Dix ans après, la blessure des attentats du 13 novembre 2015 est encore là. De nombreuses commémorations sont prévues jusqu’à jeudi, partout en France et dans la capitale, notamment place de la République, où les Parisiens sont invités à déposer une fleur, une bougie ou simplement un mot. La culture, quant à elle, n’est pas en reste. Petit tour de tous les événements artistiques liés à cette importante commémoration.
En ce début de semaine, Paris, déjà, rend hommage à ses victimes. Dans les rues, dans l’espace public, plusieurs dispositifs sont mis en place. Ainsi, l’association des victimes des attentats du 13 novembre 2015 propose une chronique photographique : « Paris, le 13 novembre 2015 – Du jour au lendemain ». Et la démarche est particulière. Pour cette exposition, l’association a demandé à 42 artistes français et internationaux présents à Paris pendant les attentats de partager avec le public, à partir de leurs archives, une photographie qu’ils auraient prise ce jour-là. Les clichés sont à retrouver sur les façades de la caserne Napoléon (rue de Rivoli, rue de Lobau, place Baudoyer et place Saint-Gervais). Dehors, pour les badauds, il y a aussi l’exposition « Face au terrorisme, une mémoire citoyenne » qui s’installe sur les grilles de l’Hôtel de Ville, rue de Rivoli. Elle accompagne le développement du nouveau musée-mémorial du terrorisme, qui s’installera prochainement dans une partie inoccupée de la caserne Lourcine dans le 13ᵉ arrondissement de Paris. Elle présente, pour la première fois, une partie de ses futures collections permanentes. On y trouve des dons de victimes, de proches de victimes et d’institutions impliquées dans la lutte contre le terrorisme. Un témoignage, s’il en faut, de la résistance et de la résilience de la société française.
Quelques musées aussi se prêtent au jeu. Les archives de Paris, pour leur part, ouvrent leur porte dès le mercredi 12 novembre pour une exposition nommée « Je suis Paris : la collecte des mémoriaux du 13 novembre 2015 ». Après le 13 novembre 2015, après une nuit pleine de peines, un élan de fraternité amène anonymes et officiels à déposer sur les lieux de la tragédie des petits bouts de choses en forme d’hommage. Suite à cela, la direction des Archives de Paris met en place un protocole d’archivage des mémoriaux. L’exposition retrace les différents stades des opérations d’archivage, tout en dévoilant une sélection d’hommages collectés.
De la même manière, le musée Carnavalet installe, au cœur de ses collections permanentes, un parcours mémoriel dédié à l’art urbain autour des attentats. On retrouve là aussi, dans ce petit parcours, des mémoriaux, mais pas seulement. On y expose une sélection d’hommages anonymes, collectés sur les lieux des attaques, ainsi que des œuvres d’art urbain créées en relation avec les tragiques évènements et réalisées au cœur des quartiers touchés. C’est joliment fait.
Des débats aussi ? Et pourquoi pas ? Tout l’esprit du mois de novembre au théâtre de la Concorde, c’est de ne pas répondre à la haine par la colère et de faire corps. Un beau plan. Pour ce faire, le théâtre propose tout au long du mois de novembre des conférences, des ateliers, des débats, des rencontres, des projections, des concerts… L’occasion d’aborder, au calme, la violence et l’impact des attentats, mais pas que, puisque le reste du mois sera consacré à des sujets divers et variés autour de la mémoire, en France et ailleurs.
La veille du 13 novembre, la mairie du 11ᵉ arrondissement de Paris, quant à elle, en partenariat avec la maison des Métallos, accueille la représentation d’un spectacle : Les Consolantes de Pauline Susini. Écrite à partir des témoignages des victimes et des survivants, la pièce rend hommage à la beauté des gestes ordinaires et interroge notre capacité à tenir après un pareil traumatisme. Au Point éphémère, dans le 10ᵉ arrondissement, le même jour, on la joue plus minimaliste avec Corps étranger. L’artiste Elsa Baudel, qui est une des rescapées du Bataclan, s’occupe actuellement de monter un spectacle chorégraphique pour raconter son histoire. Pour les 10 ans de ce drame, elle offre une projection, en avant-première, de son spectacle. Ensuite, cette petite projection de 15 minutes sera suivie d’un débat avec la psychologue Muriel Salmona.
Le lendemain, au théâtre des Champs-Élysées, comme une sorte d’apothéose, aura lieu un concert de l’Orchestre de chambre de Paris, avec un programme autour du poème symphonique, Il fait novembre en mon âme de Bechara El-Khoury. Commandé par les parents d’une des victimes, ce poème symphonique honore la mémoire des disparus pour les présents. Une composition sublime, avec des vocalises comme une prière qui donne espoir en un avenir radieux. L’œuvre sera entourée de deux autres morceaux : Les créatures de Prométhée de Beethoven et la Symphonie nᵒ 39 de Mozart. L’occasion pour tous ceux qui s’y rendront. Un sacré programme.
Enfin, une peinture murale sera installée dans la semaine, sans qu’une date précise ait été communiquée, rue Léon Frot, dans le 11ᵉ arrondissement de Paris. Cette fresque, pensée comme un lieu de mémoire, a été réalisée par Léa Belooussovitch. Elle rappellera ce qu’incarnent les victimes vivantes comme disparues : la jeunesse, la fête, l’amour et la vie. On a hâte.