30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC    30.06.25 : Audiovisuel public : le texte rejeté avant même son examen, camouflet pour Rachida Dati à l’Assemblée    29.06.25 : Les personnels de Radio France appellent à une manifestation lundi 30 à 14h devant le Ministère de la culture    24.06.2025 : Thomas Jolly prend la tête de la commission jeu vidéo du CNC
Actualités
Agenda
Musique
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

Lauréate Nathalia Milstein : « « J’ai retrouvé un intérêt musical et sportif à la situation de concours »»

par Hannah Starman
27.06.2025

Nous avons rencontré Nathalia Milstein, lauréate du Concours Reine Elisabeth de piano à Bruxelles quelque temps après l’annonce des résultats le 31 mai 2025. La pianiste entoure son verre de latte matcha de ses doigts longs et fins et répond à nos questions avec la grâce, la verve et la fraicheur que nous avons pu observer lors de son interprétation à la finale.

Qu’est-ce qui vous a fait participer au Concours Reine Elisabeth, alors que vous avez déjà une belle carrière internationale ?

 

Préparer un concours à près de 30 ans relevait pour moi d’un défi personnel. J’en ai fait plus jeune et j’ai notamment reçu le premier prix à Dublin [premier prix au Concours International de Piano] à 19 ans. C’est ainsi que j’ai pu commencer à exercer mon métier tôt, entre autres raisons. Plus tard, j’ai travaillé avec András Schiff qui avait un avis très tranché sur l’utilité des concours, je me suis donc concentrée sur les concerts. Mais récemment j’ai retrouvé un intérêt musical et sportif à me réconforter à la situation de concours. J’ai choisi de me présenter au Concours Reine Elisabeth parce que c’est l’un des concours les plus centraux et les plus anciens en Europe, qui offre un vrai accompagnement des lauréats. On ne cesse jamais d’évoluer et un concours aussi prestigieux permet aussi de se présenter à un nouveau public et à de nouveaux organisateurs de concerts.

 

N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal dans l’idée de compétition entre artistes ?

 

L’idée du concours en soi me paraît anti-artistique et c’est finalement aussi un concours de circonstances. Évidemment, il faut se préparer au mieux et il faut donner le meilleur de soi, mais il y a tant de choses qui ne dépendent pas de nous. A ce niveau, les artistes se valent plus ou moins d’un point de vue purement « technique ». Ce qui les distingue surtout, c’est une individualité, une interprétation personnelle que l’on ne peut pas vraiment soumettre à un jugement avec des critères objectifs. Le jury peut avoir une vision artistique qui va privilégier certains candidats, l’horaire de passage peut influencer le jeu du candidat et l’écoute du jury, le piano peut convenir mieux à un candidat et moins à un autre, etc. La préparation d’un concours demande un tel investissement que je me suis dit que cela me servirait pour ma vie professionnelle future. Mais, je ne me serais pas présentée juste pour faire avancer ma carrière, l’engagement émotionnel est trop important et on ne peut jamais prévoir le résultat.

 

 

Quelle est la différence entre jouer devant un jury ou devant un public en concert ?

 

Il y a certainement une part de public qui s’intéresse à l’aspect compétitif de l’exercice, mais j’ai senti qu’il y avait parmi les spectateurs surtout des mélomanes qui aimaient le piano et qui étaient là pour écouter de la musique. Beaucoup sont conscients des enjeux, des aléas du concours et du travail investi par les candidats. J’ai senti une grande bienveillance de la part du public. Mon expérience de scène m’a aidée à me convaincre que ce n’est qu’une situation de concert, mais j’avais beaucoup plus le trac que d’habitude! Après un mois d’épreuves, on est exténué et la tension de la dernière épreuve a été colossale pour moi. Je crois qu’il y a peu de situations aussi démotivantes, artistiquement, que de jouer devant un panel de pianistes qui connaissent par cœur la partition et qui sont là pour critiquer tous les aspects de votre jeu. Je pense qu’il est donc d’autant plus important de jouer avec l’illusion que ce panel n’existe pas.

 

Quelles sont les étapes à franchir pour en arriver jusqu’à la finale ?

