus dur pour la deuxième édition que pour la première, bizarrement.

 

Où est la langue arabe dans ce festival ? 

 

Elle est sacrément présente cette année. Même l’artiste israélienne, Neta Elakayam (lire notre interview) chante en arabe. Elle est avec Walid Ben Selim, qui revient avec Ariana Vafaradi parce qu’ils se sont rencontrés l’an dernier et qu’ils ont décidé d’être le parrain et la marraine. Ils ont pris le pouvoir, et c’est génial quand les artistes se mettent à proposer des créations pour être là l’année suivante :  je n’ai pas pu dire non ! Et puis il y a Éléonore Fourniau qui ne chante pas en arabe, mais en kurde. Plus tard, l’on pourrait avoir des artistes qui chantent en araméen, ce serait génial. En deuxième édition, on effleure encore une partie de la programmation. Pour la troisième édition, j’ai envie d’aller plus vers des prières l’an prochain et plus vers des musiques actuelles aussi. Si on veut aller plus loin que la langue arabe, il faut aller vers l’araméen qui est le berceau des deux langues : de la langue hébraïque et de la langue arabe. Donc pourquoi pas, je lance l’appel à candidatures ! Et si demain j’ai un projet absolument extraordinaire en yiddish, je le prends tout de suite !

Visuel : © Zoar