John Legend était en concert à l’Adidas Arena de Paris le 5 juin 2025 pour célébrer 20 ans de son tout premier album Get Lifted. Face à l’attente immense des fans, l’ascenseur était en panne…
L’église américaine a décidément du bon : elle nous a offert Aretha Franklin, Sam Cooke, Whitney Houston… et John Legend ! Dès trois ans, le petit prodige se forme au piano sous l’œil bienveillant de sa grand-mère, après avoir chanté le gospel dans l’église de son grand-père.
Imaginez : après avoir brillé à la prestigieuse Université de Pennsylvanie et débuté une carrière prometteuse de consultant en stratégie chez Boston Consulting Group, notre homme largue tout pour la musique. Quelle audace ! Et quel bonheur pour nous.
Le pari s’avère gagnant dès 2004 avec « Get Lifted ». Succès immédiat, mérité : cette voix d’exception, ce piano jazz magistral, ces compositions qui marient subtilement R&B moderne, gospel et hip-hop font mouche auprès d’un public conquis d’emblée.
Puis vient 2013 et « All of Me », extrait de « Love in the Future ». Explosion planétaire ! La recette Legend s’impose : voix de crooner-gospel hors norme, piano d’une finesse rare, mélodie d’amour ciselée au scalpel.
« My favorite dream », sorti en août 2024, marque son dixième album studio. À son actif : six live, cinq Grammy Awards (2006-2007), et cerise sur le gâteau, l’Oscar de la meilleure chanson originale pour « Glory » du film « Selma » en 2015.
Onze ans ! Voilà le temps écoulé depuis la dernière apparition de John Legend en France (Zénith, 2014). D’abord programmé à l’Accor Arena (16 400 places), le concert migre vers l’Adidas Arena (8 000 places). Malgré ce format plus intime, la salle peine à se remplir. Seule la communauté américaine répond présent massivement. Promotion défaillante ou public français amnésique ? Le mystère demeure.
20h30, entrée de l’orchestre ! Pas de première partie. John Legend surgit sur une scène dépouillée, flanqué de six musiciens et trois choristes. Seul un light show anémique tente d’habiller l’ensemble.
Démarrage poussif avec quelques morceaux R&B classiques de « Get lifted », interprétés sans flamme particulière. Puis soudain, réveil ! « Glory » nous rappelle pourquoi nous sommes là, révélant au passage le talent indéniable de ses choristes.
Hélas, voilà que John se lance dans le récit de « Sa Vie » entre deux chansons. En anglais, s’il vous plaît ! Grand-mère par-ci, grand-père par-là, papa-maman qui se séparent et se retrouvent… Confidences touchantes pour les anglophones, mais qui brisent impitoyablement le rythme pour les autres.
Heureusement, quelques éclairs redonnent espoir : sa version très heavy de « I want you » des Beatles déchaîne l’enthousiasme et lui vaut une ovation méritée. Mais l’impression générale reste celle d’un spectacle décousu, victime d’une setlist sans cohérence ni structure et sans la mondre référence au Hip-Hop.
D’autant plus frustrant que la voix de John Legend rayonne littéralement sur scène ! L’émotion qu’il distille sur « Ordinary people » fait oublier momentanément les faiblesses du spectacle. Confirmation éclatante lors du rappel avec « All of Me » après deux heures de show : là, enfin, le public repart comblé.
Le rêve ? John Legend seul pendant une heure à l’Olympia, piano-voix, ses plus beaux titres en mode intimiste. La réalité ? Un spectacle calibré pour le public américain, truffé de bavardages, avec sa fan du premier rang invitée à danser, son traditionnel bain de foule et son invitée mystère pour une chanson dont l’identité nous échappe totalement.
Cruel paradoxe : assister au spectacle raté d’un artiste si bourré de talent. Preuve que même les plus grands ne sont pas à l’abri du faux pas et qu’un concert réussi relève d’une alchimie subtile.
Next time, John !