 

Il y a eu une première sélection qui se fait sur dossier. Il faut envoyer un enregistrement vidéo avec un programme imposé : une étude de Chopin, une sonate de Haydn, Mozart, Beethoven ou Schubert, une pièce au choix et un contrepoint de l’Art de la fugue de Bach. Sur environ 300 candidatures, une soixantaine a été retenue et on a appris les résultats en février. Le premier tour se déroule en présentiel à Bruxelles, avec au programme : le premier mouvement d’une sonate de Haydn, Mozart ou Beethoven, une œuvre au choix (Thème et Variations de Tchaïkovski pour ma part) et quatre études, une de Chopin, une de Liszt, une de Ligeti et une au choix. Le jury choisit ensuite d’entendre une vingtaine de minutes de ce programme. En demi-finale, l’épreuve se fait en deux étapes: deux récitals de 40 minutes dont un seul est choisi par le jury la veille du passage, dans lesquels nous devions inclure une œuvre composée par Ana Sokolović spécialement pour le concours. Le reste de mon programme comportait deux morceaux de Rameau, le Quatrième Scherzo de Chopin et la Sonate de Bartok; la deuxième étape étant un concerto de Mozart avec orchestre. Les programmes des trois tours devaient être soumis en novembre dernier et les épreuves ont lieu en mai, six mois après.

 

Vous avez interprété le Concerto n° 2 de Brahms en finale. Qu’est-ce qui a motivé le choix risqué de cette œuvre titanesque ?

 

Tout choix peut s’avérer risqué, je pense ! Mais c’est vrai que l’écriture de Brahms respecte un équilibre extraordinaire entre l’orchestre et le soliste ce qui fait que l’orchestre, qui accompagne symphoniquement le piano, a un rôle peut-être plus déterminant que dans d’autres concertos. C’est à la fois une œuvre symphonique et de musique de chambre. Le dialogue entre le soliste et l’orchestre est très subtil et s’il n’y a pas une connivence claire entre les deux, même une oreille pas très affûtée peut entendre le décalage. Je devais apprendre ce concerto pour une tournée au Pays-Bas quelques semaines avant le concours et j’avais aussi très envie de jouer cette œuvre qui en impose tellement et que j’aime. Le choix était donc vite fait. Pour moi, ce concerto est la perfection même !

 

 

L’avez-vous suffisamment répétée avec l’orchestre ?

 

Le concerto dure 50 minutes – c’est l’un des plus longs concertos pour piano – et nous avions deux répétitions de 50 minutes avec l’orchestre. Ce qui signifie que nous avons joué deux fois l’entièreté du concerto, malheureusement sans avoir le temps pour échanger musicalement avec l’orchestre. Ce n’est la faute à personne, ce sont des conditions du concours.

 

Avant d’interpréter le concerto de Brahms, vous avez joué une partition imposée. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

Music for the Heart de Kris Defoort est une pièce très bien écrite et je crois que tous les finalistes l’ont appréciée. Elle parle facilement aux musiciens et permet à chacun de montrer sa sonorité, ses affinités avec certains phrasés et certaines techniques pianistiques. J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer cette œuvre et j’ai trouvé son langage inspiré et intéressant. Kris Defoort est venu nous retrouver à la Chapelle pour nous raconter l’histoire de l’œuvre. Il avait subi une lourde opération du cœur et pendant toute la durée de la pièce, il y a un ostinato rythmique et lent qui représente le battement du cœur. Nous avons pu nous identifier à cette histoire intime et touchante. Je ne sais pas laquelle des douze versions le compositeur a préféré, mais il a choisi celle de Yuki Yoshimi pour l’album officiel.

 

On vous a octroyé une semaine pour étudier la partition, coupés du monde extérieur.

 

Tout à fait. Une semaine avant l’épreuve finale, les douze finalistes sont enfermés à la Chapelle musicale Reine Elisabeth à Waterloo. C’est une académie de musique à proximité de Bruxelles et les élèves peuvent y habiter. Il y a des mini-studios acoustiquement isolés et équipés d’un piano à queue. L’école était en activité pendant notre séjour, il y avait même des concerts, mais nous n’avions pas le droit d’échanger, ni avec les artistes ni avec le public. Nous étions surveillés par Luc Mathay, une figure emblématique du concours qui garde les finalistes depuis 40 ans. Nous nous retrouvions pour les repas, sinon nous travaillions chacun dans sa chambre. Le téléphone portable et internet étaient interdits. C’était tellement libérateur ! J’ai fait la plupart du travail d’apprentissage de la partition dans les trois premiers jours, et on nous a remis un enregistrement de la partie orchestre seule, avec laquelle on pouvait travailler, comme une sorte de karaoké.

 

Douze finalistes d’un concours de piano en huis clos à la campagne belge. On imagine l’ambiance d’un roman d’Agatha Christie.

 

C’est vrai que l’ambiance aurait pu vite devenir toxique dans cet environnement et j’avais un peu peur qu’une tension s’installe dès le départ. Mais c’était tout le contraire ; il y avait une vraie convivialité entre nous. Nous étions tous égaux devant cette épreuve et nous avons partagé nos expériences, échangé nos idées et partagé nos inquiétudes. J’ai eu peut-être moins l’occasion de partager cet esprit de camaraderie parce que j’étais arrivée la première et n’ai pas vraiment pu côtoyer ceux qui nous ont rejoint plus tard.

