Le rendez-vous avec Edmond, Eoghan et Eoin se fait au calme, dans leur tour-bus. À l’écran, une course automobile en pause. Chacun des membres du groupe s’est prêté au jeu des questions.
« Oui, tout est allé très vite. On s’est croisés à l’Université de Limerick, quelque part dans le Midwest irlandais. On vient de trois coins bien différents mais on a fini au même endroit.
Pendant le COVID, Eoghan et Eoin partageaient une coloc. Dans l’appart, il y avait trois manettes de PlayStation, quatre colocataires, et une guitare. Donc celui qui n’avait pas de manette… écrivait de la musique.
Je vivais à côté et je venais boire un coup, jouer un peu, mais sûrement pas réviser.
Bref, tout est né très naturellement, sans plan d’attaque. On voulait juste faire de la musique ensemble.
Après nos diplômes, on a signé des postes d’ingénieurs… deux, trois mois à peine. Entre-temps, quelques opportunités de concerts ont débarqué, improbables, donc immanquables. On a sauté dedans. »
« Oui, clairement. Si tu compares avec un groupe comme Fontaines D.C., le son n’a rien à voir et ça vient en grande partie de nos influences.
McGrath et Fitz ont grandi dans un bain de musique traditionnelle irlandaise, plutôt qu’avec des influences rock urbaines. Ça se ressent dans nos compositions.
On aimait dire que le paysage irlandais était comme le quatrième membre du groupe.
Je crois que c’est vrai pour n’importe quel musicien : même sans le vouloir, l’endroit où tu vis t’imprègne. »
« En grandissant en tant que groupe, tu découvres peu à peu ce que tu fais bien… et ce qu’il vaut mieux laisser de côté.
On a de la chance : les mélodies viennent facilement, et je les façonne en direct, avec le public. Leur réaction nous guide. Eoghan a une vraie culture musicale, contrairement à Fitz et moi. Je ne sais même pas lire ou écrire une partition. Mais on a une oreille. On sent la mélodie, on sent l’émotion. Et sur scène, on teste la connexion.
On est vraiment chanceux. »
« Honnêtement : pas grand-chose. Ce n’est pas pour ça qu’on fait de la musique.
Tu dois croire en toi, monter sur scène, t’éclater, et penser que tu mérites d’être écouté. Mais le succès commercial ne te rend pas meilleur pour écrire des chansons.
Tout se passe entre nous trois. On continuera à composer, à jouer, quoi qu’il arrive. On fait attention à ce que le succès ne change rien à notre manière d’avancer. »
« Pourquoi l’Irlande exporte autant d’artistes géniaux ? Parce qu’on ouvre le cœur sans tricher. On est d’abord des conteurs. Chaque personne ici a au moins une bonne histoire à raconter. L’âme irlandaise, c’est de la rendre universelle.
Le monde change parfois trop vite. La musique, elle, rassemble, qu’elle vienne du cerveau ou du cœur. Si nos histoires touchent les gens, alors oui, on est en plein rêve.
On joue simplement nos chansons. »