Après plus de trois mois d’occupation sans aide ni considération du gouvernement et de la ville de Paris et une évacuation nocturne du lieu qui s’est faite dans le silence, la violence et l’irrespect des droits humains, la Gaîté Lyrique et ses équipes sont à nouveau abandonnées. Cette fois-ci, ce n’est pas à un silence qu’elles font face, mais à une décision qui semble sans appel : la ville de Paris refuse de participer au redressement économique de l’établissement.
Si aujourd’hui la situation pour les jeunes du parc de Belleville est encore incertaine et les avenirs de ces jeunes silenciés et mis à la marge – toutes les informations sur l’Instagram du collectif de Belleville – la Gaîté Lyrique, institution culturelle et solidaire se voit abandonnée par la Ville de Paris. La Gaîté Lyrique va-t-elle être contrainte de fermer définitivement ses portes ? Telle est la question que l’on se pose aujourd’hui tant les situations financière et économiques semblent sans appel, et sans retour. En effet, alors que le lieu a été fermé pendant près de 5 mois, la « Ville de Paris fait volte face et refuse de participer au redressement économique de l’établissement ». Plus de 80 emplois sont en danger, mais aussi toutes les valeurs qui découlent de ce lieu de culture, de solidarité et de rassemblement qui avait pour ligne directrice d’être « La Fabrique de l’époque ».
Ce qui est sous-tendu derrière ce résultat, semble être une punition de la part de la Ville de Paris et du gouvernement. En effet, si à l’origine la volonté de la Gaité n’était pas de servir de lieu d’accueil, elle a, tout du long, précisé qu’elle ne mettrait jamais personne à la rue, et qu’elle soutenait les revendications du collectif de Belleville. Mais alors que la solidarité et l’humanité ont été les mots d’ordre durant près de 3 mois entre les équipes et les jeunes, que les appels à l’aide ont tristement résonné dans un silence assourdissant, il semblerait que faire preuve d’humanité est aujourd’hui un crime.
La Ville de Paris, qui, rappelons-le, avait permis par un concession à ce lieu de s’ériger comme un espace novateur, entre création et engagement, voué à répondre à l’urgence culturelle, sociale, démocratique et climatique de l’époque, de passer de l’idée à l’action, du récit à l’impact, tue dans le nid et le réel ses propres ambitions. La Fabrique de l’époque est au point mort, abandonnée, elle ne peut plus rien entreprendre.
Alors que l’année a débutée par des coupes budgétaires inouïes pour la culture, que les droits humains sont négligés, et que les postes dans la culture se font moindre – faute de budget – quels avenirs envisager ?
Intrinsèquement humaine et espace de parole, la culture, ses lieux et ses acteurices, sont des voie.x.s majeur.e.s qu’il est nécessaire de défendre et de mettre en lumière. Cependant, aujourd’hui, la mise sous silence d’institutions et d’acteurices qui se prononcent et agissent est de plus en plus fréquente – preuve glaçante en est le meurtre dans son sommeil de la photojournaliste Fatma Hassona. Sommes-nous en train d’assister à l’évincement discret, mais froidement exécuté, du monde culturel ?
Concernant la Gaîté Lyrique, les équipes annonceront « prochainement plusieurs initiatives pour éviter la fermeture définitive de la Gaîté Lyrique ». Pour rester informé.e.s : leur Instagram, leur Facebook et leur site sont régulièrement mis à jour.
visuel : ©capture d’écran du site de la Gaîté Lyrique