Jonathan F. Kugel : « Le cabinet de curiosités est autant un portrait de son créateur qu’un miroir de notre époque »

Qu’est-ce qu’un cabinet de curiosités au XXIᵉ siècle ?

Un cabinet de curiosités au XXIᵉ siècle est bien plus qu’une simple collection d’objets. C’est un véritable laboratoire d’idées, un espace où se mêlent art, histoire, science et subjectivité. Hérité des cabinets des merveilles de la Renaissance, il s’est réinventé au fil des siècles pour devenir un lieu d’expérimentation et de découverte.

Si les objets naturels et scientifiques ont longtemps été privilégiés, les cabinets de curiosités contemporains accueillent désormais une grande diversité d’objets : du fossile à l’œuvre d’art contemporain, du livre ancien à l’objet design. Chaque pièce, choisie pour sa singularité et sa capacité à susciter l’émotion, est un élément d’un récit plus vaste, construit par le collectionneur.

Ce dernier, à travers son choix et la mise en scène des objets, révèle une part de lui-même et offre au visiteur une vision unique du monde. Le cabinet de curiosités est ainsi autant un portrait de son créateur qu’un miroir de notre époque, témoignant de notre fascination pour l’étrange, le merveilleux et l’insolite. C’est un lieu où les objets entrent en dialogue de manière inattendue, créant des associations nouvelles et stimulantes, et invitant le visiteur à un voyage sensoriel et intellectuel.

Pouvez-vous me raconter ce que vous exposez ce mois-ci ?

Ce mois-ci, je suis particulièrement actif sur plusieurs fronts.

Tout d’abord, je participe à Ceramic Brussels (22-26 janvier), la première foire internationale dédiée à la céramique contemporaine. J’y présente les œuvres de Carolein Smit, James Webster et Onno Theelen, trois artistes qui repoussent les limites de la céramique.

Simultanément, je suis présent à la BRAFA, la prestigieuse foire d’art belge, où je présente un ensemble d’œuvres de Carolein Smit, reconnue comme l’une des figures les plus importantes de la céramique contemporaine (stand 118).

Enfin, à la galerie, nous accueillons une exposition collective réunissant l’ensemble des artistes que nous représentons : Joel Person, Alan Macdonald, James Webster, Onno Theelen, Carolein Smit et Nathalie Latour. Dans notre espace « Carte Blanche », c’est le commissaire d’exposition français Cédric Corbin qui a sélectionné deux artistes talentueux : Jim Kylam et Perrine Khun. Leurs œuvres, à la croisée de l’illustration, de la peinture et de la céramique, offrent une vision singulière et contemporaine de ces médiums.

Quel est votre lien au surréalisme ?

Je nourris une admiration complexe pour les surréalistes. D’un côté, ils ont su revitaliser l’ancien concept de cabinet de curiosités en y intégrant des notions psychanalytiques, explorant ainsi les profondeurs de l’inconscient et les origines du désir. Cette approche dynamique, où chaque époque apporte sa propre interprétation, est particulièrement intéressante. C’est cette quête de réinterprétation du grotesque qui me fascine.

En revanche, je suis moins enthousiaste face à l’héritage de Marcel Duchamp et du ready-made. J’estime que cette notion, bien que révolutionnaire à son époque, a été tellement exploitée qu’elle a perdu de sa force originelle. L’émergence de l’artiste-star, corollaire de cette approche, a contribué à une certaine banalisation de l’art et à une marchandisation excessive des œuvres.

Comment avez-vous découvert le travail de Stéphane Fedorowsky et qu’allez-vous montrer de lui ?

La galerie est divisée en deux espaces distincts, ce qui me permet d’accueillir des projets d’artistes basés en Belgique. C’est dans ce cadre que Stéphane m’a sollicité pour présenter son projet de tarot contemporain. J’ai été particulièrement intéressé par cette réinterprétation moderne d’un concept intemporel.

Du 6 au 22 février, vous pourrez découvrir son exposition « Arcanes » : une série de photographies retravaillées qui offrent une réinterprétation très personnelle du tarot de Marseille.