 

 

Quelles ont été pour vous les particularités positives et négatives de cette expérience ?

 

Pendant les semaines d’épreuves nous sommes logés chez des familles possédant un piano. Ce sont des mélomanes prêts à accueillir les candidats pour une durée qui peut aller jusqu’à deux mois. Ils nous hébergent, nous nourrissent et nous amènent à tous les rendez-vous liés au concours. Nous avons tissé des liens étroits avec ma famille d’accueil, des gens absolument adorables. Ils sont devenus des amis et je suis sûre que nous nous reverrons. Pour ce qui est de l’expérience du concours, j’étais heureuse d’avoir pu dépasser une certaine rigidité face au stress lors de ma dernière performance. J’étais dans le moment présent et dans ce concerto qui me transporte tellement. J’avais l’impression de pouvoir rentrer dans un discours musical très sincère et très frais, hors considérations de concours sportifs.

Quant aux aspects négatifs, je pense par exemple au fait que nous n’avions que cinq minutes chronométrées pour essayer le piano. C’est souvent le cas dans les concours, mais en réalité le pianiste a toujours la possibilité de travailler sur le piano sur lequel il va jouer au concert et cela ne me paraît pas impossible à organiser. Ensuite, nous n’avions qu’un Steinway pour tout le monde. C’est un très bel instrument, néanmoins le manque de choix de piano, ou de marque de piano, peut nous désavantager dans le type de jeu que l’on veut transmettre. Mais le problème majeur est que vous jouez sur un piano sur lequel vous n’avez pas travaillé et qui n’est pas forcément accordé pour votre confort. Dans des conditions de stress extrême, tout cela peut jouer contre vous. Je regrette aussi qu’il n’y ait pas eu de moment privilégié d’échange organisé avec le jury après la finale. Cela aurait été intéressant d’avoir un retour sur notre interprétation et une transparence des résultats. Je crois d’ailleurs que c’est un sentiment partagé par plusieurs de mes collègues finalistes.

 

 

Les résultats ont été vivement critiqués, notamment le fait que les six palmarès ont été attribués aux hommes. D’ailleurs, sur les 30 derniers lauréats du concours de piano, une seule femme a eu un prix – la 5ème place en 2013.

 

Selon le règlement du concours, le jury ne délibère pas. Chacun donne ses notes et le résultat est mathématique. Les six prix sont attribués selon le classement des moyennes. Peut-être que les résultats auraient été différents s’il y avait eu des délibérations ou, si on se permet de l’imaginer, si l’on avait joué derrière un rideau (cela serait évidemment beaucoup moins spectaculaire à suivre) ! De toute façon je pense que tous mes collègues en finale, mais aussi des épreuves précédentes sont de magnifiques pianistes et pour certains de magnifiques artistes, et, malgré les déceptions, on doit se souvenir que le palmarès d’un concours est le résultat de décisions prises dans un moment en particulier, avec tous les biais que cela peut impliquer, et que ce n’est pas un tampon et un jugement à vie, même si certains prix lancent de grandes carrières.

 

Si l’on prend du recul sur les concours, je pense qu’ils récompensent souvent la perfection technique et une certaine représentation de l’instrument, une certaine sonorité, qui est dans l’air du temps, et je crois qu’il est rare qu’un concours révolutionne le discours musical. Il est facile de trouver des exemples de musiciens aujourd’hui incontournables qui n’ont pas été primés à des concours. Aussi, des visions plus brutes, plus personnelles ou simplement nouvelles peuvent fragiliser un musicien et la vulnérabilité n’est pas primée dans un monde qui aspire à la perfection du disque, mais c’est aussi le propre d’un concours.  . C’est là aussi que rentre en jeu la subjectivité du concours et de ses jugements: finalement, en tant que musiciens nous avons tous quelque chose d’unique à partager et un palmarès laissera toujours place à des insatisfactions, quelles qu’en soient les raisons.

 

Des concerts, des projets futurs ?

 

Cet été j’ai l’occasion de jouer en récital ainsi qu’en musique de chambre, à des festivals en Irlande et en Allemagne, je reviens aussi à La Roque d’Anthéron en août. Cet automne je sors mon troisième disque solo avec des œuvres de Schumann et Tchaïkovski, et j’ai plusieurs magnifiques programmes à préparer pour la saison 2025-2026. Il n’est pas non plus exclu que je fasse un autre concours, on n’a jamais fini de se perfectionner …!

 

 

Visuels : © Alexandre de Terwangne (Nathalia Milstein), © Thomas Léonard (le jury), © Bruno Vessiez (le piano)