Un sondage de l’institut Ipsos pour Deezer révèle aujourd’hui que la musique générée par intelligence artificielle devient presque impossible à déceler pour l’oreille des auditeurs. Une nouvelle bien inquiétante, dans une industrie de la musique déjà peu épargnée par ce fléau.
Nous le savons, l’intelligence artificielle est performante dans beaucoup de milieux artistiques et créatifs : littéraire, musical ou photographique par exemple. La preuve en est, il est aujourd’hui bien difficile de différencier une musique faite à l’aide de l’intelligence artificielle d’une musique du même genre faite par un humain. Difficile, vous avez dit ? À en croire un sondage Ipsos réalisé pour la plateforme de streaming française Deezer, il faudrait plutôt dire impossible.
Sur 9 000 personnes interrogées, « 97 % n’ont pas su faire la différence entre une musique entièrement générée par IA et une musique humaine lors d’un test à l’aveugle comportant deux morceaux IA et un morceau réel », a dévoilé la plateforme de streaming française. Et on peut imaginer que les 3 % restants ont simplement eu de la chance.
Leur avis sur la question, par ailleurs, est plutôt mitigé : 52 % des gens se disent mal à l’aise face à cette incapacité. Mais, surtout, en abyme, deux constatations dominent : la volonté de transparence sur le contenu proposé et l’inquiétude pour les artistes et leurs créations. En effet, 70 % des sondés estiment que la musique IA menace le revenu des artistes et près de deux tiers (64 %) pensent, quant à eux, que l’intelligence artificielle risque d’entraîner « une perte de créativité dans la production musicale ».
Aussi, 80 % souhaitent un étiquetage clair des morceaux produits par IA et le directeur général de Deezer, Alexis Lanternier, d’avancer que ces résultats “montrent clairement que les gens se soucient de la musique et qu’ils veulent savoir s’ils écoutent un morceau créé par un humain ou par une IA”. La preuve par les chiffres.
Une étude téléguidée ? C’est que Deezer est pionnière dans la lutte contre l’intelligence artificielle, et tient à le faire savoir. Elle a déposé, en décembre 2024, deux brevets ayant pour objectif de traquer et de signaler les contenus dits synthétiques. Ce nouvel outil magique avait détecté, en janvier dernier, qu’un titre sur dix livrés à la plateforme était généré par intelligence artificielle. Elle se place, aujourd’hui, plutôt sur 34 %, soit 40 000 par jour, ce qui n’est pas vraiment rassurant. Alors oui, l’entreprise française est à ce jour la seule plateforme audio à signaler systématiquement les titres entièrement générés par l’IA, par une mention à l’attention des utilisateurs. Mais quid des autres ?
La journaliste Liz Pelly, dans un livre sorti en 2024 et intitulé Mood Machine, a signé une enquête édifiante sur le plus gros concurrent de Deezer et leader du marché, Spotify. Elle avait, entre autres, révélé que, dans une volonté de s’arroger toujours plus de revenus, la plateforme n’hésitait pas à recourir à des artistes “fantômes” ou à des intelligences artificielles pour remplir ses playlists et ainsi éviter de rémunérer de vrais artistes. Depuis, en guise d’effort, l’entreprise suédoise a annoncé différentes mesures pour encourager les artistes et les éditeurs à se montrer plus transparents quant à l’utilisation de l’IA. Venant d’eux, on se permettra de dire que c’est quand même un peu osé…
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