Ce 15,16, et 17 novembre 2024 se déroulera la nouvelle édition de « La nuit du cirque ». Jean-Marie Songy président de l’association Territoires de cirque, a répondu à nos questions sur ce grand évènement.
La Nuit du Cirque a cet objectif principal de créer ce sentiment d’appartenir à un même mouvement artistique et de le faire voir et entendre au même moment comme s’il s’agissait d’affirmer une certaine solidarité, une sorte de cri de joie à faire ce métier artistique et à le partager avec le plus grand nombre. Nous espérons que le public pourra ressentir cette sensation d’appartenir à un mouvement culturel populaire et moderne.
Il me semble que la vraie question à se poser est : « Que nous dit le cirque depuis sa création ?».
Il dit : « Venez, Mesdames et Messieurs, vous confronter au vertige et à l’inconnu !».
Le cirque n’est jamais sorti de cette excitation et, dans cet appel à la curiosité, les sujets de société ont toujours été présents, notamment celui de « l’étranger », celui qui vient de l’autre bout du monde nous présenter ses curiosités acrobatiques mais aussi esthétiques et culturelles, dans une interaction directe avec le public. Cette ouverture au monde et aux différences est une des constantes de notre univers.
Bien sûr le cirque est un art d’aujourd’hui et les nouvelles générations s’emparent des sujets de société actuels qui comme – vous les citez en exemple – la communauté et l’univers queer les touchent et les concernent. Alors, elles créent, se battent pour leur respect et reconnaissance comme d’autres, à une autre époque, pour le combat des communautés homosexuelles.
Le cirque est un art de l’itinérance et il milite pour la reconnaissance des richesses de la différence.
Finalement, j’aime bien que nous soyons associés au divertissement. Je dis « finalement » car je crois que pour certain.e.s le divertissement est péjoratif. Mais pour nous, ce terme est associé à l’idée de sortir chacun d’entre nous de notre confort de croyance et d’existence. Divertir, c’est enrichir d’autres perspectives. Nous savons, à notre époque « culturelle » institutionnelle construire nos rendez-vous en prenant en compte cette association de l’art et du divertissement, nous sommes d’une certaine façon garant d’une relation équilibrée avec le public en évitant la commercialisation outrancière de nos pratiques artistiques.
L’art doit rester accessible au plus grand nombre et le cirque dans sa conversion vers de nouvelles pratiques qui exclura très bientôt les animaux sauvages sur ses pistes se doit d’être inventif et moderne dans ses formes. La Nuit du Cirque en est un témoignage flagrant, tant dans la diversité des thématiques proposées que dans ses formats.
La Nuit du Cirque a désormais effectivement un fort écho international qui apporte plusieurs bénéfices au secteur en France. Ce rayonnement attire et renforce l’attention sur la créativité et le savoir-faire des artistes et des compagnies françaises à l’échelle mondiale. En retour, cela renforce leur légitimité et leur notoriété, ce qui peut leur ouvrir des opportunités à l’étranger, mais aussi de nouveaux partenariats avec des diffuseurs et programmateurs internationaux. Cette visibilité accrue participe également à l’enrichissement des pratiques en France, grâce aux échanges avec des compagnies étrangères qui participent à l’événement. Le public français, quant à lui, bénéficie de cette diversité artistique et culturelle : des artistes de tous horizons apportent leurs influences et leurs esthétiques, contribuant à une programmation de plus en plus variée et audacieuse. Enfin, ce rayonnement international conforte les politiques publiques françaises en faveur du cirque et, nous espérons, encouragera les financements. Il témoigne d’une dynamique forte, qui soutient la pérennité et l’innovation de ce secteur artistique en France.
Comme vous l’avez constaté La Nuit du Cirque s’internationalise, il nous semble que nous devons encore développer ce rayonnement indispensable à l’affirmation contemporaine de cet art en pleine expansion et en plein renouvellement de ses formes et de ses collaborations artistiques.
Les « arts du cirque » d’aujourd’hui sont bien présents sur l’ensemble des plateaux des scènes de diffusion actuelles. Et finalement, c’est assez récent. Le cirque était il y a encore 25 ans cantonné aux chapiteaux et aux espaces non dédiés. Aujourd’hui, le cirque est partout, même aux cérémonies des jeux olympiques… c’était déjà le cas aux jeux d’Albertville… mais pas de manière aussi visible.
Nous en voulons plus bien sûr et nous avons encore de nouvelles connexions à réaliser au sein des réseaux de diffusion comme l’Opéra et les grands plateaux « dramatiques » français et européens afin qu’ils rejoignent La Nuit et plus largement qu’ils s’investissent davantage dans la production des spectacles de cirque.
Nous y croyons !
Visuel : © Territoires de cirque
Article partenaire