La semaine dernière, les réseaux se sont vus submergés par des images créées par ChatGPT avec l’identité visuelle des Studios Ghibli et ce, sans licence. Alors qu’aujourd’hui, nous pouvons toustes nous « ghibliser » en moins de quelques minutes, comment réagir face à l’outil, désormais quotidien, qu’est l’IA ? Dans quelle mesure les scènes culturelles s’emparent de cet outil tout en l’interrogeant mais demeurent passives ? Quid des droits d’auteur.ices ?
Si les filtres, les détournements visuels, les montages existent depuis de nombreuses années, ces copies étaient loin de se substituer, même de loin, aux artistes graphiques. Alors que la propriété intellectuelle et les droits d’auteur.ices, des journalistes sont déjà questionnés, ChatGPT désormais capable de créer des images, semble pouvoir mettre à la marge les artistes, les graphistes et les créateur.ices de visuels dont le travail se voit remplaçable par un service gratuit.
Cela pose encore plus de problèmes puisque Miazaki, fondateur des Studios Ghibli s’est fermement opposé à cet usage : « Je pense sincèrement que c’est une insulte à la vie même. ».
Le président français lui-même a partagé sur Instagram une image générée par IA reprise à la manière des Studios Ghibli pour célébrer la Protection Civile. Cet usage qui tend à le rendre populaire et à surfer sur les tendances, fonctionne puisque nous en parlons, mais a été largement critiqué. De nombreuses problématiques sont soulevées dans les commentaires : propriété intellectuelle, éthique, réglementation juridique… l’utilisation d’un service gratuit, aux dépens d’artistes graphiques qui auraient pu être crédité.es et rémunéré.es insurge.
Cet emploi résonne tristement avec les coupes budgétaires du secteur culturel : grèves liées au gel du pass culture, baisses de subventions, l’IA semble être érigée comme remplaçant à ces artistes.
Quant aux scènes artistiques, si elles sont partagées, l’intérêt et la fascination des publics demeure vecteur de proposition.
En France de nombreux spectacles et expositions en ont fait le sujet d’un événement ou de performances : de dIAboli, de la Compagnie Louve questionne cet usage dans son spectacle en cours de création. Aléas de Pierre Lemmel use de lumières générées par l’IA pour proposer un spectacle d’improvisation dont les acteurices ne connaissent pas la durée de leurs scènes. Au Jeu de Paume, une exposition qui se tiendra du 11 avril au 21 septembre se nomme « Le monde selon l’IA » et explore les différents usages tout en l’inscrivant dans une perspective historique.
Ainsi, il est certain que l’IA gagne du terrain sur les scènes artistiques, créant peurs et opportunités. Si elle ne les remplace pas les acteur.ices culturel.les pour le moment, les enjeux du vol de la propriété intellectuelle, mais aussi de la disparition de nombreux emploie, interroge et alerte quant à la place à accorder à l’IA. Désormais inhérent à nos quotidiens, cet outil peut devenir une aide qui permet de nouveaux horizons artistiques sans pour autant écraser l’humain.
La question d’une responsabilité collective émerge notamment quant à l’impact écologique de cet outil. Ensemble, il va falloir penser l’IA pour pouvoir la réguler tout en se responsabilisant collectivement et humainement face à ce sujet de société.
visuel : ©Wikipédia, studios ghibli