La Gaîté Lyrique rouvre progressivement ses portes après plusieurs mois de fermeture et d’occupation. Fidèle à ses valeurs de solidarité et d’engagement culturel, le centre reprend doucement son activité, avec une rentrée riche en événements pour faire vivre une culture plurielle et humaine à Paris.
La Gaîté Lyrique refait surface après avoir été lâchée par la ville de Paris pour ses actions de solidarité : le lieu culturel avait refusé de procéder à une expulsion des jeunes mineur•es de Belleville sans solution de logement.
En mai 2025, les équipes de la Gaîté Lyrique reprenaient possession des lieux, le 14 mai dernier la municipalité rendait les clés du centre culturel à ses équipes. Même pendant la fermeture, le 3 bis rue Papin a cherché à maintenir certains événements avec des partenaires, dans d’autres lieux que le bâtiment principal, pour garder une activité.
En janvier 2023, la Gaîté Lyrique lançait le projet La Fabrique de l’époque. Un projet « entre création et engagement » qui entend répondre « à l’urgence culturelle, sociale, démocratique et climatique de l’époque. » Avec pour intention de « passer de l’idée à l’action, du récit à l’impact. » La Gaîté Lyrique n’est pas restée cantonnée aux discours : elle a mis ses engagements en pratique. Alors lorsqu’en décembre 2024, des jeunes mineur.es isolé.es du « collectif de Belleville » sont venus occuper ses locaux, l’établissement les a soutenus et a refusé l’expulsion, pointant du doigt l’inaction de la ville de Paris et des responsables politiques.
En effet, peu de choix s’offrent aux équipes de la Gaîté : expulser de force les occupants ou continuer à subir l’occupation. Ils se sont refusés à la première solution soulignant le caractère et les méthodes inhumaines proposée la municipalité. Le porte-parole de la Gaîté lyrique, David Robert, s’est vivement opposé à « procéder à une évacuation de force parce qu’un soir sur deux, il fait 0 degré. » Avant de demander « aux autorités compétentes de trouver une solution, de proposer une mise à l’abri de ces 300 personnes ». L’établissement s’est donc vu dans l’obligation d’assumer les responsabilités des autorités compétentes. Une situation presque irréelle.
Une occupation qui durera 100 jours. Jusqu’à 450 jeunes occuperont les lieux dans des conditions sanitaires déplorables que le 3 bis rue Papin n’aura de cesse de rapporter à la mairie de Paris qui n’agira pas en faveur de ces jeunes du « collectif de Belleville » pourtant en état de précarité alarmante.
Finalement, le 18 mars la préfecture de police procédera à une expulsion, et ce dans la violence et le non-respect de la dignité humaine, des jeunes mineur.es isolé.es. Un acharnement qui est loin d’être terminé. Après avoir été expulsés, de nombreuses personnes se sont installées sur les quais de Seine, mais elles ont été à nouveau évacuées par les forces de l’ordre. À ce jour, la plupart d’entre elles restent sans solution de logement.
Le 3bis rue Papin s’apprête à rouvrir progressivement ses portes. L’établissement signe son grand retour à l’image de ses engagements. 5 mois de fermeture et une perte financière d’exploitation qui s’élève à 3 millions d’euros (billetterie, locations, bars ayant été à l’arrêt durant la fermeture) n’auront pas eu raison de l’établissement.
On apprenait en mai dernier dans un communiqué que la Ville de Paris, pourtant propriétaire du bâtiment, avait refusé l’aide exceptionnelle demandée par les équipes. Ce sont les partenaires financiers : Arty Farty, Arte France, makesense, SINGA et Actes Sud qui ont joué un rôle essentiel en soutenant l’établissement pendant la période de fermeture. Ils ont pris des responsabilités qui ne leur incombaient pas afin de maintenir l’activité culturelle et de préserver les emplois au sein de la Gaîté Lyrique.
Néanmoins c’est tout doucement que le lieu reprend des couleurs: le centre culturel a fait savoir que pendant la période automnale c’est uniquement sur événements et selon la programmation qu’elle sera en mesure d’accueillir le public. Mais la programmation culturelle reprend vie à grand pas.
Ce samedi aura lieu le festival littéraire féministe et antiraciste Read & Shine par l’association Overbookées qui a bout de mettre « en lumière les auteur•ices racisé•es et les récits invisibilités ». La programmation culturelle reprend forme petit à petit. Le 18 septembre se tiendra la 1ère nuit des Controverses : 5h de débat sur le thème de l’IA. Aussi à prévoir en octobre, Arte Concert Festival qui fêtera ses 10 ans. D’autres jolis évènements sont à prévoir pour cet automne, retrouvez toute la programmation de l’évènement ici.
Le site faisant face à un problème de rentabilité et se trouvant dans l’incapacité de couvrir le même nombre d’évènements qu’auparavant, continue malgré de tout de faire front en proposant une programmation dense toujours en alignement avec ses convictions. Continuons à faire vivre une culture plurielle, engagée et humaine, en restant mobilisé.es pour la Gaîté Lyrique et en répondant présents à ses événements.
Visuel: © Benoit Rousseau