Le 7 novembre, Catherine Lefeuvre, Jean Lambert-wild & Erik Marchand créent une calenture au nom breton : Au cas où l’Ankou. Nous avons demandé à Jean Lambert-wild de nous parler de cette nouvelle pièce.
Au cas où l’Ankoù pourrait se traduire par « au cas où la mort viendrait … ». L’Ankoù est le psychopompe breton venant chercher les âmes mortes pour les mener dans l’au-delà. Il se manifestait aux bretons par le biais d’intersignes annonciateurs de sa venue et donc d’une mort prochaine. Questionner la venue de l’Ankoù, c’est nous interroger sur la mort, sa possibilité, et les différentes façons d’appréhender cette relation en Bretagne, hier comme aujourd’hui.
L’Ankoù est breton et les histoires nombreuses à son sujet font parties de la culture populaire bretonne. Le spectacle est centré sur la personnalité de l’Ankoù breton et ses manifestations, de même que l’on peut trouver des psychopompes dans quasi toutes les cultures populaires du monde.
Il s’agit d’un concert dérangé. La place de la musique d’Erik Marchand est donc centrale dans le spectacle. Il a lui-même mené des recherches et déterminé quelles chansons bretonnes évoquaient l’Ankoù pour construire le spectacle musicalement. Ensuite la présence de Gramblanc en Ankou qui s’invite dans le concert est un contrepoint intéressant à la musique pour mettre en perspective cette figure par la théâtralité. Le texte de Catherine Lefeuvre permet à Gramblanc de s’identifier à la mort par des biais comiques mais aussi de nous émouvoir de sa condition d’ouvrier de la mort, pris dans cet entredeux entre la vie et la mort.
Une étape importante et tout à fait passionnante fut celle de collecter les chansons du répertoire populaire Breton qui évoquent l’Ankoù et de s’imprégner du ton particulier qui les accompagnent. Elles ne sont pas si connues, ni si chantés. Cela est normal, car on évitait de prononcer son nom. On préférait l’appelait Lui ou Erwanig. Certaines de ces chansons comme par exemple, An Ankoù hag an diaul’ c’hober an evaj kreñv / L’Ankou et le diable faisant une boisson forte, sont très drôles, très caustiques. Toutes les chansons que nous avons choisies furent ensuite traduites par Myriam Guillevic.
En Bretagne, peu de genres littéraires ont été aussi étroitement liés à la vie du petit peuple que la chanson. De tradition orale, le répertoire de chansons bretonnes est aussi diffusé grâce à̀ des imprimés bon marché, parfois gratuits : les feuilles volantes. Pour Au cas où l’Ankou, l’artiste Gaël Lefeuvre a revisité cette tradition de l’imprimé populaire et de la feuille volante. Les chansons du spectacle sont toutes calligraphiées et illustrées à la fois, de façon contemporaine, et remise aux spectateurs pendant le spectacle.
Création du 7 au 8 novembre 2023 au Théâtre de Cornouaille – Scène nationale de
Quimper.
En tournée :
Le 9 novembre 2023 au Théâtre du Pays de Morlaix – Scène de territoire pour le Théâtre
Le 17 novembre 2023 à Amzer Nevez – Scène de territoire, Ploemeur
Visuel : ©Coopérative 326