Jean-Paul Montanari : l’homme qui a inscrit la danse contemporaine dans le sol de Montpellier n’est plus

42 ans de direction

Quand Dominique Bagouet pose les bases de son Centre chorégraphique à Montpellier en 1980, à l’invitation de Georges Frêche, il demande à Jean-Paul Montanari de s’occuper des relations presse. Le lien est noué. À partir de là, l’histoire de la danse à Montpellier portera son empreinte. Dès la première édition du Festival International Montpellier Danse, en 1981, Montanari est là, aux côtés de Bagouet. Deux ans plus tard, en 1983, il en prend la direction générale.

Une figure tutélaire

Il était  un passeur, un veilleur. Jean-Paul Montanari, qui vient de nous quitter, aura incarné pendant plus de quatre décennies une certaine idée de la danse contemporaine : internationale, plurielle et d’avant-garde. Depuis 1992, il dirigeait le Festival Montpellier Danse, pris en main à la mort de Dominique Bagouet, dont il s’est fait le gardien fidèle. Il aura veillé à ce que la mémoire du chorégraphe, fondateur de l’événement, reste vivante – non pas figée dans l’hommage, mais perpétuée dans le geste.

C’est grâce à lui que Montpellier est devenue une capitale chorégraphique. Une ville où la danse ne se cantonne pas aux plateaux, mais irrigue les rues, les esprits, les saisons. Montanari n’a pas seulement dirigé un festival : il a installé la danse contemporaine dans un territoire, et ce territoire dans l’imaginaire de la danse. Une présence incontournable, familière, aimée – à Montpellier comme bien au-delà.

Une vision internationale

Visionnaire, il a su regarder là où peu encore regardaient. Dès les années 1990, il a mis en lumière la scène israélienne, pressentant l’importance de ce mouvement dans l’histoire chorégraphique moderne et contemporaine. Il fut l’un des premiers à programmer Ohad Naharin, imposant ainsi sa signature singulière dans le paysage international. C’est d’ailleurs un chorégraphe israélien – Hofesh Shechter – qui, aux côtés de Jann Gallois, Dominique Hervieu et Pierre Martinez, prendra prochainement la tête de l’Agora, Cité internationale de la danse qui rassemble le festival et le centre chorégraphique. À l’annonce du décès, les futurs directeur·ices ont déclaré :
« Nous souhaitons adresser à l’équipe de Montpellier Danse un message de solidarité sincère. Nous mesurons l’émotion, la peine, mais aussi la fierté et l’héritage que vous portez aujourd’hui. Soyez assurés que nous sommes à vos côtés dans cette période difficile. »

Jean-Paul Montanari venait tout juste de clore la programmation de l’édition 2025 de Montpellier Danse. Ce devait être la dernière, la sienne. Une façon de tirer sa révérence en beauté, en laissant la scène ouverte et les corps en mouvement. La danse, pour lui, était affaire de fidélité, de passion et d’intuition. Elle lui survivra. Mais elle le portera longtemps en mémoire, ses coups d’éclats, ses fous rires comme ses colères. Montari savait se faire entendre, continuons à l’écouter.