Il ne fait pas bon chômé en ce premier mardi du mois de novembre au restaurant Drouant, à Paris. En même temps que le prix Goncourt 2025, les prix Renaudot y ont été décernés. Et pour le prix du roman, c’est une gagnante à l’assaut d’un grand classique qui l’a emporté.
C’est un roman en forme d’hommage, que celui d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, dédié à la fameuse héroïne des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas : Milady de Winter. Je voulais vivre, publiée aux éditions Grasset, est épique dans tous les sens du terme. Sans contrefaire l’écriture de son illustre prédécesseur, le livre rend sa profondeur à cette figure prétendument diabolique, à la botte du cardinal Richelieu, en se glissant dans les vides laissés dans le texte de l’écrivain. Un peu de nuance et beaucoup de neuf, force est de constater que la cible est atteinte.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre, pour sa part, n’a que 49 ans, elle est normalienne, directrice de la rédaction de Point de vue, et signe ici son quatrième roman. À noter qu’elle n’en est pas à son coup d’essai, puisque son deuxième roman, Le dernier des nôtres, avait déjà reçu le Grand prix du roman de l’Académie française en 2016. Voilà ce qu’on appelle une vie bien remplie.
Et pour glaner ce titre, elle a dû devancer ses adversaires, les quatre autres finalistes : Le Ciel immense de Fleuret Alani, Finistère d’Anne Berest, L’Amour moderne de Louis-Henri de La Rochefoucauld et Une drôle de peine de Justine Lévy. D’une courte tête, par six voix contre trois seulement, face à Justine Lévy. Les plus sagaces remarqueront qu’il n’en fallait pas plus. Elle succède ainsi à Gaël Faye et Jacaranda, lauréat du prix en 2024.
En bref, plus qu’un très bon roman, dans cette rentrée littéraire marquée par une très forte présence de récits autobiographiques, dédiés, au choix, à maman ou à papa, l’écrivaine nous offre un texte osé et bien senti. Un véritable vent de fraîcheur et tout sauf un coup d’épée dans l’eau.
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